
Face à l'urgence climatique, les micro-forêts urbaines poussent comme des champignons. Plus qu'une simple plantation d'arbres ornementaux, les forêts miniatures sont une manière de créer un véritable écosystème, d'améliorer la biodiversité en zone urbaine, d'absorber le CO2 et de réduire les concentrations de particules fines. En plus d'agir pour la planète, elles participent à la création d'îlots de fraîcheur, de zones d'ombre et à la réduction de la température des villes. Elles servent également de barrière végétale anti-bruit en bordure de route, améliorent la qualité de vie et la santé des citoyens dans les villes. Elles apportent ainsi de nombreux bénéfices environnementaux et sociaux, voire économiques.
Fondée en 2020 à Toulouse, Oui Forêts est spécialisée dans la plantation en milieu urbain de micro-forêts. Son objectif, à travers son service destiné aux particuliers, aux institutions et aux professionnels, est de reverdir les villes, d'améliorer la qualité de l'air et le cadre de vie en région urbaine. Elle veut permettre à tous d'agir à son niveau et de participer à relever les défis écologiques actuels.
Absorbe trente fois plus de carbone qu'une forêt classique
L'entreprise toulousaine s'appuie sur la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki. Cette démarche novatrice se démarque grâce à un mode de plantation volontairement dense. En effet, avec en moyenne près de trois arbres plantés au m2, la micro-forêt atteint sa taille adulte en 20 ans contre près de 200 ans habituellement. La croissance est ainsi dix fois plus rapide qu'une forêt classique. Entièrement autonome, la forêt Miyawaki ne nécessite ni entretien ni arrosage. Elle recrée des écosystèmes forestiers en zone urbaine tout favorisant la biodiversité. Moins onéreuse, elle apporte ainsi plus de résultats, plus vite.
« Le premier principe de la méthode Miyawaki n'est de planter que des essences locales qui sont adaptées au lieu. On prépare le sol en amont avant d'y apporter une grande diversité de plantes, d'arbres, de buissons, etc. Plus une forêt est diversifiée, plus il va y avoir de micro-organismes de champignons qui vont booster la santé des plants. Le but d'avoir quelque chose de riche, de résilient et qui va permettre à une biodiversité plus importante de se réimplanter. La biodiversité sera beaucoup plus importante que lorsqu'une mairie plante un arbre qui fait déjà quatre mètres de long », explique Adrien Calu, fondateur de Oui Forêts.
La méthode Miyawaki permet, en deux trois ans et sans entretien, de transformer un terrain nu, sec et inesthétique en une forêt urbaine dense. Un espace vivant de fraîcheur et d'ombre et apportant une valorisation financière, environnementale et sociale. Ainsi, les forêts miniatures reposant sur ce principe absorbent trente fois plus de carbone qu'une forêt classique. De plus, en été, elles sont huit degrés plus fraîches qu'une place bétonnée. « Localement, une micro-forêt peut aussi être un filtre à particules fines. Présentes dans l'air en ville, elles sont balayées par le vent et déposées sur les feuilles ou les troncs des arbres. Lorsqu'il va pleuvoir, elles vont tomber au sol de la micro-forêt qui va les absorber », ajoute le chef d'entreprise.
« Les prix ne sont pas exponentiels »
La jeune pousse s'adresse : aux particuliers détenant un jardin non-aménagé, aux collectivités souhaitant « débétonner » les villes, les squares ou les cours des écoles, aux promoteurs immobiliers voulant inclure des forêts urbaines aux constructions, aux entreprises qui détiennent des un espace vert classique peu ou mal exploité, souvent « sans vie et avec un service rendu à la biodiversité proche de zéro » et aux copropriétés qui veulent valoriser leurs terrains sans avoir à payer de frais de jardinage et d'entretien.
« Nous créons un service de bout en bout. Avant une plantation, nous évaluons le terrain, sa qualité, le type de sol auquel nous avons affaire, les possibles contraintes environnementales, la présence d'un réseau qui passe en sous-sol, etc. Ensuite, nous choisissons des essences adaptées à la zone concernée avant de planter dans un sol qui aura été préparé et enrichit en amont avec du compost, du fumier pour avoir une croissance qui soit la plus importante possible. Pendant cette étape, nous essayons de créer un événement participatif avec les salariés, les écoliers, les riverains, etc. Enfin, nous accompagnons le porteur du projet pendant les deux à trois premières années de vie de la micro-forêt pour suivre son développement et intervenir au cas où. »
Le prix du service de Oui Forêts est fixé selon la dimension du terrain ainsi que des essences plantées. Par exemple, pour une micro-forêt de 100 m2, le tarif est situé entre 4.000 et 7.000 euros. « Les prix ne sont pas exponentiels. Une micro-forêt de 1.000 m2 va coûter aux alentours de 20.000 à 25.000 euros », assure Adrien Calu. À ce jour, son entreprise a installé une dizaine de forêts miniatures en zones urbaines, auprès de professionnels et de collectivités, dans la région toulousaine, à Rennes, à Strasbourg, Toulon et Chambéry. La jeune société intervient dans l'ensemble de la France.
Installer cinq micro-forêts par an dans le sud-ouest
À l'heure actuelle, la startup emploie deux personnes qui réalisent la totalité des projets, sans faire appel à des prestataires. Oui Forêts souhaite trouver un rythme de croisière lui permettant d'être rentable « sans trop grossir ». Dans ce sens, elle pourrait limiter sa zone d'action au sud-ouest de la France dans le futur de façon à ne pas avoir une forte empreinte carbone. Idéalement, la société souhaite installer cinq micro-forêts par an, sachant qu'elle ne dispose que d'une courte période de plantation qui s'étend que de novembre à janvier.
« Ce n'est pas à travers ces plantations que l'on va changer le monde ou enrayer le réchauffement climatique. Mais ce sont des petites actions locales sensibilisantes qui participent à leur échelle. Ce qui m'anime, c'est d'agir pour l'environnement et le climat. J'ai envie d'aller beaucoup plus loin et l'urgence actuelle implique d'aller beaucoup plus loin que ça. Créer cette entreprise est une façon de le faire. Mon objectif à travers elle, est de sensibiliser autour de moi. Beaucoup ne perçoivent pas l'urgence du moment. Plus ils s'en apercevront tard, plus c'est dangereux. Pas pour la planète, car elle nous survivra, mais pour l'homme qui sera amené à disparaître s'il ne bascule pas dans l'action », alerte Adrien Calu.
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