Une péniche à hydrogène, développée en Occitanie, opérationnelle en 2024 ?

Une société toulousaine et un groupe de partenaires techniques travaillent sur le développement d'un bateau à hydrogène. Destiné au fret fluvial, ce dernier pourrait apparaître lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Côté financier, des acteurs locaux devraient participer au projet estimé à deux millions d'euros environ.
À Toulouse, un bateau à hydrogène à destination du fret fluvial est développé et espéré pour 2024.
À Toulouse, un bateau à hydrogène à destination du fret fluvial est développé et espéré pour 2024. (Crédits : L'Équipage)

Après la voiture, le train, l'avion et le bus à hydrogène, place désormais à la péniche à hydrogène. Sur la petite poignée de projets développés en France sur le sujet, l'un d'eux prend forme au coeur de la région Occitanie. Porté par la société de fret fluvial L'Équipage, basée à Ramonville-Saint-Agnes, celui-ci consiste en la conception d'un bateau propulsé par un moteur électrique, lui-même alimenté par une pile à combustible fonctionnant grâce à l'hydrogène.

Lire aussiSafra s'associe à Plastic Omnium pour ses bus à hydrogène

"La particularité de ce bateau sera son gabarit. Il sera conçu avec le gabarit Freycinet, soit 39 mètres de long et 5,05 mètres de large. C'est une norme qui a été instaurée en Europe à la fin du XIXème siècle pour harmoniser le réseau fluvial européen et faire des écluses de la même taille. Ce bateau qui sera aux dimensions intermédiaires pourra circuler dans toute l'Europe, sauf sur le Canal du Midi qui n'est pas adaptée à cette dimension", présente Samuel Jean-Marc, le dirigeant de la société L'Équipage et porteur de ce projet nommé HyBarge.

Selon le porteur de projet, sur les 6.700 kilomètres de réseau fluvial en France, 60% seraient adaptés à ce gabarit dit Freycinet. Mais in fine, une fois le démonstrateur et son système de propulsion à hydrogène au point, l'idée est de développer des bateaux avec des gabarits différents pour répondre aux multiples besoins du monde fluvial et les diverses contraintes du réseau.

La cérémonie d'ouverture des JO de Paris en vitrine ?

Le développement de ce démonstrateur de bateau à hydrogène a débuté en 2019 pour Samuel Jean-Marc. La même année, l'entrepreneur toulousain a pu compter sur l'obtention d'une subvention supérieure à 100.000 euros de Voies Navigables de France (VNF) et l'Ademe au titre du Pami, le plan d'aide à la modernisation et à l'innovation. "Ce soutien important nous a permis de lancer le financement des études de conception", précise celui qui est aussi président de l'association Agir pour le fluvial.

Trois ans plus tard, les travaux ont bien avancé et les premières maquettes numériques du bateau ont vu le jour. Aussi avancée que la maquette, la liste des partenaires techniques s'est allongée. Helion Hydrogen Power (filiale d'Alstom sur l'hydrogène), le fabriquant de bateaux hybrides Barillec, la société H2 Team qui accompagne le projet HyBarge sur la gestion des risques, le producteur d'énergies renouvelables Qair, Nexeya sur la question des réservoirs à hydrogène et un architecte naval de Concarneau (Finistère), Hubert Reymond.

 "Désormais, nous avons entamé les démarches auprès des chantiers navals pour avoir des devis et la spécificité est que nous cherchons des chantiers qui travaillent l'acier. Nous en avons contacté trois, en région Paca et sur la façade Atlantique. Nous sommes dans l'attente de leurs retours", commente Samuel Jean-Marc.

Si tout se passe comme prévu pour le projet HyBarge, la première péniche à hydrogène toulousaine pourrait sortir des ateliers dès 2024 et naviguer sur la Seine à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris.

Un coût de développement chiffré à deux millions d'euros

Une première expérimentation envisageable après un arrêté de l'État français en 2019. Si le transport fluvial est soumis à des normes européennes, aucune de celles-ci n'évoquent l'usage de l'hydrogène comme carburant et surtout elles autorisent seulement le diesel comme tel. L'arrêté français permet de déroger à ces normes si un trajet régulier est connu et fait l'objet d'une autorisation préfectorale, ce qui permet l'innovation. Côté usage, le transport fluvial retrouve des couleurs avec la multiplication des expérimentations du côté de Toulouse, Strasbourg ou encore Lyon grâce aux nombreuses cases qu'il cochent sur le plan environnemental.

Lire aussiLe fret sur le Canal du Midi, déjà une réalité. Reportage

"Avec le projet HyBarge, le bateau aura une capacité de charges de 300 tonnes ! On a oublié le potentiel de ce mode de transport au fil des décennies et aujourd'hui on parle à nouveau de report modal, d'écologie et d'empreinte carbone réduite voire inexistante. Il faut réinvestir dans le réseau fluvial pour relancer le transport fluvial. Nous manquons de bateaux et des axes du réseau français ne sont pas entretenus comme ils le devraient", demande le porteur du projet HyBarge.

Pour le moment, ce projet est incarné à travers la société L'Équipage qui, avec le transport de marchandises par voies fluviales, lui apporte la trésorerie nécessaire au développement de la péniche à hydrogène. Mais la volonté de Samuel Jean-Marc est de créer rapidement une société de projet avec un partenaire industriel pour envisager l'avenir et une construction en séries. Côté financement, cette future société a fait l'objet d'une lettre d'intention d'investissement de la part de l'Agence régionale énergie-climat (Arec) du conseil régional d'Occitanie et le porteur de projet discute avec Wiseed pour opérer une levée de fonds via du financement participatif. La construction de son premier bateau à hydrogène est estimé aux alentours de deux millions d'euros.

Lire aussiFinancement participatif : la plateforme WiSEED lance une filiale dédiée à l'économie verte

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.