Comment l'Occitanie compte être leader sur le véhicule autonome et connecté

La course au véhicule autonome et connecté est déjà bien lancée. La concurrence est forte tant au niveau mondial que national. Pour se trouver sur le podium, l'Occitanie a constitué un comité de filière sur le véhicule autonome et connecté. Celui-ci a rendu ses résultats, jeudi 6 février, lors du salon Occitanie Innov à Toulouse. Selon ses recommandations, la région doit être plus attractive sur ce marché, fédérer ses acteurs, proposer des sites d'expérimentations et anticiper l'évolution des besoins en compétences et formations. Décryptage.
Une navette EasyMile en test sur la base toulousaine de Francazal.

La région Occitanie souhaite devenir le territoire de référence en matière de véhicules autonomes et connectés (Vac). Mais, la concurrence est forte au niveau national. Des régions françaises se sont également mobilisées sur ce nouveau mode de transport. "Nous sommes en concurrence avec d'autres territoires comme l'Île-de-France et la région Auvergne-Rhône-Alpes", révèle Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie en charge du Développement Économique, de l'Innovation, de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.

D'autres pays aussi, comme les Etats-Unis, se sont lancés dans le véhicule autonome et connecté. Le "Vac" est devenu un enjeu mondial. Pour se distinguer, l'État français a lancé un plan national pour permettre à des véhicules autonomes de rouler sur des routes ouvertes d'ici 2022.

"En France, il y en a actuellement 13 sur 19 parcours, dont deux en Occitanie avec la navette autonome d'EasyMile à Toulouse et le robot de transport de marchandises de Twinswheel à Montpellier", explique Jean-François Sencerin, le directeur de plateforme du programme France Véhicule Autonome qui émane du programme gouvernemental.

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Les aménagements sur Francazal très attendus

Avec son tissu économique et de recherche dans le domaine des systèmes embarqués, de l'intelligence artificielle ou encore de la cybersécurité, l'Occitanie possède les compétences pour répondre au défi des nouvelles mobilités. En témoigne le premier décollage entièrement automatique réalisé par Airbus à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, en décembre 2019. Mais, pour espérer devenir la région de référence, elle doit fédérer ses acteurs et ses forces. En ce sens, un comité de filière véhicule autonome et connecté en Occitanie (Vaco) a été créé en septembre 2018. Constitué d'experts industriels, académiques, de laboratoires, des pôles et des clusters tels que l'Aerospace Valley, l'Irit, Vinci, Continental, la SNCF, le comité a recueilli les besoins de l'ensemble des acteurs industriels et académiques régionaux à travers cinq questionnaire. C'est à Thierry Cammal, directeur général de Renault Software Labs, que la mission du comité de filière a été confiée. Il a rendu, le 6 février février, à l'occasion du salon Occitanie Innov à Toulouse, les résultats de leurs travaux.

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"Neuf préconisations ont émergées. Parmi celles-ci, nous avons souligné l'importance de fédérer les acteurs au sein d'un cluster régional unique sur les transports intelligents terrestres et maritimes, de créer un observatoire continu des formations et besoins en compétences et de coordonner les actions de la filière sur l'innovation et la recherche. Et également, de faire de l'Occitanie une région reconnue en matière d'expérimentations avec des sites d'expérimentations en route fermée, ouverte, dans un environnement urbain et semi-urbain et de développer un plan d'expérimentations ferroviaires. Il y a une réelle course dans les régions pour mettre à disposition ces sites d'expérimentation qui sont importants pour démontrer la technologie des véhicules autonomes et connectés."

Une vision partagée par Benoît Perrin, directeur général d'Easymile. L'entreprise toulousaine a créé une navette électrique autonome 100% pour le transport du dernier kilomètre. Pour le moment, EasyMile teste son véhicule sur le site de l'aéroport Toulouse Francazal. Mais, le site doit bénéficier d'aménagements pour détenir toutes les capacités d'expérimentations des nouvelles technologies autonomes.

"Pour tester les voitures autonomes et connectées, il y a un moment où il faut sortir de la simulation et des ordinateurs et cela passe par des sites d'expérimentation fermés où l'on peut faire mûrir le projet. C'est un point manquant en Occitanie. La base de Francazal a les caractéristiques attendues pour un circuit fermé. Nous sommes favorables à le transformer avec de nouvelles infrastructures car ce serait une attractivité forte pour l'Occitanie d'avoir un tel site d'expérimentation. J'espère que les fonds suivront car c'est le moment de le faire."

Un désir qui devrait être exaucé. Le 30 janvier dernier, la préfecture de région et Toulouse Métropole ont signé l'acte de cession de la partie Sud de la base Francazal, de 38 hectares, au profit de la collectivité locale.

"Suite à une concertation engagée entre les services de l'État et ceux de la Métropole au sujet de l'avenir de ce site et suite à une étude de faisabilité réalisée par la Métropole, cette acquisition vient concrétiser un projet d'aménagement de ces 38 hectares de la zone Sud qui va véritablement donner une adresse à cette filière des mobilités du futur mais aussi permettre le développement de nouveaux services aux entreprises", ont déclaré conjointement les deux signataires dans un communiqué.

Une telle nouvelle pourrait ainsi bénéficier au projet Trapèze, proposé par Vinci et Renault. Celui-ci vise ainsi à expérimenter en route ouverte des services de covoiturage couplé avec de la conduite automatique et des smart grids (un réseau de distribution d'électricité intelligent qui favorise la circulation d'information).

"Nous souhaitons capitaliser les infrastructures existantes pour tester notre projet qui doit permettre d'augmenter le nombre de passagers par heure sur une voie. Nous cherchons un site d'expérimentation fermé à haute vitesse dès 2020. Puis un tronçon sur une ligne ouverte pour basculer sur l'étape 2. Il y a des réflexions sur l'A68", rapporte Jean-Philippe Scherrer, Directeur Axians Vinci Energies.

Un besoin évident d'adapter les cursus de formation

La région Occitanie doit également être capable d'anticiper l'évolution des besoins en compétences et formations pour espérer se positionner sur le marché du véhicule autonome. Le développement de celui-ci va, en effet, entraîner une mutation importante des métiers et des besoins en recrutement chez les industriels.

"Nous avons porté une analyse sur les formations existantes et les besoins en compétences des industriels. Les forces vives sont là. Nous avons quelques centaines de diplômés par an qui peuvent alimenter la filière. Pour autant, les formations existantes restent confidentielles face au besoin. Nous ne couvrirons pas les besoins à trois ans", regrette Bertrand Raquet, directeur de l'Insa Toulouse et président du groupe Insa.

Avec plus de 1 300 étudiants diplômés chaque année, l'Occitanie est la troisième région, au niveau national, dans les domaines de compétence associés au développement du véhicule autonome et connecté, selon le comité de filière. Malgré tout, la région peine à les attirer une fois qu'ils sont sur le marché du travail.

"Les étudiants en école d'ingénieur ne sont que 40% à rester en Occitanie, une fois leurs études terminées. Ils sont habitués, à présent, à aller travailler à l'étranger. La région doit donc être connue pour être une filière de formation sur le véhicule autonome et connecté.", souligne le directeur de l'Insa Toulouse.

C'est dans cette volonté que l'Occitanie a lancé le projet de labellisation de Campus des métiers et qualifications d'excellence de la mobilité et des transports intelligents de Toulouse Occitanie. Ces établissements intégreront ainsi des entreprises, des établissements de formation, des établissements supérieurs et des laboratoires de recherche pour tenter d'attirer davantage de jeunes sur la filière du véhicule autonome et connecté en Occitanie.

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