Forum Smart City : la métropole nouvelle génération se construit à Toulouse

Imaginer Toulouse en ville numérique du futur, tel était le pari du premier Forum Smart City Toulouse ce mercredi 16 décembre. Organisé par La Tribune et Objectif News, en partenariat avec Toulouse Métropole, l'événement a eu lieu aux Espaces Vanel. Outre le discours d'ouverture de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, trois tables rondes ont permis de se pencher sur les solutions pour bâtir une ville plus intelligente, au cours de la matinée.
Lior Krengel

Toulouse construit sa Smart City. Ce mercredi 16 décembre, les acteurs scientifiques, économiques et institutionnels étaient réunis à Toulouse pour la première édition du Forum Smart City, organisée par La Tribune et Objectif News, en partenariat avec Toulouse Métropole. Pendant toute la journée, les Espaces Vanel se sont métamorphosés en terrain de prospection pour construire la ville du futur. Trois tables rondes étaient ainsi programmées le matin.

Quels modèles pour la ville intelligente ?

Tel Aviv, Stockholm, Barcelone, Mexico, Singapour... et bientôt Toulouse ? "Aucune définition de smart city n'émerge de façon consensuelle, prévient d'emblée Francis Pisani, écrivain, expert TIC et journaliste pour La Tribune. Living City, Sustainable City, Ville connectée, Ville sage... je relève déjà une multiplicité de termes, de définitions et de modèles... En revanche, nous sommes confrontés à quatre bouleversements importants : une urbanisation massive - à l'image de l'Inde dont l'urbanisation équivaut à la construction d'une ville comme Chicago par an - une révolution technologique, un défi climatique et un déplacement du centre du monde vers l'Asie, notamment." Pour Hubert Lalanne, Responsable technique IBM, pour l'Europe, des solutions Smarter Cities/Smarter Infrastructures, l'apport des TIC (Technologies de l'information et de la communication) est central dans la ville intelligente. "Cette intelligence doit se matérialiser sous la forme de données numériques sur lesquelles on peut capitaliser, explique-t-il. S'ensuit un nécessaire décloisonnement entre les acteurs et une implication plus grande des citoyens."

Ce dernier impératif est relayé par Lior Krengel, responsable de The Library Tel Aviv, un espace de travail collaboratif pour l'entrepreneuriat et l'innovation géré par la Young Adults Units de la municipalité de Tel Aviv-Yafo. The Library accompagne les débuts des start-up technologiques. "Pour développer la smart city, la participation des citoyens est nécessaire dans la prise des décisions", souligne-t-elle. "Car la ville intelligente n'est pas un logiciel ou un jeu vidéo, c'est un lieu de vie", insiste Carlos Moreno, professeur des Universités et président du Comité scientifique du Forum international de la Smart City Humaine Live in a living City. "J'ai connu l'époque où nous étions assujettis aux services de la ville, rappelle Mustapha Derras, directeur des technologies, de la recherche et de l'innovation de Berger-Levrault. Demain, nous allons inverser ce flux ! Les services viendront à nous et je déciderai du moment où je souhaite inscrire mon enfant à la base de loisirs. L'intelligence n'est pas dans les technologies mais dans l'usage que nous en faisons."

Informer davantage les citoyens, favoriser la mobilité dans les transports urbains... "Il faut toujours partir des usages mais attention au risque d'exclusion, met en garde Albert Asséraf, directeur général Stratégie, études et marketing France chez JC Decaux. On parle beaucoup d'initiatives de part et d'autre mais le modèle idéal n'est pas construit. La compétition pour devenir smart city commence entre les villes, c'est maintenant qu'il faut prendre position !" Autre écueil à éviter dans la ville du futur, les émissions de CO2... La moitié de la population mondiale vit actuellement dans les villes. Et en 2050, la proportion pourrait atteindre les 70 %. Avec des conséquences directes. En l'espace de vingt ans, entre 1990 et 2010, les émissions de CO2 ont augmenté de 45 %, principalement à cause de la croissance urbaine, puisque les villes génèrent plus des trois quarts de ces pollutions. "La ville intelligente doit répondre aux défis climatiques", prévient Helge Jensen, ingénieur en chef auprès de l'Agence de l'environnement urbain de la Ville d'Oslo

Ville connectée : quelles opportunités pour les entreprises et pour l'emploi ?

