Retour de Thomas Pesquet : éclat de joie à la Cité de l'espace

Vendredi 2 juin de nombreuses personnes ont fait le déplacement jusqu'à la Cité de l'espace pour vivre en direct l'atterrissage de Thomas Pesquet et Oleg Novitski. Rassemblés au niveau -1 aménagé pour l'exposition "Astronautes", des experts ont analysé, décrypté et commenté le retour du Français qui a marqué l'histoire du spatial. Reportage.
Vendredi 2 juin, 20 écrans géants ont été installés pour l'occasion

La Cité de l'espace a accueilli plus de 3 500 personnes pour le retour tant attendu de Thomas Pesquet, vendredi 2 juin (pour le décollage ils étaient 6 000 à la Cité de l'espace). À 16h30, les yeux rivés sur les différents écrans géants du parc, la foule a applaudi dans une effusion de joie l'atterrissage réussi de l'astronaute français et de son confrère russe Oleg Novitski. Après six mois de mission à bord de l'ISS (station spatiale internationale), les deux hommes ont touché terre dans les steppes du Kazakhstan.

"L'effet pesquet" augmente la fréquentation de la cité de l'espace

Parmi la foule, des parents sont venus partager ce moment historique avec leurs enfants impatients d'en savoir davantage sur la science spatiale. D'autres ont préféré rester entre amis ou faire cavalier seul pour arpenter toute la journée les couloirs et les extérieurs de la Cité de l'espace. On croise tantôt des passionnés captivés par l'effervescence du jour, tantôt des amateurs curieux. La mixité du public semble ravir Jean-Baptiste Desbois, le directeur de la Cité de l'espace.

"La recherche spatiale n'est pas juste une science, c'est de la mythologie. Depuis toujours l'Homme tente de s'élever pour comprendre l'univers qui l'entoure. C'est aussi du patrimoine et de la géopolitique. Ce genre d'événement fédère le public. Aujourd'hui l'accès à la Cité de l'espace est gratuit pour que tout un chacun puisse venir célébrer le retour de Thomas Pesquet."

L'enthousiasme du directeur s'explique également par une croissance de fréquentation constante depuis 5 ans, très nettement accrue par ce qu'il appelle "l'effet Pesquet".

"Nous n'avions pas eu de spationaute français depuis presque une dizaine d'années. Thomas c'est l'astronaute 2.0, les Français ont appris à le connaître, ils se le sont appropriés. Grâce à sa maîtrise de la communication, il a su partager ses connaissances et ses convictions", ajoute Jean-Baptiste Desbois.

À TOULOUSE, L'ancien étudiant fait la fierté de l'ISAE Supaero

Originaire de Rouen, Thomas Pesquet a étudié à Toulouse au sein de l'Isae-Supaero (École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace). Chaque année cet établissement forme des apprenants à l'ingénierie spatiale avec différents cursus. Depuis six mois, les étudiants en cours de formation ont eu l'opportunité de suivre de très près les aventures de l'ancien élève.

"Nous sommes très impressionnés par son parcours. Pour aller dans l'espace il faut être passionné et extrêmement rigoureux, ce n'est vraiment pas donné à tout le monde. Pendant sa mission nous avons eu la chance d'échanger avec lui lors d'une conférence. Ce fut une expérience très instructive pour nous", confient deux étudiants de l'Isae-Supaero.

À travers ces témoignages, on décèle un profond respect dû à la difficulté d'une telle mission :  notamment les chocs et les changements brutaux subis par le corps tout au long de la mission et jusqu'à l'atterrissage. L'organisme est mis à rude épreuve, les muscles sont fragiles, les astronautes ne maitrisent plus l'apesanteur et n'ont plus d'équilibre.

