Toulouse décroche l'IRT AESE : les réactions

Le dossier toulousain d'Institut de recherche technologique Aéronautique espace et systèmes embarqués (IRT AESE) fait partie des six IRT retenus au plan national au titre des Investissements d'avenir. Une décision annoncée officiellement cet après-midi au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche. Jean-Marc Thomas, président du Comité d'orientations stratégique de l'IRT, évoque ce succès et détaille le rôle du futur Institut. Responsables du projet, élus... les réactions sont enthousiastes.

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, et le Commissariat général aux investissements de René Ricol viennent d'annoncer la liste des IRT retenus. Toulouse en fait partie. Vous l'attendiez ?
28 dossiers avaient été déposés à l'issue de l'appel à manifestations d'intérêt, mais seulement 12 retenus pour le grand oral. On nous avait dit que le dossier écrit se tenait bien, puis que l'oral s'était bien passé... On espérait.

Qu'est-ce qui a fait pencher la balance en faveur de Toulouse ?
C'est la récompense d'une mobilisation exemplaire des acteurs industriels petits et gros, académiques... C'est aussi le fruit d'un long travail, qui a réunit plus de 200 experts et nécessité une vision globale sur dix ans. Enfin, il y a à Toulouse et en Midi-Pyrénées une légitimité territoriale forte : les mots aéronautique, espace et systèmes embarqués ont ici une résonnance forte.

Une enveloppe de l'État de 400 M€ était espérée. Est-ce le cas ?
Nous n'avons pas encore le montant exact qui nous sera accordé. Mais la dotation globale pour les six IRT sera de deux milliards d'euros. La répartition ne se fera toutefois pas à parts égales. Notre projet est doté d'une grande ambition. Les industriels amèneront une partie de l'investissement (142 M€) et se sont engagé à orienter une partie de leurs flux de recherche vers l'IRT (400 M€ sur 10 ans)

Que va permettre l'IRT AESE ?
Il vise principalement la création de plateformes technologiques dans 4 domaines technologiques stratégiques : les technologies aérothermodynamiques, l'énergie embarquée, les nano et microtechnologies, les structures et matériaux innovants. Nous devrions démarrer avec une dizaine de plateformes, qui permettront d'accélérer et de mutualiser les efforts de recherche entre les entreprises et les laboratoires publics (entre 300 et 600 chercheurs pourraient intervenir sur les projets, NDLR).

Avez-vous chiffré les créations d'emplois liées ?
Non. L'IRT aura certes besoin d'une équipe dédiée, mais avant tout la création d'emplois sera la conséquence directe des travaux de recherche qui seront menés. Il faut le voir comme un raccourci vers l'industrialisation.

Maintenant que le gouvernement a validé la candidature toulousaine, que va-t-il se passer ?
Il reste beaucoup à faire. D'un côté, l'IRT doit être doté de ses propres locaux (11 000 m2 + 2000 m2 de pépinières d'entreprise) situés sur le site de Montaudran Aerospace à Toulouse, à proximité du futur Espace Clément Ader. Parallèlement, il va falloir créer une fondation de coopération scientifique avec un conseil d'administration, et dont l'IRT, devenue société anonyme, sera une filiale à 100%. Par ailleurs, il faudra contractualiser les contrats de recherche, accueillir les fonds de l'État...

L'implantation d'une équipe de 200 chercheurs du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a été évoquée si Toulouse décrochait l'IRT. Qu'en est-il ?
Cela reste d'actualité. Notre dossier comportait d'ailleurs une lettre de soutien du CEA. Par ailleurs, des synergies peuvent être envisagées autour du thème des composites avec l'IRT de Nantes.

Propos recueillis par Mikaël Lozano


LES RÉACTIONS

André Benhamou, président de Tompasse, a estimé que « l'IRT est une chance pour la région Midi-Pyrénées. Quand le monde académique et l'industrie élaborent des projets communs, on est plus fort. »

Gilbert Casamatta, président du PRES Université de Toulouse, s'est dit « ravi. On le mérite, on avait un super dossier, très pertinent. Toulouse bénéficie d'une image forte où la recherche se transforme en avancées économiques. »

Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental régional, évoque "une reconnaissance internationale pour Toulouse. (...) Les moyens financiers nouveaux complétant la politique des pôles doivent nous obliger à travailler à l'organisation d'un écosystème de la connaissance, de la recherche, de l'innovation et du transfert de technologie pour préparer l'économie et les hommes aux emplois de demain. C'est un saut qualitatif déterminant pour Toulouse et la Région Midi-Pyrénées. Le CESER félicite les acteurs qui ont porté ces projets et va continuer d'agir pour la reconnaissance d'un Institut national de gérontologie sur les sciences du vieillissement et de la prévention de la dépendance. »