La ville connectée peut également profiter aux acteurs économiques présents sur le territoire où elle est implantée. "C'est une opportunité formidable pour le développement économique car tous les secteurs sont concernés, débute Maud Franca, directrice adjointe en charge du numérique à la Mission du Programme des Investissements d'Avenir à la Caisse des dépôts et Consignations. Et Toulouse ne part pas de rien ! La ville intelligente incite à l'optimisation de la consommation de l'eau et de l'électricité, à l'optimisation des transports..." L'objectif est de trouver des solutions avec le numérique ! "Il est une solution pour répondre aux enjeux de la ville du futur", assure quant à lui Benjamin Böhle-Roitelet, fondateur d'Ekito, accélérateur privé toulousain de start-up. De nouvelles filières sont amenées à se développer sur des marchés qui n'en sont aujourd'hui qu'à leurs balbutiements. Et de nouveaux métiers, liés notamment à la gestion des données et aux objets connectés, sont en train de se structurer.

Dans ces nouveaux écosystèmes, les start-up pourraient jouer un rôle central, aux côtés des grands acteurs positionnés sur les différents marchés de la smart city. C'est le pari de Bertrand Serp, président d'Open Data France et vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'Économie numérique et robotique : "Notre ambition est d'encourager la participation des start-up sur le territoire afin qu'elles créent les emplois de demain et se développent à l'international." De son côté, Hervé Schlosser, vice-président de la TIC Valley, groupement d'entreprises innovantes et de start-up en création à Labège, oriente son cluster vers les objets connectés. "Il y a beaucoup d'attente aujourd'hui autour des objets connectés", prévient-il. Dans la révolution du numérique, le géant Airbus peut aussi trouver sa place. "Nous sommes déjà une ville dans la ville, s'amuse Didier Katzenmayer, directeur aux affaires industrielles d'Airbus Operations SAS. Le premier site industriel d'Europe est à Toulouse et provoque de façon régulière des embouteillages sur le périphérique. La question des transports est donc une préoccupation forte pour nous." Outre la Smart mobility, "le numérique est pour nous un vecteur essentiel pour demeurer référent dans l'aéronautique. Il y a de belles compétences dans le numérique à mettre en avant. C'est une filière d'avenir pour le territoire. Quand on regarde Sigfox, il rayonne à l'international avec un business plan pertinent. La smart city peut être le projet fédérateur qui donnera de la perspective à notre société."

Énergie, réseaux télécoms et data : les bases de la ville durable

Le développement des "smart grids" (réseaux électriques intelligents) est en marche et répond à de nouvelle problématiques : développement de la mobilité électrique, intégration de toutes les sources d'énergies, nécessité de faire des économies, optimiser le fonctionnement des réseaux par les nouvelles technologies... Selon Thomas Le Beux, directeur des Marchés innovants pour Veolia Eau, "la smart city sera une réussite si elle simplifie la vie des citoyens et qu'elle est source d'économie pour l'usager." Pour Gilles Capy, directeur interrégional d'ERDF Sud-Ouest et membre du comité exécutif, son réseau électrique "est déjà intelligent car il assure la continuité et la sécurité de la distribution 24h sur 24h et 7 jours sur 7. Le distingo heure creuse et heure pleine existe depuis un moment... Pour autant, nous poursuivons nos efforts afin d'accueillir de petits producteurs, bien que sources d'aléas pour notre réseau. Quant au projet Sogrid, il permet de transmettre et de recevoir des informations grâce à des capteurs qui scrutent en temps réel le réseau." De son côté, Thierry Grangetas, directeur clients territoire Sud-Ouest de GRDF, prône le "mix énergétique et l'optimisation des interconnexions".

L'interconnexion des réseaux mène à la problématique de la multiplication des données. En matière de données publiques, l'Open Data (ouverture des données) est la démarche qui consiste à considérer la donnée comme un bien commun et qui favorise sa diffusion, dans l'intérêt général. "Si Toulouse n'est pas un cas isolé sur ce point, elle est en avance", indique Xavier Patier, Directeur général des services de la Ville de Toulouse. A titre d'exemple, en termes de téléchargement, l'orthophotoplan est le plus utilisé. "Cela ne coûte pas cher mais le citoyen peut ainsi s'approprier la ville. L'ouverture des données publiques est une réinvention de la démocratie. Je fais également confiance aux start-up pour en sortir des œuvres d'art économiques." Mais Toulouse doit aussi s'inspirer de ce qui se passe ailleurs, "il ne faut pas oublier de regarder à l'international, nous ne sommes pas les meilleurs partout", souligne Thomas Nicholls, responsable marketing et communication chez Sigfox. Conclusion, "l'enjeu est de construire à Toulouse une véritable filière dans le big data", estime Daniel Benchimol, fondateur du groupe Eurogiciel et président du cluster DigitalPlace.

Un intermède a eu lieu avec l'approche Innovative talk de Jean-Marc Prunet, président de Myfox, présentant son projet innovant en 10 minutes. Tandis que la matinée s'est conclue par une intervention de Bertrand Serp, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'Economie numérique et robotique et président d'Open Data France.

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