Une jeune designeuse tarnaise recycle des cheveux pour en faire des vêtements

Camille Routélous a réussi à créer des vêtements et accessoires à base de cheveux recyclés et de laine. Dans une démarche écologique et locale, la jeune designeuse récupère des cheveux normalement destinés à l'incinérateur. Afin de financer son projet, la Tarnaise a lancé une campagne de crowdfunding.
Camille Routélous associe des cheveux recyclés et de la laine pour en faire des vêtements.
Camille Routélous associe des cheveux recyclés et de la laine pour en faire des vêtements. (Crédits : Camille Routélous)

Et si les cheveux, habituellement incinérés, étaient recyclés dans le but de concevoir des vêtements écologiques ? C'est l'idée qu'a eu une jeune femme de 25 ans, Camille Routélous. Chaque année, ce sont 3.000 à 4.000 tonnes de cheveux qui sont ramassées sur le sol des salons de coiffure.

Consternée de savoir que des milliers de tonnes de cheveux sont détruites chaque année, la Tarnaise a décidé de se lancer un défi : récupérer ces cheveux dans des salons de coiffure et les recycler afin de concevoir des vêtements et accessoires. Pour le moment, elle propose une gamme de bonnets, des ponchos et des capes. Les prix des textiles vont de 40 euros pour un bonnet jusqu'à 155 euros pour les ponchos. Diplômée des Beaux-Arts de Toulouse, Camille Routélous a mené près de sept années de R&D avant de lancer son projet, Versus.

"C'est un projet passion. J'ai toujours été sensible à l'écologie et je ne comprenais pas qu'on puisse jeter autant de cheveux. L'industrie du vêtement est une industrie polluante", commente Camille Routélous, à l'initiative de ce projet Versus.

Sensible à l'avenir de la planète, la designeuse de formation souhaite limiter la pollution engendrée par l'industrie textile et proposer une alternative à l'industrie "ultra-polluante" de la "mode fast-fashion".

Limiter la pollution

Après plusieurs années à travailler sur la matière des cheveux, cette ancienne étudiante de l'Institut supérieur des arts et du design a développé ses connaissances sur le sujet. Elle est parvenue à mieux comprendre les caractéristiques techniques de cette matière naturelle avec son aspect biodégradable, isolant ou encore respirant. Au cours de son cursus d'études, elle a eu l'occasion de développer plusieurs projets autour du cheveu comme par exemple travailler sur la garniture d'un fauteuil. Elle a également participé à la construction d'une cabane en feutre de cheveux.

"Il est vrai que les cheveux sont déjà récupérés pour en faire des perruques ou des engrais naturels. Cependant, cette utilisation reste marginale au regard des milliers de tonnes qui sont ramassées chaque année sur le sol des salons de coiffure. À la fin de mes études, j'ai eu envie de développer un textile, de faire évoluer le regard sur cette matière naturelle, considérée comme un déchet, qui part à l'incinérateur", explique la designeuse.

C'est alors que cette idée de créer des vêtements, ponchos et accessoires a germé.

Valoriser le savoir-faire local

En 2020, elle se lance dans la conception du fil, en partenariat avec des ingénieurs de l'Association régionale d'écoconstruction du Sud-Ouest (ARESO). Initialement, elle souhaitait réaliser un fil composé à 100 % en cheveux. Pour une résistance plus importante, Camille Routélous y a associé de la laine et une matière "kératinique" pour structurer le tout. Pour la conception des vêtements, la jeune femme travaille uniquement avec des partenaires de proximité. Ainsi, elle fait appel à des professionnels du tissage et du tricotage situés dans le Tarn et à la filature de Dreuilhe installée en Ariège.

Pour ce qui est de la matière première, plus de 70 salons de coiffure (en Haute-Garonne et dans le Tarn) collaborent avec la jeune designeuse en lui offrant la matière première. Ensuite, elle se charge de les trier et les nettoyer pour en faire des vêtements. En tout, autour d'elle, c'est une dizaine de personnes qui travaillent la matière cheveu pour concevoir ses produits.

"Tout est fait dans un rayon de 80 km autour de Toulouse. L'un des enjeux était de valoriser le savoir-faire local, d'accompagner et d'être accompagné par l'écosystème local qui existe autour du textile", indique la créatrice du projet Versus.

Afin de poursuivre son activité et se faire connaître sa marque, la porteuse de projet a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme HelloAsso. La jeune femme a pu récupérer plusieurs milliers d'euros qui vont l'aider à se développer et lui permettre de créer son site internet. Camille Routélous espère pouvoir se diversifier dans le futur avec l'idée de travailler dans le domaine des isolants pour l'habitat.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.