Le sous-traitant aéronautique Nexteam Group se lance dans l’impression 3D

Sous-traitant aéronautique de rang 1, Nexteam Group vient de nouer un partenariat avec Prodways Group pour développer une imprimante 3D, capable de concevoir des pièces de grandes dimensions en titane. Arrivée sur le site de Launaguet (31) à la fin du mois d’avril, le prototype devrait entamer la production en série en 2020, après deux années de développement. Dans le même temps, Nexteam vient d’annoncer une levée de fonds de 114 millions d’euros pour atteindre 500 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2022 via de la croissance externe.
Pendant deux ans, le partenariat entre Nexteam et Prodways va permettre de poursuivre le développement de cette imprimante 3D.
Pendant deux ans, le partenariat entre Nexteam et Prodways va permettre de poursuivre le développement de cette imprimante 3D. (Crédits : Nexteam)

Déjà présente en Norvège et aux Etats-Unis, la technologie débarque en France. Pour la première fois, une entreprise française va utiliser et développer la technologie Rapid Additive Forging (RAF Technology, ndlr), une nouvelle technologie d'impression 3D. Et c'est le sous-traitant aéronautique de rang 1, Nexteam Group qui va bénéficier de cette innovation. L'entité, qui résulte d'une fusion de plusieurs entreprises familiales en 2015, vient de sceller un partenariat avec une filiale du groupe Gorgé, Prodways Group, un spécialiste de l'impression 3D industrielle et professionnelle.

Ainsi, à la fin du mois d'avril, le sous-traitant a reçu sur son site de Launaguet (31), anciennement l'entreprise Gentilin, une imprimante 3D capable de concevoir des pièces de grandes dimensions en titane pour le secteur aéronautique. Pour ce faire, "cette technologie met en œuvre une tête déposant du fil de métal en fusion sous une atmosphère de gaz inerte. Le métal est ainsi déposé couche après couche et permet d'obtenir une pièce de grandes dimensions en seulement quelques heures", comme l'explique le communiqué commun aux deux entreprises publié lors de l'officialisation du partenariat.

"Aujourd'hui, on utilise des blocs de matière assez conséquents. Avec cette imprimante, l'idée est de faire une ébauche de la pièce. Ainsi, cela va nous permettre un gain de temps dans notre cycle de production et un meilleur ratio sur ce qu'on appelle le by to fly, c'est-à-dire la différence entre la quantité de matière première qu'on achète et qui vole au final dans les avions. Nous sommes dans une logique d'optimisation de la matière première, à savoir le titane", explique Frédéric Gentilin, vice-président de Nexteam Group.

Le duo d'entreprises estime à plus de 80 % la réduction de la perte de matière par rapport aux techniques d'usinage actuelles et des économies grâce à l'absence d'outillage et leurs coûts associés (moules, etc...). Par ailleurs, la qualité des pièces serait grandement améliorée. "Les analyses métallurgiques réalisées sur les douze derniers mois démontrent la maîtrise du processus, avec une absence de porosité, une homogénéité de la pièce dans toutes les directions, et une productivité très supérieure aux techniques d'impression 3D métal usuelles utilisant le frittage de poudre par laser ou faisceau d'électrons", détaille le communiqué portant sur le partenariat.

Production en série dès 2020

Malgré ces premières satisfactions, les deux partenaires insistent sur le fait que cette imprimante n'est qu'un prototype qui demande encore du temps pour être suffisamment mature et développé. En effet, la production en série via cette imprimante n'est prévue que pour 2020.

"Sa cadence de production à terme je ne peux pas le dire. C'est une machine en plein développement. L'idée est de l'avoir deux ans ici pour poursuivre son développement en collaboration avec Prodways afin d'optimiser au maximum les temps de fabrication de l'ébauche de la pièce en question. Pour y parvenir, une équipe de quatre personnes sur place est totalement consacrée à ce projet, avec deux personnes de Nexteam et deux personnes de Prodways", concède le dirigeant.

Une fois son développement achevé, Nexteam Group ambitionne d'acheter cinq à six imprimantes 3D à terme à son concepteur, sans pour autant dévoiler son prix. Même son apparence réelle est un mystère... Les photos de presse sont interdites sur le site par peur de mettre en danger la trentaine de brevets déposés en lien avec cette machine.

Nexteam Group vise deux à trois acquisitions

Au-delà de son développement en interne grâce à cette innovation notamment, Nexteam Group compte devenir rapidement un acteur de plus en plus important dans les secteurs de l'aéronautique et du spatial. Pour y parvenir, l'entreprise basée à Marmande, dans le Lot-et-Garonne (47), vient de réaliser un tour de table majeur. Tikehau Capital, son fonds de capital investissement minoritaire dédié aux entreprises de taille intermédiaire en croissance (TGE II) et le fonds NOVI viennent en effet d'investir 114 M€ dans Nexteam Group.

"La volonté de Nexteam est d'être, d'ici 2023, un groupe de dimension internationale réalisant plus de 500 millions d'euros de chiffre d'affaires et disposant des meilleures compétences du marché", dévoile un communiqué de l'entreprise qui emploie 900 personnes dont 137 à Launaguet, datant du 29 mai.

"Cette levée de fonds va nous permettre de faire de la croissance externe aux États-Unis et en Europe. Nous avons déjà ciblé des entités. Nous espérons boucler ces opérations avant la fin d'année 2018, sinon cela sera en 2019", ajoute Frédéric Gentilin.

Nexteam Group vise deux à trois acquisitions au total.

Lire aussi : Tikehau investit 114 M€ dans Nexteam Group

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 04/06/2018 à 9:52
Signaler
Cette innovation ne pouvait que se développer très lentement du fait de son incroyable capacité à terme de nous rendre moins dépendants des propriétaires d'outils de production. Dommage

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.