Plongée au cœur de la maison intelligente de Blagnac

Blagnac a été la première ville de France en 2010 à ouvrir une maison intelligente alliant chercheurs et industriels pour tester en situation réelle des innovations techniques favorisant le maintien à domicile des personnes fragiles. Les scientifiques recueillent actuellement les impressions des 150 retraités face à ces nouveaux outils domotiques. Visite guidée en images.

De l'extérieur, rien ne laisse présager que ce bâtiment de 80 m2 installé à quelques mètres de l'IUT Blagnac accueille la fine fleur des innovations technologiques en matière de silver économie. Pourtant, à l'intérieur, tout y est : le salon avec TV, canapé et livres sur les étagères, la cuisine remplie de café dans les placards, la chambre, la salle de bain et les toilettes. Avec une différence notable, les meubles sont bourrés de capteurs et d'objets connectés.

Inaugurée en 2010, cette maison intelligente a été la première du genre en France à s'intéresser au maintien à domicile des populations fragiles (personnes âgées ou handicapées). La plateforme est le fruit d'une collaboration entre l'IUT, l'Université Jean-Jaurès, la startup de domotique Domocenter et la municipalité de Blagnac. Sur le modèle d'un pôle de compétitivité, elle permet à la fois aux industriels et aux chercheurs d'y réaliser des tests en situation réelle. Le Laas-CNRS expérimente, par exemple, auprès de volontaires, l'usage de semelles connectées. De son côté, l'assureur AG2R La Mondiale a lancé une étude portant sur 150 Blagnacais âgés de 60 à 90 ans.

maison intelligente

               La maison intelligente de Blagnac vue de l'extérieur (Crédit : Rémi Benoit).

Le protocole d'expérimentation est simple : les volontaires sont invités à venir visiter la maison pendant une heure et demie. Au programme : un questionnaire préalable pour connaître leur état de santé et recueillir leur éventuels besoins, une visite guidée de la maison pendant une quinzaine de minutes et un entretien post-visite pour rassembler leurs impressions et préférences face à aux différents équipements présentés.

Chercheur au Laas-CNRS et responsable de la maison intelligente, Éric Campo nous fait la visite. Pour actionner l'ouverture de la porte automatique, il faut scanner un badge. "Si vous êtes en fauteuil roulant, vous scannez le lecteur installé en position basse et, automatiquement, l'évier de la cuisine et le lit descendent à hauteur de fauteuil", explique-t-il. À l'intérieur de la maison, la plupart des équipements sont fournis par des sociétés toulousaines qui peuvent ainsi expérimenter en situation réelle leurs innovations. Les badges sont confectionnés par la startup toulousaine Adveez. "Nous aimerions bientôt passer au bouton connecté qui permet sans contact de déclencher l'ouverture", avance Éric Campo. Les meubles ajustables sont eux fournis par Cap handi (société toulousaine spécialisée dans l'équipement à destination des personnes à mobilité réduite, NDRL). "Ces équipements ne sont pas commercialisées en magasin auprès du grand public. Or, avoir un évier ajustable peut convenir aussi aux personnes de petite taille, aux enfants. De la même manière, la femme de ménage peut préférer avoir un lit plus en hauteur pour lui faciliter le travail", poursuit Éric Campo.

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La salle de bain de la maison intelligente (Crédits : Rémi Benoit).

Le test en situation réelle permet donc de découvrir de nouveaux usages aux capteurs. L'autre intérêt de la maison intelligente est de pouvoir comparer des technologies différentes. La plateforme est équipée de détecteurs de chute de marques et de formes différentes (montre, bouton...), et diverses options sont proposées pour la commande générale des équipements de la maison :

"Pour allumer la lumière ou ouvrir les volets, les visiteurs ont par exemple le choix entre la commande vocale ('ouvre les volets'), un pilotage via une tablette ou via une dalle tactile incrustée. Il est également possible de faire des gestes : lever un bras pour allumer la lumière, lever les deux bras pour l'éteindre", décrit le chercheur.

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Éric Campo devant la dalle tactile (Crédits : Rémi Benoit).

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Depuis la tablette, il est possible de commander différents équipements de la maison (Crédits : Rémi Benoit).

Quels sont les systèmes préférés des seniors ? Les chercheurs rendront les résultats de leur étude d'ici à la fin de l'année. "Il est trop tôt pour tirer des conclusions, mais chacun y trouve un intérêt différent. Certaines personnes âgées privilégient la salle de bains adaptée, d'autres s'intéressent aux équipements dans la cuisine. Cela dépend aussi de l'état de santé et des difficultés personnelles de chacun", expliquent-ils.

Les résultats de l'étude seront utilisés par l'assureur AG2R La Mondiale pour proposer des offres habitat avec de nouveaux services à destination des seniors. Les données permettront aussi de dessiner des modèles d'habitat correspondant aux besoins des personnes fragiles.

Cette année doit commencer la construction d'un îlot autonomie doté de 80 logements dans le quartier Andromède de Blagnac. Les logements disposeront de cloisons amovibles pour s'ajuster aux différents profils de résidents et un living lab sera implanté au cœur de l'îlot pour montrer aux habitants les possibilités offertes par les différents capteurs.

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