"J'ai assisté à 7 atterrissages Soyouz et je peux vous dire qu'après un tel voyage Thomas Pesquet va avoir besoin de beaucoup de repos. Dans deux ou trois mois il aura le syndrome de l'accomplissement... Mais avant de mesurer son exploit il va passer une batterie de tests et terminer le programme du vol", explique Bernard Comet, Président du Médical board de l'ESA, en charge d'évaluer la santé des astronautes.

un avant et un après Thomas Pesquet

Retour Thomas Pesquet

Au niveau -1 des spécialistes étaient présents toute la journée (Crédits : Cité de l'espace)

L'expérience de Thomas Pesquet est un grand pas pour l'étude spatiale française. Depuis les locaux du Cnes à Paris, le président de la République Emmanuel Macron a téléphoné au spationaute fraichement atterri pour le féliciter : "Vous nous avez fait rêver" a-t-il dit. Cet échange entre les deux hommes a été retransmis à la Cité de l'espace. Attentif, Lionel Suchet, directeur de l'innovation, des applications et de la science du Cnes a dressé un premier bilan :

"La réussite exemplaire de Thomas dessine une issue plus que positive pour le pays. Il offre à la France un positionnement important pour les futures expéditions spatiales. Il a rempli sa mission haut la main d'un point de vue opérationnel, mais aussi émotionnel grâce aux technologies modernes et à sa communication novatrice"

un avenir tout tracé pour ce communicant hors pair

Les experts sont unanimes pour dire que Thomas Pesquet a marqué les esprits avec ses publications diffusées sur les réseaux sociaux. On se souvient notamment des photos de Toulouse qu'il a publié en mars dernier. Pour le spationaute Jean-Jacques Favier, les nouvelles technologies ont très largement contribué au bon déroulement de la mission Proxima.

"Désormais l'innovation permet à des gens comme lui d'avoir des nouvelles du monde extérieur pour garder le moral. Il a également fait la promotion du programme spatial. Il y a 20 ans j'ai volé 17 jours à bord de la navette Columbia : un temps record pour l'époque ! Certes on pouvait déjà communiquer avec la Terre, mais on était très isolés malgré tout."

Le sexagénaire est allé dans l'espace bien moins longtemps que Thomas Pesquet. Les technologies de l'époque ne permettaient pas un voyage plus long, au grand dam de l'ancien explorateur. Lorsqu'il observe la nouvelle génération prendre le relai et faire perdurer le travail qu'il a accomplit auparavant, il se dit "impressionné".

"Thomas a un profil atypique, c'est l'homme à tout faire : il s'exprime avec aisance, c'est un bon ingénieur et surtout il est de sa génération. Ce jeune homme avait en charge la maintenance de la station et de l'entretien du matériel. 450 tonnes en orbite, soit l'équivalent de 2 Boeing 747, ce n'est pas rien. Je pense que dans quelques années il pourra revoler. Sa renommée, sa résistance et la qualité de son travail font de lui un candidat idéal. Il a prouvé qu'il était capable", estime Jean-Jacques Favier.

D'ici là, il est attendu entre le 16 et le 20 octobre 2017 à la Cité de l'espace durant le Congrès mondial des astronautes, pour lequel 120 astronautes seront présents. À sa venue, Thomas Pesquet rapportera officiellement la pierre de Mars qu'il avait emporté avec lui durant son long voyage.

"La Cité de l'espace a offert à Thomas une pierre de Mars tombée sur Terre. Un cadeau que nous sommes loin de regretter car il a été un communicant extraordinaire. Véritable tête de prou de l'expédition, il a incarné la figure du héros. À long terme nous aurons un retour purement scientifique sur les expériences menées, mais nous pouvons déjà estimer qu'il a fait tout ce qu'il devait faire et même au-delà. Il a révélé au monde entier que l'espace est un terrain extraordinaire et que la Terre demeure aussi belle que fragile. Il a montré à sa façon la gravité de la problématique climatique actuelle", conclut Sylvestre Maurice, astrophysicien et spécialiste de la planète Mars.

Trois jours après son atterrissage, Thomas Pesquet a donné une conférence de presse à Cologne (Allemagne) ce mardi 6 juin. Après le tumulte du retour, le spationaute va bien. Sa mission continue encore pour quelques semaines, "mon travail n'est pas encore terminé" a-t-il annoncé. Il a adressé une pensée à ses trois collègues restés au sein de la station.

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