L'Enac lance à Toulouse un mastère drones et un incubateur de startups

À quelques jours du Salon du Bourget, Marc Houalla, directeur de l'école nationale de l'aviation civile, annonce plusieurs nouveautés. Objectif : pousser les jeunes à l’entreprenariat et renforcer le rôle de "soft power" de l'Enac à l'étranger. Explications.
Marc Houalla, directeur de l'Enac.

Vous lancez à la prochaine rentrée scolaire un mastère "drones". Qui pourra y accéder ? Et quels seront les débouchés des futurs étudiants ?

Il ne s'agit pas de former des experts pour la conception de l'engin ou le pilotage, il existe déjà une multitude de formations en la matière. Nous allons ouvrir le premier mastère européen dédié au management et aux services liés aux drones. Il faut savoir que le marché du drone civil devrait peser 7,2 milliards d'euros en 2025. Cette formation doit répondre aux besoins des grands industriels. L'objectif est qu'un étudiant soit en mesure, par exemple, de mener pour RTE un projet de surveillance du réseau électrique sur une longue distance par drone.

La formation sera ouverte au niveau bac+5 ou bac+3 avec trois années d'expérience. Les étudiants suivront des modules de management, des cours sur la réglementation et les besoins du marché, des notions d'ingénierie (moteur, avionique) et d'opération du drone (apprentissage des logiciels et des outils data pour analyser les données récoltées). Nous avons conçu cette formation en collaboration avec des industriels comme Airbus ou Thales, RTE, l'Onera ou la startup Delair-Tech, qui interviendront dans les modules de cours.

L'Enac dispose depuis l'automne dernier d'une volière à drones et vous menez déjà un programme de R&D sur le sujet. Cette formation vient compléter ce dispositif ?

Oui, ce mastère vient compléter les recherches que nous menons sur les drones, par exemple sur leur insertion dans le trafic aérien. Nous proposons aussi des "mineures drones" dans le cursus ingénieur qui font le plein. Les étudiants ayant suivi ces cours pourront se tourner vers ce nouveau mastère.

Vous allez également ouvrir en septembre votre incubateur à startups. Sachant que 65 % des grandes écoles sont désormais dotées d'une telle structure, c'était un passage obligé pour l'Enac ?

Nous sommes surtout partis du constat que parmi les 2 000 élèves que nous accueillons, 95 % des jeunes diplômés sont embauchés par 20 à 25 grands groupes, à l'image d'Airbus ou Aéroports de Paris. Et même si les brevets déposés par nos laboratoires sont en accès libre, peu de nos étudiants se tournent vers l'entrepreneuriat. Par ailleurs, les équipes de nos laboratoires de recherche se sont beaucoup étoffées récemment, elles sont passées en 5 ans de 30 à 150 chercheurs. Mais nous avons des difficultés à trouver des entreprises pour exploiter ces brevets.

Cet incubateur, qui représente un investissement de 150 000 euros pour l'Enac, va accueillir une dizaine de sociétés qui s'appuieront sur nos brevets. En créant une structure d'accompagnement avec six ETP (équivalent temps plein), nous voulons encourager nos étudiants à créer leur entreprise et accueillir également des porteurs de projets externes. Ils seront sélectionnés par un jury composé d'industriels comme Thales.

Après le développement de formations en Chine et en Indonésie, l'Enac lance à la rentrée une collaboration avec La Sorbonne à Abu Dhabi. Les grandes écoles françaises sont pour la plupart méconnues à l'étranger. Ces partenariats vous permettent-ils de rectifier le tir ?

Ces partenariats nous permettent bien entendu de gagner en visibilité. Nous avons ciblé les zones où le transport aérien connaît la plus forte croissance comme la Chine, les pays de l'Asean avec l'Indonésie, ou les pays du Golfe avec ce partenariat avec La Sorbonne à Abu Dhabi. Nous formons les futurs cadres intermédiaires et l'encadrement de haut niveau de l'aviation dans ces pays. D'ici à 2018, nous comptons nouer de nouveaux partenariats en Amérique du Sud avec des universités au Brésil et en Colombie.

Au-delà du gain en notoriété, ces collaborations ont un rôle de "soft power". Il y a une compétition à l'échelle mondiale entre la réglementation américaine et la réglementation européenne. Les étudiants étrangers formés par l'Enac sont francophiles, ils ont appris la règlementation européenne et seront plus susceptibles de privilégier cette dernière. Ils achèteront plus facilement des produits Airbus, ce qui peut permettre à l'avionneur européen de gagner des parts de marché.

L'Enac sera présente au Salon du Bourget. Que représente pour vous un tel événement ?

Le Salon du Bourget réunit tous nos interlocuteurs à travers le monde, c'est l'occasion de les rencontrer en même temps et de signer des contrats. Nous prévoyons de signer 3 à 4 contrats durant cet événement, notamment des collaborations avec des universités étrangères sur des formations. Le Salon du Bourget représente 50 % des contrats que l'on signe sur une année entière.

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