Pierre Cohen, président du Grand Toulouse : « Cela prouve une fois encore que Toulouse fait désormais partie des métropoles françaises avec qui il faut compter, toujours au rendez-vous des investissements de l'avenir grâce à son savoir-faire et à son excellence. Je sais que nous avons raison de miser sur nos chercheurs, sur nos jeunes et sur les disciplines d'avenir pour faire de Toulouse une ville de la connaissance, une ville créative. »

Henri-Michel Comet, préfet de Midi-Pyrénées : « Cet Institut répondra aux attentes des secteurs de l'aéronautique, de l'espace et des systèmes embarqués, pour faire face aux défis économiques et technologiques des prochaines décennies dans un contexte
mondial extrêmement compétitif. L'excellence de Toulouse et de la région Midi-Pyrénées dans ces domaines se verra ainsi confortée. »

Alain Di Crescenzo, président de la CCI de Toulouse, se « réjouit de cette annonce qui vient confirmer une nouvelle fois le rayonnement de Midi-Pyrénées dans les secteurs de l'Aéronautique, du Spatial et des Systèmes Embarqués. Cette heureuse nouvelle est un véritable levier pour la dynamique d'innovation régionale, déjà fortement ancrée dans notre territoire. Midi-Pyrénées est en effet en tête des régions françaises en termes de dépenses R&D (4,1% de son PIB en 2010). (...) L'objectif est de renforcer notre stratégie de conquête industrielle, et d'améliorer notre compétitivité aux travers de projets structurants : le tissu de PME-PMI devrait ainsi bénéficier de retombées directes en termes d'activités. »

Didier Gardinal, président de la Chambre de commerce et d'industrie régionale : « La CCI de Région a cru depuis le début à ce projet qui doit générer 1,2 milliard d'euros d'investissement publics privés sur dix ans, nécessaires pour maintenir et accroître la compétitivité des entreprises midi-pyrénéennes. Ce projet d'IRT sera de nature à tisser des liens forts et durables entre la métropole toulousaine, les territoires, la recherche, la formation et les entreprises. »

Pierre Izard, président du Conseil général de Haute-Garonne : « Le choix de Toulouse dans le cadre des investissements d'avenir du Grand Emprunt n'est que justice au regard de tout le potentiel que représente pour notre pays l'expérience locale en matière d'aéronautique, espace et systèmes embarqués. Tout ce qui peut développer ces secteurs porteurs d'innovation doit plus que jamais continuer de mobiliser le savoir-faire maintes fois reconnu de nos universitaires et ingénieurs dans des recherches qui déjà aujourd'hui constituent des clés pour demain. »

Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, a réagi en début d'après-midi : « Toulouse compte parmi les 6 dossiers d'IRT retenus, pour son excellence dans les domaine de l'aéronautique, de l'espace et des systèmes embarqués. Je félicite les équipes et entreprises de Midi-Pyrénées qui ont reçu cette reconnaissance nationale. Elle témoigne de l'important rassemblement en Midi-Pyrénées, à travers le PRES, des forces de l'enseignement supérieur et de recherche, industrielles et des collectivités locales sur ces thématiques. Cet IRT conforte les efforts développés par la Région Midi-Pyrénées depuis plus de 10 ans, notamment dans le cadre du Plan Ader en faveur de l'aéronautique. Ces efforts seront renouvelés par le Plan de soutien au secteur aéronautique que je présenterai à l'Assemblée plénière du Conseil régional lors de sa séance du 19 mai prochain. Dans le cadre de ce nouveau Plan, la Région participera au financement de l'IRT, comme elle s'y était engagée. »

En savoir plus :


- Piloté par un conseil d'orientations stratégique présidé par Jean-Marc Thomas (EADS Senior VP Research&Innovation, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley), le dossier d'IRT AESE a été porté conjointement par le Pôle de recherche et d'enseignement supérieur Université de Toulouse présidé par Gilbert Casamatta, et par l'association d'industriels Tompasse menée par André Benhamou.

- Les autres IRT sélectionnés sont localisés à Nantes, Grenoble, Metz, Lille et Lyon. L'annonce officielle a eu lieu ce lundi 9 mai devant une centaine de personnes au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche en présence de la ministre Valérie Pécresse, de Christine Lagarde, ministre de l'Économie, d'Éric Besson, ministre chargé de l'Industrie, de Christian Streiff, président du jury international, et de René Ricol, Commissaire général à l'investissement. Les Toulousains porteurs du projet (Jean-Marc Thomas et l'équipe-projet, le PRES Université de Toulouse, l'association Tompasse) ont eu deux minutes pour présenter leur dossier. Des industriels régionaux comme Christian Desmoulins, président du directoire d'Actia Group, avaient fait le déplacement.

- L'IRT AESE espère déposer entre 25 et 30 brevets chaque année. Son budget est estimé à 1 milliard d'euros sur dix ans. La dotation de l'État se répartira ainsi : un quart de l'enveloppe sera consomptible, les trois-quarts non consomptibles. Les négociations entre les IRT et l'État vont maintenant commencer avant que la dotation de chacun soit arrêtée.

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