Railcoop à l'heure pour la ligne de fret en Aveyron, mais retardée par la SNCF pour Bordeaux-Lyon

Basée à Figeac, le nouvel opérateur français Railcoop va lancer une ligne de fret entre Toulouse et Decazeville dès la mi-novembre. Néanmoins, la société coopérative doit parallèlement reporter le lancement de son activité de transport de voyageurs entre Bordeaux et Lyon de six mois, mettant en cause le comportement SNCF Réseau dans cette affaire. Les explications.
Dans les prochains mois, Railcoop doit reprendre la gestion de la transversale ferroviaire entre Bordeaux et Lyon, laissée à l'abandon par la SNCF.
Dans les prochains mois, Railcoop doit reprendre la gestion de la transversale ferroviaire entre Bordeaux et Lyon, laissée à l'abandon par la SNCF. (Crédits : Railcoop)

En attendant sa tant espérée ligne à grande vitesse (LGV) entre Toulouse et Bordeaux, la région Occitanie peut se vanter de voir se développer son réseau de fret ferroviaire. Officiellement reconnue comme une société de transport ferroviaire par un arrêté du ministère de la Transition Écologique mi-septembre, la coopérative Railcoop va lancer dans quelques semaines sa première liaison dédiée au transport de marchandises entre Viviez-Decazeville, Capdenac (Aveyron) et Toulouse-Saint-Jory.

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"Nous allons rapatrier les wagons à Capdenac le 15 novembre et nous lancerons le service à partir du 16 novembre, comme cela est prévu depuis le lancement de notre projet. Il n'y a pas de retard", assure Alexandra Debaisieux, membre de la direction collégiale de Railcoop.

La dirigeante dément ainsi formellement l'hypothèse d'un retard sur celle qui sera la première liaison ferroviaire de la structure née à Figeac en novembre 2019, après la publication d'un article chez nos confrères de la Lettre A. Selon ce dernier, un report de plusieurs mois aurait été envisagé face à la difficulté de recruter des conducteurs pour ses rames.

"Nous avons nos conducteurs. Ils ne seront pas tous parmi nous au 15 novembre en raison notamment de leurs préavis de départ, mais à cette date nous en aurons déjà deux au sein de l'entreprise. Nous allons monter en puissance au fil du temps sur ces profils. Nous avons demandé un aller-retour par jour comme sillon de circulation à SNCF Réseau, ce qui nous a été accordé, mais dans un premier temps nous serons sur deux à trois trains par semaine", tient à éclaircir Alexandre Debaisieux, auprès de La Tribune.

Quelques jours auparavant cette mise au point, Railcoop a d'ailleurs signé le contrat de location de wagons spécialement dédiés au fret avec la société Ermewa, sur plusieurs années. Grâce à cette coopération, le nouvel opérateur concurrent de la SNCF en France pourra proposer du transport en multi-lots, c'est-à-dire que plusieurs entreprises pourront s'associer pour remplir un même wagon.

Railcoop

"Depuis plusieurs mois, nous avons un commercial qui prospecte spécialement pour cette ligne de fret entre l'Aveyron et Toulouse. Nous avons déjà des accords sur certains  types de marchandises comme des fenêtres, des denrées non périssables, de l'agroalimentaire, de l'industriel. Par contre, nous ne transporterons pas de marchandises dangereuses (...) Un trajet à plein permettra d'éviter la circulation de 16 camions sur nos routes", se réjouit la représentante du nouvel opérateur, qui doit aussi officialiser prochainement le contrat de location des locomotives auprès de la société DB Cargo.

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La ligne Bordeaux-Lyon finalement lancée en 2023

Pour ce qui est du transport de personnes, celui-ci par contre devra attendre quelques mois de plus. Alors que Railcoop s'apprête à officialiser le contrat d'acquisition de neuf rames auprès de SNCF Voyageurs pour un montant confidentiel, la société a annoncé, lundi 11 octobre, un report de six mois du lancement de sa première ligne consacrée au transport de voyageurs entre Bordeaux et Lyon. Initialement, elle devait voir le jour en juin 2022.

