"Une nouvelle page de l'histoire spatiale française débute à Toulouse", a déclaré de manière solennelle Jean-Yves Le Gall, président du Cnes, à l'occasion, le 18 mai 2017, du lancement dans la Ville rose du programme du démonstrateur nanosatellite Angels.
"Ce nanosatellite de 25 kg va rassembler le meilleur des mondes du cubesat et du microsat. Nous voulons en faire un produit pertinent, sur un marché en construction, pour en faire un accès à l'espace peu coûteux et fiable, avec les fonctionnalités d'un gros satellite", décrit Nicolas Multan, directeur commercial des systèmes spatiaux chez Nexeya, l'un des développeurs du projet.
Contrairement aux projets de satellites précédents, le Cnes n'a pas passé de commande publique cette fois-ci. Mais il s'est associé à un consortium industriel français dans un partenariat de financement public-privé à parts égales.
"Dans ce projet Angels d'un montant de 9,4 M€, 50 % sont financés par le Cnes, et les 50 % restant par Nexeya et ses partenaires que sont CS, Erems, Menaco-ID, SAFT, Spacebell et Steel", ajoute Nicolas Multan.
Développer une filière industrielle française de nanosatellites
Cette collaboration "moderne et équilibrée", d'après Philippe Gautier, PDG de Nexeya, doit permettre la mise en orbite à la fin de l'année 2019 de ce qui sera le premier nanosatellite français.
L'officialisation de cette association d'acteurs est vue par Jean-Yves Le Gall comme la naissance de la filière française des nanosatellites à Toulouse. "Nous voulons soutenir l'émergence de cette filière industrielle et la structurer. Une volonté déjà illustrée par le lancement du Club Nano en 2016, qui fédère les acteurs industriels et académiques du secteur", prévient le président du Cnes.
D'autant plus que l'enjeu est de taille pour l'aérospatial français selon l'ancienne ministre de la Recherche et de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, présente à cet événement. "Le marché des nanosatellites est estimée à 800 millions d'euros par an dans les dix années qui viennent", selon elle, qui avait remis au Premier ministre Manuel Valls un rapport sur la filière française de l'aérospatial en juillet 2016. Pour conquérir ce marché, "nous espérons vendre d'ici à 2023 une centaine de nanosatellites par an, dont 75 % à l'étranger", projette Philippe Gautier.
En plus des missions d'intérêts scientifique et de défense, le PDG de Nexeya, qui emploie 450 personnes à Toulouse, vise les Gafam, autrement dit les géants du web (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), comme clients potentiels. Ainsi, la France veut endosser le rôle d'acteur majeur de l'espace de demain.
Une mise en orbite pour la mission Argos
Le développement de ce démonstrateur Angels, qui officialise les ambitions françaises dans ce secteur, entre dans le cadre de la mission Argos débutée en 1979. Ce système est un outil spatial d'étude de la Terre et de sa faune pour mieux la protéger grâce à la collecte d'informations. Les données, qui proviennent de près de 20 000 balises dans le monde, sont réceptionnées par six satellites, avant d'atterrir à Toulouse, l'un des deux centres de traitements globaux des données.
La conception de la charge utile d'Angels, autrement dit l'outil de collecte des données, a été confiée, après un appel d'offres émis par le Cnes, à la société Thales Alenia Space. "A la fin de l'année 2018, nous devons fournir au Cnes ce demi-cube de 2,5 kg, qui assurera le fonctionnement de la collecte des données, le cœur de la mission", précise Philippe Blatt, vice-président de l'entreprise, qui fait travailler huit personnes sur le projet.
"Ce démonstrateur Angels va permettre la continuité du service Argos, seul système au monde consacré à la collecte d'informations pour la protection de l'environnement", conclut Jean-Yves Le Gall.
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