Exclusif. L'institut 3IA à Toulouse, Aniti, va faire émerger sa première startup

EXCLUSIF. L'institut 3IA Aniti, qui rassemble les forces industrielles et académiques de Toulouse dédiées à l'intelligence artificielle, va créer dans les prochains mois sa première startup grâce à un brevet développé en interne, selon des informations de La Tribune. Cette technologie permettrait une grande avancée dans la compréhension des prises de décision des systèmes d'intelligence artificielle. Une bonne nouvelle qui arrive quelques semaines après l'évaluation à mi-parcours d'Aniti par un jury international. Les détails.
L'institut interdisciplinaire d'intelligence artificielle Aniti, à Toulouse, va créer sa première startup grâce à l'un de ses brevets.
L'institut interdisciplinaire d'intelligence artificielle Aniti, à Toulouse, va créer sa première startup grâce à l'un de ses brevets. (Crédits : Université de Toulouse)

Trois années après sa création à Toulouse, l'institut interdisciplinaire d'intelligence artificielle Aniti vient d'officialiser en interne la création d'une première startup suite à ses travaux. Pour mémoire, cet institut, comme il en existe aussi à Paris, Grenoble et Nice, a vu le jour en 2019 comme ses homologues pour créer un réseau de recherche et d'excellence autour de l'IA en rassemblant les tissus académiques, industriels et scientifiques des territoires concernés.

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Ainsi, ces trois "parties" de l'institut 3IA de l'établissement de Toulouse, Aniti, ont acté lors d'un comité de pilotage, lundi 12 septembre, le déclenchement d'une phase de maturation pour sa première startup selon des informations de La Tribune. Cette jeune pousse va émerger suite au dépôt d'un brevet qui a pour auteurs le chercheur Joao Marques-Sibra et l'ingénieur Riccardo Passos.

"C'est un algorithme qui permet d'obtenir des explications minimales sur des décisions prises par des système de machine Learning, qui sont aujourd'hui de véritables boîtes noires. Aujourd'hui, il est très difficile d'établir sur quels critères précis une intelligence artificielle de ce type prend telle ou telle décision quand elle a des arbitrages à faire. L'algorithme développé dans le cadre de ce brevet permet de répondre à ces interrogations. Nous sommes confiants car il y a un bon potentiel et c'est une technologie qui pourrait intéresser beaucoup d'entreprises", confirme Nicolas Viallet, le directeur des opérations d'Aniti.

nicolas viallet aniti

Nicolas Viallet est le COO de l'institut 3IA Aniti à Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).

Ce brevet est issu de plusieurs collaborations industriels-chercheurs, au niveau toulousain, qui font l'essence même de ces quatre établissements uniques en France. Désormais, pendant les prochains mois, "tout l'enjeu va être de transformer ce brevet en un produit commercialisable", précise Nicolas Viallet. Pour ce faire, les équipes d'Aniti vont mener, au cours de cette phase de maturation, de multiples développements logiciels et surtout des analyses économiques et des études de marché, avant de donner naissance officiellement à cette future startup.

Un second projet de startup, du nom d'Aminéo, serait également dans les cartons d'Aniti. Avec ces travaux, les chercheurs de l'institut sont parvenus à se doter de techniques hybrides pour réaliser du design de protéines. Le savoir-faire autour de ces molécules pourrait représenter un intérêt dans les domaines de la santé et de l'environnement.

Une évaluation de mi-parcours au vert

Et l'institut 3IA de Toulouse, qui concentre ses travaux sur les transports, l'industrie 4.0, la santé et l'environnement, ne pourra être freiné dans son élan pour fonder d'autres entreprises. Comme prévu, le jury international, qui a retenu le projet toulousain au départ pour en faire un institut, a procédé à une évaluation de mi-parcours de l'activité et du fonctionnement d'Anti. Un bilan à mi-parcours plus que positif à en croire les dires de certains, l'évaluation n'étant pas rendue publique.

"Le jury a préconisé de continuer Aniti et de maintenir ses subventions jusqu'en 2024. Aniti a été bien évalué et c'est justifié. Il y a eu beaucoup de publications scientifiques de prestiges grâce à ses travaux. Par ailleurs, il y a eu de belles collaborations industrielles, notamment avec Thales ou encore Airbus", commente Philippe Raimbault, le président de l'université fédérale de Toulouse, qui va prochainement quitter son poste après la réorganisation du tissu universitaire local.

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En plus d'attirer des chercheurs de renommée internationale sur l'intelligence artificielle comme César Hidalgo, l'institut Aniti a noué au total une trentaine de collaborations différentes avec des industriels de Toulouse et sa région comme avec Vitesco sur l'industrie 4.0. Une performance qui a permis d'obtenir des fonds européens sur certains projets coopératifs pour lesquels la communication est plus que restreinte.

"Nous sommes en train d'identifier d'autres collaborations industrielles pour aller plus loin. Mais un des éléments positifs de cette coopération est qu'une banque/bibliothèque d'algorithmes a été créée et les partenaires privés peuvent piocher dedans en fonction de leurs besoins", souligne Philippe Raimbault.

Que va faire l'État ?

Au-delà de l'enjeu scientifique, ces collaborations avec les entreprises représentent un enjeu économique. Aniti a obtenu des promesses d'investissements et de subventions à hauteur de 18 millions d'euros de la part de ces acteurs privés. L'État, via le Programme d'investissements d'Avenir (PIA 3), a également apporté un total de 18 millions d'euros, tout comme les établissements qui composent l'université fédérale de Toulouse, sans oublier le conseil régional d'Occitanie qui apporte six millions d'euros par an.

"Tout récemment, nous venons aussi d'obtenir un nouvel apport de 5,2 millions d'euros, via un appel à projets, pour augmenter le nombre de formation autour de l'intelligence artificielle, à Toulouse. Jusqu'à présent, c'est davantage la recherche qui était financé par les subventions et pas trop la formation. L'État a pris conscience de cela... Néanmoins, nous avions l'objectif de doubler les personnes formées chaque année à l'intelligence artificielle sur le territoire et nous l'avons déjà atteint", se réjouit le futur ancien président de l'université fédérale de Toulouse.

Néanmoins, l'institut 3IA Aniti, composé aujourd'hui de 23 chaires de recherche et qui mobilise 160 professionnels au quotidien, n'est pas encore fixé sur son avenir. Initialement, les subventions de l'État et le label comme institut 3IA sont prévus jusqu'en 2024 selon les termes de l'appel qui a donné naissance à ses établissements. "Nous sommes en train de sonder l'État sur ses intentions au-delà de 2024. Mais ce serait logique de continuer au moins quatre ans de plus", estime Philippe Raimbault.

Pour mémoire, cette initiative fait suite à l'appel à manifestation d'intérêt initié par le député et mathématicien Cédric Villani, qui plaidait dans son rapport sur l'IA, publié en mars 2018, pour la création d'"un réseau de recherche d'excellence". Et pour être certain de sortir vainqueur de ce concours, le projet toulousain possédait une particularité, à savoir miser sur l'IA hybride. Il s'agit de construire des règles via une intelligence artificielle symbolique pour rendre les résultats stables tout en y intégrant la puissance de calcul du deep learning.

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