"La raison principale ayant présidé à ce report est que le gestionnaire d'infrastructure - SNCF Réseau - n'est pas en capacité de fournir à la coopérative des sillons de qualité en dépit des discussions engagées à ce sujet depuis plus de dix-huit mois, et ce, en étroite coordination avec les régions Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Sur l'ensemble des demandes de circulation formulées, seules 55% ont été pourvues par SNCF Réseau, sous réserve toutefois que Railcoop finance l'ouverture de postes (pourtant réputés ouverts au moment de la construction du service avec SNCF Réseau). Le reste des sillons n'est, soit tout simplement pas pourvu, soit partiellement pourvu, avec notamment des couples origine-destination qui diffèrent de la demande initiale. Ces sillons de mauvaise qualité empêchent Railcoop, en l'état, d'envisager d'opérer un service à compter de juin 2022", a ainsi taper du point sur la table la société coopérative dans un communiqué au ton offensif.

Joint par La Tribune, SNCF Réseau déclare "prendre acte" de la décision de Railcoop de reporter le lancement de son service initialement programmé au 26 juin 2022 "alors que le processus d'attribution des sillons n'est pas terminé".

"SNCF Réseau accompagne Railcoop depuis sa création et mène un dialogue régulier avec cette structure coopérative. En 2021 comme chaque année, durant la période allant d'avril à septembre, SNCF réseau a examiné avec la plus grande attention toutes les demandes de sillons en concertation avec ses clients, dont RailCoop, et a cherché à répondre à un maximum de demandes dans le but de faire circuler le plus grand nombre de trains sur le réseau (...) Le dialogue et le travail se poursuivent avec RailCoop afin de faire aboutir un maximum de leurs demandes avant le démarrage de leur service prévu le 26 juin 2022", ajoute le groupe français.

Après cet incident, qui a des répercussions importantes sur le déploiement des services proposés par le nouveau venu sur le marché du transport ferroviaire, celui-ci "s'interroge désormais sur la possibilité de saisir formellement l'Autorité de régulation des transports dans le cadre d'une procédure d'infraction". Néanmoins, SNCF Réseau a communiqué sa volonté de trouver une alternative avec Railcoop, tout cela sous le contrôle de l'autorité de régulation.

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Remontée contre l'opérateur en charge du réseau ferroviaire national, la société coopérative occitane a tout de même prévu la tenue d'une conférence de presse, mercredi 13 octobre, pour s'expliquer sur cet épisode et étayer sa vision de la situation.

Ce report, une aubaine à saisir ?

Bien que non voulu, ce report de six mois peut apparaître in fine comme une aubaine pour Railcoop. Tout d'abord, cette dernière attend la certification de l'établissement de sécurité ferroviaire, pour le 10 novembre. Étape administrative essentielle qui lui permettra alors de pouvoir transporter voyageurs et marchandises. Autre point, la société doit désormais se lancer dans une période de consultations et de négociations avec des prestataires spécialisés pour la rénovation de ses futures neuf rames prévues pour sa ligne Bordeaux-Lyon.

Enfin, cela laisse une fenêtre de tir plus importante pour boucler le financement de Railcoop sur les prochaines années et ainsi lancer un travail approfondi en vue de l'ouverture d'autres liaisons ferroviaires comme Toulouse-Rennes par exemple.

"Aujourd'hui, un pool bancaire est prêt à nous suivre pour financer par de la dette notre développement. Mais il nous demande de mettre en face de cette dette des fonds propres plus importants", fait savoir à La Tribune Alexandre Debaisieux.

Pour le moment, Railcoop compte un peu plus de 9.000 sociétaires, dont 140 personnes morales, ce qui lui permet détenir 3,5 millions d'euros en fonds propres. La direction estime qu'elle doit rassembler cinq millions d'euros supplémentaires avant la fin de l'année 2021, et ainsi décrocher le prêt bancaire dont le montant n'est pas communiqué.

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2023 à 16:36
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il faut souhaiter beaucoup de courage à cette entreprise ..... Lyon Bordeaux pourquoi pas mais les régions traversées : "un vrai désert économique" ....déjà traversé par les routiers de l'Europe de l'Est,du Portugal et d'Espagne pour assurer le flux ...

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