Bientôt des drones au-dessus de la Garonne

L'entreprise toulousaine M3 Systems étudie la possibilité de transporter par drones des colis sanitaires entre les hôpitaux de Purpan et de Rangueil en empruntant la Garonne. Outre ce projet, appelé Drone H, M3 Systems dirige le projet européen Mistrale. Ce dernier vise à détecter les zones humides en utilisant les signaux satellites de Galileo.
À quand des drones au-dessus de la Garonne ?

Les cormorans et les goélands ne seront peut-être bientôt plus les seuls à évoluer au-dessus des eaux de la Garonne. Dans quelques années, des drones pourraient survoler le lit du fleuve pour transporter des colis à travers la ville.

Dans un premier temps, ces drones pourraient transporter des poches de sang entre les CHU de Purpan et de Rangueil. Récemment, les hôpitaux toulousains ont sollicité le pôle de compétitivité Aeropace Valley pour monter un projet allant en ce sens : Drone H. Ce dernier s'est tourné vers M3 Systems pour le porter, en raison de ses compétences dans les systèmes de navigation et dans le contrôle du trafic aérien.

 "À l'heure actuelle, les échanges de poches de sang entre les CHU prennent beaucoup de temps par la route, explique Marc Pollina, le président de M3 Systems. L'idée est de garantir un délai de livraison en faisant voler des drones avec des charges de 2 kilogrammes au-dessus de la Garonne. Cela limiterait les risques liés au survol des zones habitées. C'est un vol de 20 à 30 minutes tout à fait faisable par des drones électriques à voilure tournante (type hélicoptère)."

Le projet Drone H ne manque pas d'ambition. "Nous voudrions mettre en place un système automatisé accepté par la DGAC (Direction générale de l'aviation civile), imagine Marc Pollina. C'est assez compliqué car il faut garantir un haut niveau de sécurité et de qualité avec une fréquence d'utilisation par jour élevée. "

Et de rêver :

"De nombreuses villes sont traversées par des fleuves. Ils pourraient devenir la voie de circulation pour les drones. À terme, ce projet peut prouver que l'on peut transporter des colis en milieu urbain, ce qui peut ouvrir de nombreux marchés".

Tout juste naissant, Drone H est dans la phase des premières discussions. Le consortium est en cours de constitution. Une demande de financement devrait être déposée au FUI (fonds unique interministériel) début 2016.

 Un Mistrale pour observer les eaux

Également porté par M3 Systems mais sur un tout autre sujet, le projet Mistrale est plus avancé que Drone H. L'entreprise toulousaine a en effet remporté l'appel d'offres du GSA (Galileo Supervisory Authorithy) en 2014 qui lui a confié ce projet européen d'observation de la terre de 2,3 millions d'euros, regroupant l'Énac, Starlab (Espagne), L'Avion Jaune (Montpellier), le labo du CNRS GET (Geoscience environnement Toulouse) et Aerovision (Pays-Bas).

"L'objet du projet est d'utiliser les signaux GNSS émis par les satellites Galileo et réfléchis par la Terre, explique Marc Pollina. Le drone les reçoit, compare leur puissance et en déduit la composition du sol, notamment son humidité."

drone

Prouvé par des laboratoires, cette technique demande à être mise en pratique pour vérifier sa précision et son utilisabilité. "Les premières mesures faites cet été à Narbonne montrent clairement la différence entre zone humide et zone sèche, assure Marc Pollina. Cela prouve que nous pourrions suivre l'évolution du niveau de l'eau lors d'une inondation par exemple."

 À la différence de la détection vidéo, le système GNSS n'est pas handicapé par le manque de visibilité liée à la nuit ou à de mauvaises conditions météorologiques. En outre, son utilisation via un drone en ferait un outil moins coûteux qu'un survol par hélicoptère.

Drone Boreal

                        Drone Boréal utilisé pour les mesures. © DR.

Ce projet, unique en Europe, bénéficie d'une double conjonction favorable : la multiplication des signaux grâce au déploiement de la constellation Galileo et le "foisonnement" actuel dans le domaine des drones. "Tout converge, se félicite Marc Pollina. Je suis sûr que c'est techniquement possible dans 3 ans et que cela pourra être utilisé à l'horizon 2020."

Seule limite au déploiement : la législation, qui devra évoluer pour voir Mistrale, ou Drone H, s'envoler. L'EASA (Agence européenne de sécurité aérienne) étudie la possibilité de créer des règles communes en Europe pour "l'utilisation opérationnelles des drones en Europe". Présentée en fin d'année à la Commission Européenne, cette proposition pourrait changer la donne.

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