Pourquoi simuler une mission sur Mars dans le désert de l'Utah

En février, un équipage d'étudiants toulousains de l'Isae-Supaero a simulé une mission sur Mars. Pendant 15 jours, ils ont vécu dans une station de recherche isolée dans le désert de l'Utah aux États-Unis. L'occasion de réaliser de nombreuses expériences et de participer à la préparation d'une véritable mission sur Mars à l'horizon 2030. Témoignage.
Le désert de l'Utah, un lieu idéal pour simuler une mission sur mars.

C'est un rêve de gamin qu'Arthur Lillo a touché du doigt en mars dernier. Sélectionné un an plus tôt pour intégrer un équipage composé d'étudiants et de diplômés de l'école d'ingénieurs aéronautiques Isae-Supaero, il a participé en février dernier à une simulation de vie martienne. Pendant 15 jours, avec cinq camarades, il a vécu en autonomie dans la Mars Desert Research Station, une installation construite dans le désert de l'Utah aux États-Unis.

"Il n'y avait personne à 40 km à la ronde. Le sable du désert de l'Utah est très rouge. Les paysages sont arides. Cela ressemble un peu à Mars, raconte l'apprenti marsionaute. Quand on a refermé le sas et que la simulation a commencé, c'est l'air frais qui nous a manqué en premier. On ne pouvait sortir sans scaphandre. Il fallait se mettre dans une situation où ouvrir une fenêtre pouvait tuer."

Construite en 2001 par la Mars Society, une association qui milite pour l'exploration martienne, la station dispose d'une tour cylindrique contenant un laboratoire au rez-de-chaussée et une zone de vie à l'étage. À proximité, un observatoire astronomique et une serre complètent l'installation principale.

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Préparer un voyage sur Mars

Continuellement occupée par différents équipages internationaux, la station permet de simuler une mission sur Mars et de réaliser des expériences dont les résultat sont transmis à la Nasa et à l'Esa.

"L'objectif est de tester des technologies et de réaliser des expériences dans les conditions de travail d'une mission martienne. Cela nous permet de faire ressortir des problèmes difficiles à imaginer sans cette mise en situation", explique Arthur Lillo.

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L'équipage au travail dans le laboratoire de la station © Isae-Supaero.

Sous le commandement de Mohammad Iranmanesh et de son second Mehdi Scoubeau, deux étudiants belges de l'Isae-Supaero qui ont déjà effectué un séjour dans l'Utah en 2014, l'équipage a réalisé plusieurs expériences :

  • Tester des lunettes à réalité augmentée pour afficher des procédures et prendre des photos pendant les sorties en scaphandre.
  • Mesurer la corrélation entre l'attention et le rythme cardiaque pour déterminer la concentration des futurs explorateurs pendant leurs missions.
  • Faire des prélèvements géologiques pour savoir si des non-spécialistes peuvent réaliser des prélèvements pouvant être étudiés ensuite par des géologues sur Terre.
  • Piloter le rover disponible dans la station et accompagner les sorties des marsionautes.

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Exercice de prélèvement géologique © Isae-Supaero.

Grâce à une imprimante 3D, l'équipage a pu réaliser quelques réparations sur un filtre à air et sur les scaphandres. Une débrouillardise appréciée par la Mars Society, selon Arthur Lillo. Désigné astronome de bord, l'étudiant de 21 ans devait mener une expérience d'astrophotographie mais, faute d'adaptateurs adéquats, l'équipage a dû se contenter de simples observations.

"Le ciel, complètement dépourvu de pollution lumineuse, m'a beaucoup marqué, sourit Arthur Lillo. Je n'avais jamais vu autant d'étoiles. Cela nous a d'ailleurs rappelé que nous étions sur Terre car nous pouvions observer Mars."

Qui envoyer sur la planète Rouge ?

À terme, toutes ces missions permettront sans doute de déterminer le meilleur profil des explorateurs de la planète Rouge. "Faut-il envoyer des scientifiques qui suivent les procédures ou des aventuriers qui prendront des risques pour aller plus loin que ce que l'on imagine ?", s'interroge Arthur Lillo.

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Aventurier ou scientifique, qui explorera Mars ? © Isae-Supaero.

Avec ses collègues, lui-même a gouté aux risques d'une telle mission. "Nous avons trop pris confiance la première semaine et cela nous a fait prendre des risques. L'un de nous est sorti trop longtemps. Il serait mort asphyxié en conditions réelles, reconnaît l'étudiant. Après cela, nous avons suivi scrupuleusement le protocole."

Un petit incident de parcours qui a donné lieu à un débat au sein de l'équipage. "C'est le seul moment où cela a été un peu houleux, se rappelle Arthur Lillo. À part cela, la mission a été une réussite, y compris sur le plan psychologique. Tout s'est bien passé entre nous."

Un nouveau départ

Les aliments lyophilisés et la promiscuité de la station cylindrique n'ont pas découragé l'équipage qui envisage déjà d'y repartir l'an prochain. La nouvelle mission pourrait durer trois semaines cette fois-ci.

"Depuis tout petit, l'espace me passionne, s'enthousiasme Arthur Lillo. Ce projet était l'occasion de mettre un pied dedans. 2030 est un horizon crédible pour la véritable exploration de Mars. Aller là-bas ou sur la Lune, c'est l'un de mes rêves."

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