Hydrogène : Albi lance son centre européen des mobilités nouvelles

Avec la création officielle de l'association "Campus H2", Albi vient de poser le premier jalon de son futur centre européen des mobilités nouvelles, dédié à l'hydrogène. Ce futur site, qui va faire l'objet d'au moins 15 millions d'euros d'investissement, offrira une possibilité d'essais sur piste pour des technologies, proposera des cursus de formation sur de nouvelles compétences, ainsi que plusieurs services à destination des entreprises sur de l'accompagnement dans l'ingénierie et la certification de leurs solutions comportant de l'hydrogène. Le tissu académique, mais aussi les industriels, seront associés à ce projet. Les explications.
À Albi, Safra projette la fabrication de dizaines de bus à hydrogène chaque année, à terme. Le futur centre européen des mobilités nouvelles devrait l'y aider à y parvenir.
À Albi, Safra projette la fabrication de dizaines de bus à hydrogène chaque année, à terme. Le futur centre européen des mobilités nouvelles devrait l'y aider à y parvenir. (Crédits : Rémi Benoit)

"C'est une première brique", se réjouit Stéphanie Guiraud-Chaumeil. La maire d'Albi et la présidente de l'agglomération du Grand Albigeois a assisté, mardi 15 février, à la création officielle de l'association "Campus H2 Albi". Cette nouvelle organisation, qui réunit plusieurs acteurs du territoire, est la première étape vers la naissance d'un "centre européen des mobilités nouvelles", comment tient à l'appeler la collectivité du Tarn, dédié à l'hydrogène.

Évalué à 12 millions d'euros dans son ensemble, en matière d'investissements, le futur établissement bénéficiera de budgets du plan Hydrogène Vert du conseil régional d'Occitanie, de moyens financiers du futur contrat de plan État-région, du plan de relance français et de fonds alloués à l'agence nationale pour la recherche à travers un AMI sur le développement des compétences et métiers d'avenir. "Dès 2022, nous allons déjà investir 350.000 euros dans ce projet avec la mise aux normes d'un bâtiment à proximité du circuit de la ville pour accueillir des formations autour de l'hydrogène, mais également acquérir deux véhicules hydrogènes et deux bancs didactiques, aussi pour ces activités de formation", fait savoir l'élue locale, qui met également à disposition 37 hectares de foncier pour ce projet, avec une possibilité d'extension de 100 hectares. Par ailleurs, la création prochaine d'une société d'économie mixte associée à ce projet, incluant des acteurs privés, pourrait permettre de gonfler l'enveloppe totale des investissements prévus.

Ce futur centre européen des mobilités nouvelles regroupera plusieurs activités. En plus d'une capacité d'hébergement des entreprises innovantes en la matière, il est prévu que l'infrastructure puisse proposer une activité d'accueil d'essais sur piste, en s'appuyant notamment sur le circuit automobile d'Albi. En septembre 2021, le site a déjà accueilli une session d'essais de technologies à hydrogène, dont celle développée par l'usine Bosch de Rodez (Aveyron) à travers le projet "FresH2". Celui-ci consiste à développer et produire une pile à combustible à hydrogène pour le transport réfrigéré. Par ailleurs, en bénéficiant du soutien de la société H2Team (nouveau nom de la SEM Eveer'Hy'Pole), le site proposera un accompagnement aux entreprises tout au long du parcours de développement et de certifications de technologies utilisant la molécule de l'hydrogène. Une activité de formation viendra également compléter cette offre de services.

Lire aussi 5 mnUsine Bosch de Rodez : accord de transition signé entre la direction et les syndicats, cap sur l'hydrogène

Une offre de formation qui se veut complète sur l'Albigeois

En la matière, Albi et son agglomération disposent de multiples établissements spécialisés sur la formation autour des mobilités et des énergies. Le plus connu d'entre eux est sans doute l'IMT Mines, qui a déjà fait naître plusieurs startups combinant ces deux sujets comme Hycco. Mais le territoire peut aussi s'appuyer sur l'INU Champollion, le lycée Rascol ou encore l'AFPA d'Albi. Ces établissements de formation sont ainsi représentés dans la nouvelle association Campus H2 Albi, aux côtés aussi de la CCI et la CMA du Tarn, afin de développer le volet formation de ce futur centre européen des mobilités nouvelles. "Avec ce collectif, nous couvrons tous les niveaux de qualification possibles, grâce à notre diversité dans les structures et c'est cela la force du territoire d'Albi. C'est également un avantage pour les entreprises qui auront des besoins en formation", se félicite Christelle Farenc, la directrice l'INU Jean-François Champollion. Pour le moment, son établissement et les autres adaptent leurs cursus de formation existants, dans le cadre de ce projet autour de l'hydrogène.

