Des chercheurs toulousains en mission en Corse pour comprendre la formation des orages

Une équipe de scientifiques toulousains de l'Université Paul-Sabatier et du CNRS va voler pendant un mois au plus près des orages à bord d'un Falcon 20. L'objectif de la mission, baptisée Exaedre, est de mieux comprendre la formation des éclairs afin de mieux les anticiper. L'opération s'étendra sur un mois à partir du 13 septembre autour de la Corse, une des zones les plus orageuses de France.
Une équipe de chercheurs va aller au plus près des orages.
Une équipe de chercheurs va aller au plus près des orages. (Crédits : CNRS)

Voler à bord d'un avion en plein orage, c'est le périlleux défi que s'est lancé une équipe de chercheurs toulousains. Baptisée Exaedre, cette mission pilotée par le CNRS et l'Université Paul-Sabatier, avec le soutien du Cnes et de Météo-France, vise à mieux comprendre la formation et la composition des orages. L'opération se déroulera du 13 septembre au 12 octobre sur l'île de Beauté.

"La Corse est l'une des régions en France avec un maximum d'activité orageuse", justifie Éric Defer, chargé de recherche au CNRS mercredi 5 septembre lors de la présentation de l'expérience. C'est aussi là qu'est installé le réseau de douze stations Saetta. Ce dernier permet de localiser en trois dimensions les éclairs sur un rayon de 200 km en détectant le rayonnement émis par les décharges électriques dans le domaine des fréquences radio.

Un avion pour aller au plus près des orages

Huit vols de trois heures sont prévus à bord d'un Falcon 20 (un avion appartenant à la Safire de l'aéroport de Francazal). À l'intérieur, une équipe de sept personnes composée de trois ingénieurs et un scientifique va littéralement se plonger dans le champ électrique des nuages.

"Le projet vise à améliorer les connaissances des processus microphysiques (les cristaux de glace et les gouttes d'eau), dynamiques (les vents) et électriques (les éclairs), qui conduisent au déclenchement et à la propagation de l'éclair", explique Éric Defer.

"L'appareil sera équipé d'un radar de nuages qui permet d'avoir des informations sur la structure du nuage, détaille le responsable du projet. Des sondes seront également à notre disposition. Elles permettent de faire des photos des cristaux de glace, ce qui permet de savoir à quelle altitude ils ont été formés".

L'avion volera à trois altitudes différentes : là où le champ électrique atteint généralement son seuil maximal (7 km du sol) mais aussi aux altitudes moyennes des zones de charge (5 et 10 km).

90% des éclairs sont invisibles

 Pour justifier la mission Exaedre, Eric Defer explique que :

"L'éclair est le produit final de ce qu'il se passe dans le nuage. Et il y a beaucoup de choses dans le nuage qu'on ne voit pas. Statistiquement, environ 10% des éclairs se connectent au sol, les 90% restants se concentrent dans le nuage et sont invisibles, sauf s'il fait nuit grâce à la lumière."

La mission nécessite un investissement de quatre à cinq millions d'euros et mobilise un consortium de 14 laboratoires et entreprises. Une trentaine de personnes va travailler sur le projet, dont quatre à temps plein. Sans compter les étudiants de l'École nationale de météorologie.

Une des applications les plus concrètes de l'opération Exaedre concerne les prévisions météorologiques.

"Il est plus compliqué de prévoir les orages que les perturbations parce que ce sont des phénomènes météorologiques très peu étendus, de l'ordre d'une dizaine de kilomètres. Les prévisions sur les orages sont impactées par de nombreux paramètres, comme par exemple les zones de relief", explique Olivier Caumont, chercheur au Centre national de météorologie à Toulouse.

Selon lui, "pour améliorer la prévision des orages, nous avons besoin de connaître l'état actuel de l'atmosphère le plus précisément possible". Il souligne qu'à l'heure actuelle, "il y a très peu d'observations sur les mers et océans" et que "les radars ont une portée limitée, de l'ordre de 200 kilomètres".

L'amélioration attendue des prévisions n'est pas pour tout de suite selon le chercheur puisque les premiers résultats de la mission seront connus d'ici un à deux ans et il faudra encore analyser toutes ces données.

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