Le planétologue toulousain Jean-Loup Bertaux à la recherche de la vie sur les exoplanètes

Directeur de recherches émérite au sein du laboratoire Latmos du CNRS, Jean-Loup Bertaux étudie depuis une cinquantaine d'années les planètes. À l'occasion d'une conférence à Toulouse organisée le 25 septembre dernier par l'Académie de l'air et de l'espace, le scientifique a décrit l'avancée des recherches de la vie sur les exoplanètes.
Jean-Loup Bertaux (CNRS) étudie depuis une cinquantaine d'années les planètes.
Jean-Loup Bertaux (CNRS) étudie depuis une cinquantaine d'années les planètes. (Crédits : Latmos // Youtube)

Jean-Loup Bertaux est né en 1942 à Toulouse au moment où son père était incarcéré dans la prison militaire de la Ville rose pour des faits de résistance sous le Régime de Vichy. Après un passage à Polytechnique, il est entré en 1963 au service d'aéronomie du CNRS, institution qu'il n'a plus quitté depuis puisqu'il y est toujours directeur de recherches émérite au sein du laboratoire Latmos. À l'occasion d'une conférence à Toulouse organisée le 25 septembre dernier par l'Académie de l'air et de l'espace, le scientifique a décrit l'avancée des recherches de la vie sur les exoplanètes.

Dans la littérature, l'existence d'autres planètes que la Terre pouvant abriter la vie est évoquée depuis l'Antiquité. "Le philosophe grec Épicure en 400 avant Jésus-Christ écrit : 'Ce n'est pas seulement le nombre des atomes, c'est celui des mondes qui est infini dans l'Univers. On doit admettre que dans tous les mondes, sans exception, il y a des animaux, des plantes, et tous les êtres que nous observons'", cite Jean-Loup Bertaux.

"Pourtant, il faudra attendre 1995 pour que les astronomes suisses Michel Mayor et Didier Queyloz découvrent la première exoplanète (51 Pegasi b) avec le spectromètre Élodie depuis l'Observatoire de Haute-Provence. Elle est située à 51 années lumière du Soleil", poursuit-il.

De son côté, le scientifique a fait partie de l'équipe Harps qui a découvert en 2016 une terre en zone habitable autour de l'étoile Proxima du Centaure.

Quelle température pour abriter la vie ?

Depuis les années 90 la découverte d'exoplanètes, planètes ayant pour orbite une autre étoile que le Soleil, s'est multipliée. D'après le site Habitable Zone Gallery, on dénombre à ce jour plus de 3 500 exoplanètes. À peine 120 d'entre elles pourraient abriter la vie.

"Pour savoir si une planète est habitable, il faut que l'eau puisse rester à l'état liquide donc la température de la surface doit être comprise entre 0 et 80°C. Cette température dépend de la distance à l'étoile. Si la planète est trop proche de son 'soleil', elle sera trop chaude mais trop froide si elle est trop éloignée. La température dépend aussi de l'effet de serre qui peut réchauffer la surface de la planète et de l'albedo (pouvoir réflecteur)", détaille Jean-Loup Bertaux.

La taille de la planète est également importante, dans l'idéal il faut qu'elle soit entre 1 à 2 fois la Terre.

Analyser les molécules et les signaux technologiques

Pour Jean-Loup Bertaux, afin "de trouver une nouvelle frontière à l'humanité", autrement dit de découvrir une intelligence extra-terrestre (ETI), plusieurs étapes restent à accomplir :

"La première est de réaliser un inventaires exhaustif des exoplanètes par ordre croissant de distance à leur étoile via la méthode des vitesses radiales. L'étape suivante d'ici 2060 sera de rechercher des bio-signatures. Si l'on sait que l'H2O (eau) est requis pour la vie sur Terre, d'autres molécules peuvent donner des présomptions plus ou moins fortes. Beaucoup de O2 (dioxygène) est a priori un signe de vie mais il y a un risque de faux négatif. S'il n'y a pas de dioxygène vous en déduisez qu'il n'y a pas de vie alors qu'en fait si, comme cela a été le cas pour la Terre il y a trois millions d'années."

La dernière étape consistera à détecter des technosignatures par exemple l'émission de lumière artificielle (vue du ciel, on peut distinguer sur la Terre les points lumineux des lampadaires et autres émanations de notre civilisation).

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