C'est un véritable bond en avant pour la startup toulousaine Colibri. Elle vient de prendre ses quartiers dans un local de 600 mètres carrés, route de Bessières à L'Union (Haute-Garonne). Auparavant, la jeune entreprise réalisait son activité depuis le garage de son fondateur, Cédric Laurent. "Pour l'instant, nous avons encore de la place", ironise-t-il au milieu de son nouvel atelier. Mais pour combien de temps ? "Nous avons dépassé en 2021 les 100 tonnes de peinture vendues et nous espérons multiplier ce chiffre par trois en 2022", expose le dirigeant. En plein confinement, les Français se sont jetés sur ses peintures, lui permettant de multiplier son chiffre d'affaires par quatre en 2020, puis par deux l'année suivante et il espère le multiplier par trois en 2022. "Nous avons le chiffre d'affaires que nous espérerions dans deux à trois ans", ajoute-t-il.

Si Cédric Laurent refuse de donner son chiffre d'affaires du moment (le dernier chiffre d'affaires communiqué était 120.000 euros en 2019), la recette de son succès est bien connue. Le Toulousain commercialise depuis 2018 des peintures biosourcées, autrement dit des peintures sans produits pétrochimiques. Les peintures Colibri sont ainsi fabriquées avec des algues rouges, de l'huile de pin, de l'huile de ricin, de l'eau, quelques pigments minéraux et la résine, qui donne l'aspect et la tension à la peinture, est biosourcée.

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"Auparavant, j'étais entrepreneur dans le bâtiment et je rénovais 15 à 20 logements chaque année, avec tous les corps d'état, mais j'avais une sensibilité pour les finitions. À la naissance de mon troisième enfant, je cherchais pour sa chambre une peinture saine, mais ne la trouvant pas dans le commerce, je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire. C'est comme cela que notre peinture sans solvant, sans pétrole et sans micro-plastique est née. L'idée est de concurrencer les peintures acrylique, à base d'eau, mais qui polluent beaucoup", raconte le fondateur de Colibri.

Cédric Laurent est le fondateur de la startup Colibri, à l'origine des peintures biosourcées toulousaines (Crédits : Pierrick Merlet).

La gamme va s'élargir

Après seulement quatre ans d'histoire, le catalogue de la startup est plutôt bien fournie avec 3.500 références de peinture biosourcée. La société propose ainsi une peinture décorative murale d'intérieur, qui peut aussi s'appliquer sur les plafonds et sur le bois. Pour ces trois finitions différentes, l'entreprise propose une palette de 196 couleurs aujourd'hui. Surtout, sa gamme se décompose en deux grandes familles, avec d'un côté une peinture non assainissante et une autre, assainissante quant à elle, qui purifie l'air intérieur.

"Nous avons intégré à la peinture des nanocapteurs chimiques qui neutralisent le COV (composé organique volatil) le plus toxique qui est le formaldéhyde en le transformant en vapeur d'eau. Nous retrouvons le formaldéhyde dans tous les meubles du commerce, la colle de carrelage etc. Notre peinture a un taux de COV de 0,02 g/l. À titre de comparaison, ce taux est de 30 g/l selon la meilleure norme (A+). Notre peinture est donc très intéressante quand vous avez rénové votre logement ou que vous achetez du neuf", commente Cédric Laurent, qui met en avant les avantages sanitaires pour les professionnels au contact de la peinture dans leur quotidien.

De par les qualités de ses peintures, sans odeur notamment, Colibri assume son positionnement de produit haut de gamme et donc un prix plus élevé en moyenne de +15% pour une peinture de même catégorie. Ce qui n'effraie pas les acheteurs de l'entreprise, qui compte élargir sa gamme pour répondre à une demande récurrente de ses clients et ainsi booster encore plus son activité déjà galopante.

"Nous sommes en train de formuler une gamme pour le bois avec notre agrochimiste. Aujourd'hui, nous recherchons une formulation pour ce produit et nous avons pris un peu de retard en raison de difficultés d'approvisionnement avec certains de nos fournisseurs", fait savoir le patron.

À priori disponible dès septembre 2022, cette peinture de traitement pour le bois, à la fois intérieur et extérieur, permettra de décorer parquets, volets, terrasses ou abris de jardin notamment. De quoi faire dépasser les 4.000 références pour Colibri, qui va également s'attaquer au marché du loisir créatif, aussi bien pour les enfants que pour les adultes.

Plusieurs magasins Colibri bientôt en France ?

Jusqu'à présent, Colibri, qui emploie une douzaine de collaborateurs s'adresse principalement au marché via des canaux digitaux avec pour seul support de vente pour ses peintures biosourcées son site internet. "Chaque jour, on reçoit entre 30 et 70 commandes en ligne et actuellement trois grands magasins de bricolage nous distribuent et 15 sont en négociations avancées", précise Cédric Laurent qui fait tout de même la majeure partie de son chiffre d'affaires via le e-commerce, avec une clientèle basée à 80% en France. Bien que toute jeune, la startup toulousaine dispose d'une filiale en Suisse depuis 2020, qui lui permet d'adresser aussi le marché de Belgique et du Luxembourg. "Cette filiale est plus forte sur le retail que sur le digital. Ils viennent de signer avec l'enseigne L'Occitanie en Provence pour devenir le distributeur exclusif pour les 3.200 boutiques dans le monde. Cela représente un marché potentiel de 1,5 million d'euros par an", présente l'ancien entrepreneur du BTP, qui veut accélérer sur cette typologie de clients, mais pas que.

La société, qui "entre dans une phase d'accélération", projette d'ouvrir quelques magasins en propre sur toute la France, avant de pourquoi pas envisager de lancer un réseau de franchises. "Tous les jours, je reçois des appels de personne qui veulent distribuer nos produits. Et quand nous nous sommes installés ici dans nos nouveaux ateliers à Toulouse, il n'était pas prévu de faire de la vente directe mais les gens rentraient dans la boutique naturellement et demandaient des renseignements sur nos peintures biosourcées. De là, l'idée a fait son chemin et nous avons finalement prévu un espace de vente dans nos nouveaux locaux", témoigne Cédric Laurent.

Ainsi, Colibri espère boucler l'ouverture de trois à quatre magasins en propre dans des grandes villes françaises d'ici 2024 et faire le salon de la franchise à Paris en 2023 pour lancer son réseau. Un développement qui va être dans un premier financé par une levée de fonds à venir auprès de la BPI et d'investisseurs privés d'un montant de 1,2 millions d'euros, après une première levée de 500.000 euros en 2021. À terme, 60% de son chiffre d'affaires devrait garder une origine digitale, et l'autre partie issue de ventes physiques.

Pour la suite, en plus d'enfiler le costume d'une enseigne nationale, Colibri ambitionne de devenir "un fabriquant - distributeur", lui qui sous-traite sa production actuellement. La jeune entreprise toulousaine prévoit une future opération financière pour investir dans un moyen de production que Cédric Laurent promet "disruptif et totalement novateur", lui qui veut "casser les codes de ce secteur".