Le 8 mars 2014, le vol MH370 de la Malaysia Airlines reliant Kuala Lumpur à Pékin disparaissait des écrans radar. Depuis, l'avion n'a jamais été retrouvé ni les 239 passagers à son bord. "Pour qu'on ne perde plus jamais d'avion, de nouvelles balises permettront de localiser rapidement un appareil en détresse avec une fréquence de transmission assez rapide, à savoir toutes les minutes. Ces systèmes seront autonomes pour qu'on puisse retrouver l'avion quelles que soient les conditions", assure Philippe Plantin de Hugues, chargé de mission coopération internationale au sein du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). L'expert participait la semaine dernière à une réunion dans les locaux toulousains de Thales pour finaliser de nouvelles normes internationales en matière de détection d'un engin en détresse. Tirant les leçons de l'avion disparu du vol MH370, la norme GADSS va imposer dès 2021 que tous les avions sortant des chaînes d'assemblage soient équipés d'une balise autonome.
Détecter un avion en détresse avant le crash
À Toulouse, le groupe Thales et la PME Elta travaillent ensemble pour développer ce type de balise nouvelle génération.
"Notre balise autonome a la capacité de détecter un avion en détresse (par exemple en cas de vitesse inusuelle ou d'altitude différente par rapport au plan de vol, ndlr) et de déclencher une alerte sans intervention humaine. Si quelqu'un entre dans le cockpit et déconnecte les instruments de navigation, cela n'impactera pas son déclenchement , décrit Michel Monnerat, responsable des avants-projets de navigation de Thales Aliena Space.
Par ailleurs, jusqu'à présent, ce signal ne pouvait être émis que sur choc donc après le crash. La grande révolution est qu'on peut désormais déclencher l'alerte en vol, ce qui peut permettre de sauver des vies. Elle sera reçue par le système satellitaire Galileo puis relayée vers une station au sol ce qui va permettre de localiser l'engin et d'envoyer en cas de problème les secours."
Ce système permet une localisation beaucoup plus fine. "Lors des premiers tests que nous avons réalisé il y a quelques semaines sur un Falcon à Francazal et sur un ATR 42 en Afrique, nous avons atteint une précision de 100 mètres alors que les balises actuellement en service interviennent avec quelques heures de latence et donnent une localisation à 5 km près", ajoute-t-il. Une meilleure localisation qui pourrait aussi fortement réduire les coûts de sauvetage. "Quand vous avez une précision à 5 km lors d'un crash d'avion, vous devez mobiliser un hélicoptère qui quadrille la zone pendant des heures et cela coûte très cher en kérosène", note Michel Monnerat.
Le projet baptisé Gricas fait l'objet d'une collaboration entre Elta, le Cnes et Thales, dans le cadre du programme européen Horizon 2020. Thales se charge de développer à Toulouse la station au sol française qui va recevoir et analyser les signaux envoyés par les futures balises. Ces dernières sont conçues par la PME toulousaine Elta (qui fait partie du groupe Eca) spécialisée dans les balises de détresse.
Les premières balises pour les avions devraient être commercialisées d'ici la fin de l'année. Mais Michel Monnerat estime que ces engins "pourraient bientôt équiper des bateaux voire des balises individuelles pour les randonneurs".
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