À Toulouse, comment des radiateurs numériques révolutionnent le logement social

Près de Toulouse, la résidence Les Sables a été réhabilitée avec une innovation écologique et solidaire : des radiateurs numériques qui font office de data-centers. Ces radiateurs assurent des calculs informatiques pour le compte d’entreprises et utilisent la chaleur dégagée pour chauffer gratuitement les logements. Les locataires bénéficient ainsi d’une économie moyenne de plusieurs centaines d'euros sur leur facture énergétique.
Les performances énergétiques des radiateurs numériques permettent un effacement de 47% du besoin énergétique des bâtiments.
Les performances énergétiques des radiateurs numériques permettent un effacement de 47% du besoin énergétique des bâtiments. (Crédits : Qarnot Computing)

Se chauffer « gratuitement » sans payer d'électricité, tout en participant à la transition énergétique et à la solidarité sociale, c'est désormais à la portée des habitants de la résidence Les Sables à Launaguet (Haute-Garonne). Ses occupants y bénéficient désormais d'un chauffage numérique. Autrement dit, les radiateurs assurent des calculs informatiques pour le compte d'entreprises et la chaleur dégagée est utilisée pour chauffer gratuitement les logements.

Le chauffage payé par les entreprises

Ces radiateurs numériques d'une taille modeste et d'une quarantaine de kilos sont créés à partir d'un alliage de bois et d'aluminium. Ils sont fournis par la société Qarnot qui propose une solution alternative aux data-centers traditionnels. Initialement, les serveurs informatiques sont concentrés dans des bâtiments climatisés, qui consomment beaucoup d'énergie car ces équipements rejettent énormément de chaleur. L'idée ici est donc de répartir cette chaleur fatale dans des lieux importants tel que des logements sociaux, des bureaux ou encore des bâtiments publics. Les entreprises qui utilisent ces calculs informatiques reversent alors aux locataires une partie des économies réalisées sur leur facture énergétique, reversant par année, 293 euros en moyenne. Après plus d'un an d'utilisation, 65% des 59 logements de la résidence ont demandé l'installation des radiateurs numériques ce qui correspond à une consommation globale de 68 MWH.

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Caroline vit depuis une dizaine d'années dans la résidence. Depuis l'installation des chauffages numériques, elle a remarqué une économie de 90 euros par mois avec un chauffage réglé à 19°C.

 « Chaque radiateur est relié au compteur et a un tracé spécifique, toutes les données sont propres à chaque radiateur », témoigne l'habitante qui est par ailleurs satisfaite par le confort thermique procuré par le nouveau type de chauffage : « Je sens vraiment une différence, c'est une chaleur différente d'un radiateur électrique, qui couvre plus la pièce. »

Dans le cadre de la rénovation de la résidence Les Sables, les locataires n'ont pas eu à débourser un centime pour s'équiper de ces nouveaux radiateurs. Malgré tout, certains habitants craignent que cette nouvelle innovation apporte son lot de problèmes.

« Nous avons eu des craintes de la part de certaines personnes âgées vis-à-vis des microprocesseurs présents dans le radiateur. Il y a une peur d'être entouré d'ondes ou encore d'être espionné », constate Pauline Dussol, responsable réhabilitation chez Garonne Développement.

Une réhabilitation coûteuse

De son côté, le groupe Les Chalets défend que ces radiateurs sont « sans ondes et non intrusifs ». Pour le fournisseur Qarnot, ses radiateurs posent tout de même un couac : ils ne permettent de chauffer que pendant l'hiver, mettant alors les data-centers en pause pendant les autres saisons. Un des objectifs de l'entreprise est donc de commercialiser des chaudières numériques, fonctionnant grâce à la même technologie, et qui pourraient fonctionner toute l'année.

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Pour cette installation de radiateurs numériques, un investissement de 150.000 euros, soit 2.542 euros par logement a été nécessaire. Le projet a été mené dans le cadre du dispositif NoWatt de la région Occitanie, pour lequel le bailleur a obtenu une subvention de plus d'un million d'euros. De son côté, la métropole a versé une subvention de 88.000 euros sur le projet. « Cette innovation est le fruit d'un partenariat entre le privé et le public qui nous permet de co-construire une ville durable. Ces réussites, qui allient l'environnement et le numérique, sont des outils permettant de faire des économies et d'augmenter le pouvoir d'achat », témoigne Bertrand Serp, vice-président de Toulouse Métropole, chargé de la transition digitale. L'objectif de la réhabilitation est d'améliorer l'empreinte environnementale tout en réduisant la consommation énergétique des bâtiments qui date de 1991 dans cette résidence.

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Commentaire 1
à écrit le 23/03/2023 à 11:06
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Et l'été ? Ils arrêtent les calculs ou on génère une surchauffe du logement ?

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