Diodon, des drones gonflables pour des missions militaires

Fondée il y a deux ans par deux étudiants de l'Isae-Supaéro, la startup toulousaine Diodon Drone Technology propose des drones, gonflables et étanches, destinés au marché de la défense.
Roman Luciani et Antoine Tournet, les fondateurs de Diodon Drone Technology.
Roman Luciani et Antoine Tournet, les fondateurs de Diodon Drone Technology. (Crédits : Rémi Benoit)

L'un était passionné de drones, l'autre de sports de glisse. Roman Luciani et Antoine Tournet ont décidé de se lancer dans l'entrepreneuriat peu après leur rencontre en première année d'études d'ingénierie à l'Isae-Supaéro en 2014. Animés par leur passion respective, les deux amis ont alors réfléchi à un drone permettant aux amateurs de sports extrêmes de pouvoir se filmer dans des conditions difficiles.

"Nous voulions apporter une réponse à ce besoin et c'est là que nous avons eu l'idée de développer un drone gonflable pour les avantages que représente cette technologie, notamment le transport. Quand il se dégonfle, il est très facile à transporter donc facile à utiliser et à déployer, par exemple en montagne. Mais il est aussi très robuste, puisque la structure va encaisser les chocs", explique Antoine Tournet.

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Crédits : Rémi Benoit

Pendant deux ans, les ingénieurs se sont attelés au développement de leur projet à destination du grand public (avec un drone jaune fluo), avant de réaliser que "le marché était extrêmement concurrentiel", comme le constate Antoine. Fin 2016, ils décident alors de s'orienter vers le marché professionnel d'inspection offshore.

"À l'époque, le drone commençait à être étanche et permettait grâce à sa structure gonflable d'être déployé en milieu marin et donc nous regardions l'inspection industrielle dans ces environnements", précise le fondateur.

Une rencontre qui change tout

Encore étudiants en parallèle, c'est par le biais de leur école que les Toulousains ont fait une rencontre qui a changé l'avenir de leur projet. Alors qu'il travaillait dans les forces spéciales, un professeur leur a suggéré de présenter leur innovation à celles-ci pour voir s'il susciterait leur intérêt.

"Nous avons rencontré les forces spéciales françaises et fait les premières démonstrations. Nous nous sommes aperçus que la technologie que l'on développait avait un véritable intérêt pour leurs missions. Au fur et à mesure, nous avons réalisé que notre marché était vraiment sur les secteurs de la défense et de la sécurité civile", se souvient l'ex-étudiant.

C'est après avoir séduit avec la robustesse de leur drone, essentielle sur la reconnaissance en terrain de combat ou encore dans un contexte d'incendie, que Roman et Antoine ont décidé de monter la société pour développer leur produit. La création de cette entreprise a également coïncidé avec l'invitation de l'armée française à exposer sur le stand du ministère de La Défense lors du salon des forces spéciales, le SOFINS (séminaire défense armement et renseignements), en mars 2017 : "cela a été le déclencheur pour pouvoir vraiment pénétrer ces marchés", précise l'entrepreneur.

Riche d'une forte couverture médiatique, l'entreprise a gagné en visibilité et a commencé à exister sur le marché, notamment à travers le label "Generate" (un accélérateur pour les startups françaises qui se destinaient au marché de la défense) lancé par le GICAT (Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres).

 "Nous avons fait partie de la première promotion qui a été sélectionnée sur ce label, cela nous a permis d'aller à la rencontre des acteurs clés de notre marché : que ce soient les instances gouvernementales comme la DGA (Direction générale de l'Armement) ou les opérateurs et les industriels. C'est par ce biais que nous avons rencontré nos partenaires actuels", raconte l'entrepreneur.

"Deux à trois fois moins chers" que la concurrence spécialisée

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Changement de positionnement pour Diodon Drone (Crédits : Rémi Benoit).

Fini alors le temps du drone jaune fluo. Après avoir repensé leur produit pour l'adapter aux besoins de leurs clients (système redéfini pour répondre aux contraintes des pompiers et des militaires, couleur grise à la place du jaune etc), Diodon Drone Technology a lancé la commercialisation en septembre 2018, avant de livrer les premiers systèmes en novembre de la même année à une armée européenne (dont la nationalité reste secrète). Par ailleurs, "plusieurs organismes européens sont en train de passer commande pour essayer nos produits", déclare Antoine Tournet.

"Nous sommes vraiment dans la phase de début de commercialisation et donc nous faisons coïncider cela avec notre première phase de pré-industrialisation. C'est la raison de notre déménagement dans nos nouveaux bureaux (à Labège), pour avoir la capacité de se déployer à plus grande échelle. Jusqu'à présent nous étions hébergés par l'Isae-Supaéro", explique l'entrepreneur.

Concernant le coût de ses drones, la société n'a pas souhaité communiquer un montant précis. Néanmoins, le chef d'entreprise affirme que ses produits sont "deux à trois fois moins chers" que la concurrence spécialisée (basée aux États-Unis), dont le prix est de 30 000 euros. Quant aux coûts de production du modèle (non communiqués par le gérant), ces derniers sont "amoindris car c'est le coeur de notre gamme et c'est lui qu'on industrialise. Et comme on l'industrialise, on peut là aussi réduire nos coûts". Aujourd'hui, la société produit environ quatre drones par mois.

"Jusqu'à présent nous en avons vendu moins d'une dizaine auprès d'une seule armée. L'armée française devrait l'essayer sur le terrain dans quelques semaines", précise Antoine.

Une levée de fonds en cours

À la fin du mois de mars 2019, Diodon Drone Technology terminera sa levée de fonds dont l'objectif est de récolter 500 000 euros. De plus, la société a l'ambition de recruter du personnel afin d'élargir son équipe à une dizaine de personnes (elle en comporte 8 actuellement), avant d'atteindre trente à quarante salariés d'ici deux à trois ans.

"Pour cette phase de validation de marché, nous avons surtout des besoins en recherche et développement car sur la technologie, il faut toujours vouloir proposer mieux et plus vite que les autres" remarque le créateur d'entreprise.

Mais la startup souhaite aussi se déployer sur de nouveaux marchés en visant notamment les armées conventionnelles et en assurant son installation auprès de la sécurité civile.

 "Aujourd'hui, on sait que nous sommes sur un marché de niche qui n'est pas notre finalité en soi. Le marché des forces spéciales est notre première étape", déclare le fondateur.

Afin de concrétiser son lancement, l'entreprise participera à nouveau au salon SOFINS début avril. Objectif numéro un cette année : l'événement sera pour elle le moment d'officialiser sa commercialisation : "C'est notre gros objectif sur le premier trimestre. Nous allons pouvoir présenter notre produit comme déjà utilisé, nous allons vraiment pouvoir commencer à le vendre en grand volume et toujours auprès de spécialistes", annonce Antoine Tournet avec enthousiasme.

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