Un FabSpace pour encourager les startups toulousaines des données spatiales

Toulouse vient d'inaugurer l'un des six FabSpace européens. Initié par l'Université Paul-Sabatier et le pôle de compétitivité Aerospace Valley, ce lieu d'innovation dédié aux données d'observation de la Terre doit faciliter l'émergence de startups dans le domaine des applications spatiales.
Le FabSpace toulousain fait partie d'un réseau européen d'universités crée en mars 2016 qui compte cinq autres lieux d'innovation en Grèce, en Italie, en Pologne et en Allemagne.

Température des océans du globe, emplacement des zones agricoles autour de Toulouse, état du trafic en temps réel à Bordeaux... Toutes ces données fournies par les satellites sont déjà disponibles en libre accès. Depuis 2008 et la directive européenne Inspire, les collectivités ont l'obligation de rendre public leurs données géographiques. Le programme européen Copernicus fournit également des images gratuites en haute résolution de la Terre. Cet essor de l'open data pourrait accélérer le développement de nouveaux services aux citoyens à partir des données d'observation de la Terre. Mais, pour le moment, le marché européen des applications spatiales reste peu développé.

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Six FabSpaces dans cinq pays européens

Pour y remédier, l'Université Paul-Sabatier et le pôle de compétitivité Aerospace Valley ont ouvert le 2 février un FabSpace hébergé au sein du "Catalyseur", le tiers-lieu du campus de Rangueil. Ce lieu d'innovation sera, comme son nom l'indique, dédié aux données d'observation de la Terre avec pour objectif de faciliter l'émergence de startups dans le domaine des applications spatiales. Le FabSpace toulousain fait partie d'un réseau européen d'universités créé en mars 2016, qui compte cinq autres lieux d'innovation en Grèce, Belgique, Italie, Pologne et Allemagne. Les six FabSpace ont décroché une subvention européenne de 3 millions d'euros dans le cadre du programme Horizon 2020.

Le FabSpace de Toulouse doit accueillir aussi bien les étudiants de l'université que des entrepreneurs et des chercheurs. L'animateur du lieu assurera des permanences pour répondre aux questions et créer du lien entre les différentes structures. La startup Terranis met de son côté à disposition une plateforme qui condense les données spatiales publiques issues de plusieurs sources d'information.

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"Il existe aujourd'hui 20 000 jeux de données disponibles en Europe et une multitude de plateformes d'open data. Depuis le site du FabSpace, l'utilisateur retrouve un catalogue de données dans différentes thématiques : agriculture, tourisme, transports, social. Il peut ensuite superposer comme des filtres les différentes données sélectionnées", explique Guillaume Rieu, ingénieur chez Terranis. Démonstration en direct : il est possible ainsi d'afficher sur une même carte le trafic routier de la métropole de Bordeaux et les pistes cyclables disponibles.

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La carte affiche l'état du trafic routier à 18h30 sur la métropole de Bordeaux. Les traits fins rouges représentent les pistes cyclables (Capture d'écran).

À Toulouse, d'autres données sont déjà disponibles : emplacement des bornes Wifi, des stations de VéloToulouse, des zones agricoles, des aménagements du Canal du Midi...

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La plateforme permet d'afficher sur la carte plusieurs séries de données : pistes cyclables, zones agricoles... (Capture d'écran).

Airbus Defence and Space et Médecins sans frontières intéressés

"Nous comptons sur la jeunesse pour apporter de nouvelles idées dans l'exploitation des données spatiales et démocratiser l'accès à ces sources d'information", explique Agnès Paillard, la présidente d'Aerospace Valley. Réciproquement, citoyens, associations et collectivités pourront solliciter le FabSpace pour répondre à leurs problématiques sous la forme d'un challenge.

"Plusieurs ONG comme Médecins sans frontières nous ont déjà approché, avance Josiane Mothe, responsable du projet. Ce qui les intéresse, par exemple, est d'arriver à comptabiliser la population sur certaines zones instables. Il existe déjà des outils de recensement mais ces derniers ne prennent pas encore en compte des variables telles que le type d'habitat ou la saisonnalité."

Elle souligne par ailleurs que le FabSpace sera utilisé dans le cadre de la formation des futurs professeurs pour qu'ils se saisissent de ces outils d'open data. "C'est une manière aussi de préparer les étudiants aux métiers de demain", commente Jean-Pierre Vinel, le président de l'université Paul-Sabatier.

Côté entreprises, les poids lourds régionaux devraient soutenir le projet. "Airbus Defence and Space devrait donner accès à des images payantes fournies par ses satellites. L'entreprise a un intérêt commercial dans l'émergence de nouvelles applications mais aussi en termes de recrutement pour attirer de nouveaux talents en son sein", précise Philippe Lattes, directeur de la section espace d'Aerospace Valley, mis à disposition par Airbus Defence and Space.

Pour lui, "avec l'ouverture des données spatiales, nous sommes à l'aube d'une révolution similaire à celle qu'on a connu avec le GPS. La technologie GPS a été lancée par les États-Unis dans les années 80 mais elle restait un marché de niche, réservée à une utilisation professionnelle. L'arrivée du smartphone en 2007 a marqué une rupture avec une explosion de services liés au GPS à l'image d'Uber dont nous n'aurions pas eu idée." Surtout, insiste-t-il, "il faut tout mettre en œuvre pour que le Uber du spatial puisse naître à Toulouse plutôt qu'à Dubaï ou en Inde. Toulouse a une avance historique en matière de spatial grâce à des infrastructures performantes. Mais, dans le domaine des applications spatiales, peu de matériel est nécessaire et Toulouse n'a plus cette avance."

Le FabSpace escompte l'émergence de 10 startups chaque année dans le domaine des données spatiales et espère, à l'horizon 2019, ouvrir de nouveaux lieux d'innovation en France et en Europe.

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