"Après étude du marché par l'AFPA, il n'y a aujourd'hui pas besoin de créer pour le moment une formation uniquement autour de cette nouvelle énergie car elle reprend des mécaniques et technologies déjà existantes. Les entreprises ont plutôt besoin de compétences supplémentaires", justifie Serge Dreyer, le directeur de l'AFPA Tarn et Aveyron.

Ainsi, dès janvier 2023, toutes les formations autour des métiers automobiles de cette entité feront l'objet d'une coloration hydrogène, avec des heures de formation supplémentaires dédiées à l'initiation autour de cette technologie. C'est également ce que propose depuis la rentrée scolaire le lycée Rascol au sein de ses six BTS industriels, avec des modules supplémentaires de huit heures. Mais l'établissement compte le proposera sur toutes ses formations progressivement. Le CFA Maurice-Emile Pezous compte également entretenir la dynamique avec la construction d'un nouveau pôle de formation automobile dédié aux évolutions technologiques dont l'hydrogène. Enfin, l'AFPA du Tarn prévoit aussi de créer une offre de formation pour les techniciens et mécaniciens autour du rétrofit vers l'hydrogène pour une application sur les poids-lourds.

En concurrence face à d'autres territoires ?

Cette offre de formation coordonnée et nouvelle autour de cette énergie devrait en partie permettre de répondre aux besoins de recrutement du champion local, Safra. Fondée en 1955, cette PME albigeoise, qui commercialise un bus à hydrogène et développe une offre de rétrofit, promet environ 400 recrutements à vocation industrielle d'ici 2024.

Lire aussi 4 mnBus à hydrogène : un nouvel organigramme chez Safra pour rouler plus loin

Preuve de l'attractivité du territoire tarnais en la matière, la Safra a accueilli il y a tout juste un an le premier conseil national de l'hydrogène, en présence de nombreux grands groupes industriels investis sur cette question et des ministres Bruno Le Maire (Économie) et Agnès Pannier-Runacher (déléguée à l'Industrie).

Plus récemment, mi-janvier, le développeur d'énergies renouvelables Amarenco, le constructeur et exploitant de stations d'avitaillement Seven, le spécialiste des travaux publics NGE, le syndicat mixte de traitement des déchets ménagers Trifyl, le département du Tarn et la CCI locale ont signé un accord de principe sur le développent d'une offre de station à hydrogène sur le département. Surnommé Hydro'Tarn, le projet consiste à mettre en service dans un premier temps deux stations à hydrogène d'ici janvier 2024 notamment pour le transport routier. Mais sur l'hydrogène, Albi et le Tarn ne sont pas les seuls territoires à se mobiliser en Occitanie et ils devront ainsi trouver leur place dans ce nouvel écosystème.

Lire aussi 8 mnAlbi et le Tarn se rêvent en leaders de l'hydrogène appliqué aux mobilités

"Nous ne voulons pas nous placer en opposition ou en concurrence avec des projets existants, nous souhaitons plutôt être complémentaires et trouver une identité propre à notre projet en s'appuyant sur les compétences de l'albigeois. Le territoire a des compétences sur la production de l'énergie, sa distribution, les fonctions supports qui l'entourent et surtout son usage à travers des mobilités terrestres. C'est ce dernier point qui fait la particularité du projet albigeois", défend Rolland Gilles, adjoint au maire d'Albi qui pilote ce projet de centre européen des mobilités nouvelles.

Pour mémoire, Toulouse Métropole est également dynamique sur le sujet à travers l'ancienne base militaire Francazal qui abrite plusieurs entreprises innovantes en matière de mobilités et surtout, le site doit accueillir prochainement un Techno-campus dédié à l'hydrogène vert, incluant tissus académique et industriel. Le conseil régional d'Occitanie prévoit d'investir plusieurs dizaines de millions d'euros dans cette infrastructure qui travaillera dans un premier temps sur la problématique de l'avion bas carbone. La collectivité a également injecté des financements dans la société Genvia, à Béziers (Hérault), afin de créer un écosystème adéquat autour d'elle. Cette entreprise développe des électrolyseurs haute température pour produire de l'hydrogène. Une gigafactory pourrait voir le jour par la suite.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.