L'hôpital de Purpan mise sur la réalité virtuelle pour calmer la douleur

Certains patients de l'Hôpital des Enfants de Toulouse sont désormais traités avec des casques de réalité virtuelle. L'idée, les plonger dans un univers de jeu pour mieux appréhender des soins douloureux et réduire leur anxiété. La technique qui permet de soigner sans utiliser des médicaments ou des anesthésiants a montré ses preuves.
Sofia Eleanor, 8 ans, porte un casque de réalité virtuelle pour réduire le stress des soins médicaux.
Sofia Eleanor, 8 ans, porte un casque de réalité virtuelle pour réduire le stress des soins médicaux. (Crédits : Vanessa Vertus)

- "Ça va, tu as battu beaucoup de monstres? ", demande Patrick Serano, infirmier de l'Hôpital des Enfants de Purpan à Sofia Eleanor, une jeune patiente.

- "Quinze ! ", lui répond la petite fille âgée de huit ans.

Assise sur son lit d'hôpital, un casque sur la tête projetant un jeu vidéo, une télécommande en main pour se guider, Sofia Eleanor joue au train fantôme. Si jeux vidéo et soins médicaux n'ont a priori rien à voir, les deux univers forment désormais un duo à l'Hôpital des Enfants de Purpan. Depuis avril dernier, l'équipe anti-douleurs de cette section du CHU de Toulouse a décidé de faire des casques de réalité virtuelle un allié de choix pour traiter les jeunes patients âgés de 7 à 18 ans. Hospitalisée après la formation d'un kyste dit de l'ouraque, du nom d'un ligament qui va de la vessie à l'ombilic, Sofia Eleanor a été opérée au nombril. Traitée par antibiotiques, elle n'a pas supporté les anesthésiants administrés quotidiennement en forte dose pour pratiquer les soins nécessaires à sa guérison.

"Sofia Eleanor se tordait de douleur à chaque soin effectué. Elle était agacée, énervée. Alors nous avons rencontré un infirmier en psychiatrie et c'est lui qui a contacté le service anti-douleur de l'hôpital", explique Redha, le père de Sofia Elenaor.

Un mauvais souvenir pour la petite fille dont les pansements sont désormais changés en quelques minutes lors de séances de jeu.

"Avant d'utiliser le casque, Sofia Eleanor ingérait un produit deux heures avant le soin pour qu'elle soit dans un état de somnolence et ne comprenne pas trop ce qu'il se passe. Le casque constitue une alternative au médicament. Cette technique repose sur un point central que l'adulte n'a pas forcément : le lâcher prise. Le but est de détourner l'attention de l'enfant, qu'il ne voit pas tout ce qui pourrait lui faire peur comme une seringue ou des ciseaux", explique Patrick Serrano.

Des fonds externes

Utilisé dans des hôpitaux belges et à Rennes, ces casques de réalité virtuelle ont séduit l'équipe de soignants de l'unité "enfant-do", (contraction de enfant-douleur ndlr) du CHU toulousain.

"Cette technique marche chez des enfants qui ont des pathologies bénignes ou plus graves. Nous ne constatons pas d'effets secondaires avec l'utilisation de ces casques contrairement aux médicaments qui par exemple peuvent exciter au lieu de calmer et donc avoir des effets inverses que ceux recherchés. Nous aimerions aussi développer cette méthode pour diminuer les douleurs des enfants hospitalisés en soins palliatifs", avance Cecile Boulanger, pédiatre de l'équipe enfant-do.

Mais si les résultats des casques à réalité virtuelle sont convaincants, leur coût reste un frein important. À Toulouse, l'unité enfant-do dispose pour l'heure de deux casques dont le prix à l'unité est de 2000 euros. Les deux ayant été financés intégralement par des associations. Prochaine étape pour l'unité : mettre au point des jeux spécifiques à la pédiatrie en faisant appel à un développeur. "Cela nous permettrait d'avoir quelque chose qui nous appartiendrait mais le coût est élevé, entre 20 000 et 50 000 euros", note Cécile Boulanger. Si l'unité peut désormais compter sur un financement via l'opération pièces jaunes, elle reste à la recherche de mécènes.

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