Créer des batteries plus vertes. Voilà le credo de Batconnect. Cette entreprise toulousaine, fondée en 2019, conçoit des batteries lithium-ion connectées pour l'électromobilité légère, dotées d'un module de maintenance prédictive qui permet d'augmenter considérablement leur durée de vie. La technologie à distance évite également l'immobilisation prolongée des véhicules et réduit leur empreinte écologique.
La solution de Batconnect est équipée d'une électronique faite pour durer 20 ans soit le double des batteries au plomb, majoritaires sur le marché. Elle a été pensée pour différents usages, pour différents clients, selon son stade de vie.
"À distance et grâce aux données collectées sur les véhicules de nos clients, nous pouvons estimer la durée de vie restante de la batterie et ses performances. Lorsqu'un client juge que les batteries ne sont plus assez bonnes pour son usage, nous les récupérons pour leur donner un nouvel usage chez un autre client ou nous les recyclons via notre partenaire spécialisé. L'idée est de réellement donner une seconde vie aux batteries", explique Jérémy Dulout, fondateur de Batconnect.
La connectivité est également un point fort de l'outil. Grâce à des algorithmes, la startup est capable de détecter les pannes, des batteries et des véhicules, avant qu'elles ne surviennent et ainsi réaliser de la maintenance prédictive. Les batteries lithium de la startup toulousaine permettent de faire entre 40 % et 80 % d'économies sur le coût total de possession et d'avoir un cycle de vie deux fois plus long que les batteries traditionnelles au plomb.
"Grâce à la connectivité, nous évitons à des techniciens de se déplacer pour faire le diagnostic des véhicules. Economiquement, nos batteries permettent de diminuer la facture d'électricité d'au moins 20 %. De plus, notre batterie est sans entretien contrairement à celle au plomb dans laquelle il faut remettre de l'eau déminéralisée tous les 15 jours à 1 mois. Pour 100 voiturettes de golf, c'est une personne qui s'occupe à temps plein du niveau d'eau. Une fois posées, on ne touche plus à nos batteries pendant 10 ans", détaille le directeur général de la boîte.
La batterie lithuim de Bateconnect est faite pour durer deux fois plus qu'une batterie au plomb. (Crédits : Batconnect)
Pensée pour les véhicules légers
Aujourd'hui, la petite entreprise s'adresse principalement aux professionnels propriétaires de flotte de voiturettes et de grosses tondeuses de golf et quelques robots autonomes. Parmi son portefeuille clients d'une vingtaine d'entreprises, elle compte les plus grands acteurs français de la location de véhicules de golf qui représentent à eux seuls près de "60 %" du marché soit près de 8.000 voiturettes.
"Nos clients détiennent des flottes de plusieurs milliers de véhicules qu'ils louent dans des golfs, des campings, des centres de congrès et à des sites industriels comme Airbus et Volvo par exemple. À travers eux, nous faisons indirectement un peu d'export puisque certaines voiturettes en Belgique, Allemagne, Suisse, Espagne et Italie sont équipées de nos batteries."
Une levée de fonds pour accélérer le développement
Afin de démarrer pleinement l'export vers l'Italie et l'Espagne et d'accélérer son développement commercial, la jeune pousse est sur le point de boucler une levée de fonds de 1,5 million d'euros sur le premier trimestre de l'année 2022. Elle prévoit, dès cette année, d'ouvrir des bureaux, potentiellement à Barcelone.
À horizon 2024/2025, son but est d'adresser l'ensemble du marché européen des voiturettes de golf et commencer à adresser les États-Unis où le marché "est quasiment deux fois supérieur à celui de l'Europe". À terme, l'objectif est devenir numéro un sur les batteries de voiturettes de golf "qui sont estimées à près de 500 000 véhicules entre l'Europe et les États-Unis". "Aujourd'hui, les batteries sont changées tous les cinq ans. Ce qui représente près de 100 000 packs à renouveler chaque année soit quelques centaines de millions d'euros", précise Jérémy Dulout.
Ce tour de table devrait également permettre à la jeune structure de renforcer son effectif actuellement composé de cinq collaborateurs. En 2022, deux personnes rejoindrons l'équipe dès le premier trimestre et quatre à cinq postes seront à pourvoir notamment sur la partie ingénierie et technicien.
Une nouvelle usine d'assemblage à Toulouse
Une fois renforcée, Batconnect va pouvoir proposer sa technologie à de nouveaux marchés. Elle a déjà ciblé les loueurs et constructeurs de machines de manutention comme de potentiels futurs clients.
"Nous sommes en discussion avec des constructeurs italiens et polonais de véhicules de route, notamment les véhicules de livraison du dernier kilomètre. Nous travaillons actuellement sur l'obtention de certifications pour la sécurité routière", détaille le docteur en génie électrique qui a étudié à l'université Paul Sabatier de Toulouse notamment les batteries et supercondensateurs.
Enfin, une autre partie de ce nouveau capital sera consacrée au déménagement de son activité dans un local plus grand où des espaces seront dédiés à la R&D de ses batteries et une usine d'assemblage. L'entreprise toulousaine est en effet sur le point de déménager dans un bâtiment de 650 m2 situé à Francazal, sur l'ancienne base militaire aérienne reconvertie en territoire d'innovation notamment dédié aux mobilités innovantes par Toulouse Métropole. Installée jusqu'à présent à Portet-sur-Garonne, elle souhaite relocaliser un maximum d'étapes de la conception, de l'assemblage ainsi que l'approvisionnement de ses batteries en Occitanie et plus globalement en Europe.
En attendant de boucler son exercice financier pour 2021, Batconnect enregistre déjà près de 700 000 euros de commandes au premier trimestre de l'année en cours. La startup a revu ses objectifs financiers à la hausse. Elle qui souhaitait atteindre les 600 000 euros de chiffre d'affaires en 2022, veut dorénavant dépasser la barre du million. À horizon 2025, elle vise les 30 millions d'euros de chiffre d'affaires notamment grâce à l'export vers les États-Unis.
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