Au CHU de Toulouse, des lunettes 3D pour faciliter les opérations de l'oeil

Le service d'ophtalmologie du CHU de Toulouse peut désormais suivre en trois dimensions les opérations de la rétine. L'établissement a investi 80 000 euros dans des lunettes et écrans 3D. Un dispositif qui permet de limiter la fatigue visuelle des chirurgiens, mais aussi d'améliorer la prise en charge des patients. Reportage.
A l'aide de lunettes 3D, l'ensemble de l'équipe du bloc peut suivre l'intervention.
A l'aide de lunettes 3D, l'ensemble de l'équipe du bloc peut suivre l'intervention. (Crédits : Rémi Benoit)

Dans ce bloc opératoire de l'hôpital Purpan, tout le monde porte des lunettes aux teintes noires. Il ne s'agit pas de lunettes de soleil, mais d'un équipement en 3D. Grâce à elles, l'ensemble de l'équipe médicale peut visualiser l'image 3D de l'intervention projetée sur un écran.

"C'est comme au cinéma, sauf que c'est du live", commente le professeur Soler, responsable de l'unité rétine du service d'ophtalmologie du CHU de Toulouse.

L'établissement a investi 80 000 euros pour s'équiper auprès du fabricant suisse Alcon et depuis l'été 2018, la technologie est utilisée dans le service ophtalmo.

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Le professeur Soler est le responsable de l'unité rétine du service d'ophtalmologie du CHU de Toulouse./ (Crédits : Rémi Benoit).

Pour lancer la visualisation 3D, le microscope est équipé de deux oculaires spécifiques. "L'installation prend 2 à 3 minutes. Nous utilisons cette technologie surtout pour les opérations de la rétine, qui durent généralement entre 20 minutes et 1h30. Nous avons moins le temps de le faire pour une opération de la cataracte d'une durée de 10 minutes", avance le Pr Soler qui enchaîne chaque jour une dizaine d'opérations de l'œil.

Limiter la fatigue visuelle

Ce matin de décembre, le chirurgien opère un cas complexe de cataracte. Sur l'écran, apparaît en grand l'œil du patient. On distingue clairement les moindres faits et gestes du médecin.

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La visualisation 3D permet de distinguer les moindres faits et gestes du chirurgien./ (Crédits : Rémi Benoit)

"L'avantage est que tout le monde au sein du bloc opératoire peut comprendre ce qu'il se passe. Cela représente un intérêt pédagogique. Ensuite dans le système traditionnel, le chirurgien doit se pencher sur son microscope durant toute l'intervention et accommoder ses yeux en permanence entre une vision de près et de loin, cela crée une fatigue visuelle à la fin de la journée. La visualisation 3D permet d'être focalisé uniquement sur une vision de loin. Comme il n'y a pas cette mise au point, l'image ne peut être floue, le rendu est de grande qualité", observe le Pr Soler.

La visualisation de l'intervention sur l'écran 3D évite aussi aux chirurgiens de se tenir en permanence courbés sur le microscope. Beaucoup d'entre eux souffrent en fin de carrière de douleurs articulaires à cause de cette position. "Là, je me surprends à être tête haute, assis normalement dans mon siège", fait remarquer le professeur.

Moins de lumière et de colorants pour le patient

Du côté du patient, la démarche permet de limiter la photo-toxicité, autrement dit l'énergie lumineuse projetée dans l'œil qui peut être délétère pour la rétine. C'est le cas par exemple quand l'œil humain regarde le soleil pendant une éclipse.

"À terme aussi la 3D permettra d'utiliser des filtres numériques pour identifier des structures comme les membranes et de se passer des colorants bleus qu'on injecte au patient aujourd'hui", précise le Pr Soler.

À l'avenir, au sein du CHU, l'utilisation de la visualisation 3D pourrait être étendue à toutes les opérations utilisant un microscope : chirurgie de la main, ORL...

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