À quand des avions propulsés à l'hydrogène ?

Peu polluant, l'hydrogène pourrait, sous la forme de pile à combustible, être une alternative aux sources classiques de production d'électricité dans les avions. Les enjeux techniques, les coûts de production et le manque de structuration de la filière freinent cependant le développement de cette technologie. Décryptage.
Un Airbus A320

Utilisé depuis les années 70 sous sa forme liquide comme carburant dans l'industrie spatiale, l'hydrogène a également un fort potentiel dans le secteur aéronautique pour produire de l'électricité. Dans un premier temps, il pourrait en effet remplacer les énergies fossiles pour les systèmes non propulsifs et, à plus long terme, pour les moteurs principaux.

L'enjeu ? Réduire les émissions polluantes et le bruit émis par les aéronefs. Stocké sous l'une de ses trois formes - solide dans des hydrures métalliques ou chimiques, liquide cryogénique ou gaz - l'hydrogène alimenterait une pile à combustible produisant de l'électricité, de la chaleur et de l'eau.

"De grands acteurs mondiaux du secteur aéronautique comme Airbus, Boeing et Safran voient en l'hydrogène une alternative intéressante", note Laurie Rey, responsable de projet chez la société de conseil Alcimed, dans un rapport sur les enjeux et perspectives de l'hydrogène pour le secteur aéronautique.

Des recherches et des projets ont été menés sur le stockage de l'hydrogène à bord, ainsi que sur les piles à combustible destinées à transformer cet hydrogène en électricité. En 2008, des essais en vols ont été réalisés par Airbus sur un A320 pour tester et démontrer qu'une pile à combustible pouvait remplacer différents systèmes de génération de puissance propulsive ou non-propulsive.

De nombreux partenariats ont d'ailleurs été signés entre acteurs de l'aéronautique et de l'hydrogène en 2014, par exemple entre Safran et Cella Energy, ou encore entre Airbus et HySA.

Des freins au développement

Malgré ces marques d'intérêt, les barrières économiques existent au niveau des systèmes eux-mêmes et de l'infrastructure de production et de distribution. Les systèmes de stockage et d'alimentation restent chers comparés aux systèmes classiques fonctionnant au kérosène. "À titre d'exemple, dans le secteur automobile, la Toyota Mirai, équipée d'une pile à combustible de 114 kW, est proposée à partir de 57 500 dollars, contre environ 23 000 dollars pour la Toyota Camry, son équivalent en version essence", précise le rapport d'Alcimed.

"Les enjeux R&D autour du stockage, de la sécurité et des coûts de production de l'hydrogène ont freiné son développement, complète Laurie Rey. Une des problématiques majeures est l'absence de réseau de distribution d'hydrogène conséquent. Différents modèles économiques sont envisageables en fonction des quantités et de la forme de l'hydrogène à transporter."

Structurer la filière

Comme le remarque Alexandre Savin, responsable du bureau Alcimed à Toulouse, "pour favoriser une utilisation massive de l'hydrogène, il faut des investissements importants afin d'équiper les aéroports en infrastructures de production, de stockage et de distribution".

Ces investissements dépassant les capacités d'un seul acteur, toute la filière doit se structurer.

"La France est à un stade de développement médian. Les constructeurs automobiles nationaux ont ralenti leurs programmes. Il y a des acteurs, mais ils manquent de structuration et de soutien, constate Laurie Rey.

Il y a une prise de conscience nationale, surtout du côté des grands acteurs des gaz industriels comme Air Liquide, et de l'aéronautique comme Airbus. On observe quelques initiatives mais si une nouvelle dynamique n'est pas lancée, d'autres pays comme l'Allemagne vont creuser leur avance. L'État ou des donneurs d'ordres privés doivent donner l'impulsion."

En Midi-Pyrénées, le Conseil régional a lancé une étude sur le déploiement de l'hydrogène sur son territoire. "Le but est d'avoir une vision globale et d'assurer un déploiement harmonieux et convenable de cette énergie, c'est-à-dire non produites à partir d'énergies fossiles", explique Jean Tkaczuk, conseiller régional PS et président de la commission Recherche et enseignement supérieur à la Région Midi-Pyrénées.

Phyrenées, l'association regroupant les acteurs régionaux de la filière, compte parmi ses membres Airbus, mais aucune initiative ne semble concerner directement l'aéronautique. Jean Tkaczuk le confirme lui-même : "aucun projet ne m'a été présenté officiellement".

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Commentaires 3
à écrit le 27/11/2015 à 18:15
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A la veille de la COP21 pourquoi annoncer une telle ânerie ? Tout le monde sait que le principal gaz à effet de serre (encore une escroquerie politique) n'est pas le CO2 mais la VAPEUR D'EAU alors carburer à l'hydrogène va très largement contribuer à...

le 28/11/2015 à 11:37
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EXAT??? IL ONT TRANFORME LA PEUR DU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN GROSSES AFFAIRE JUSTEUSSE ? LA RECUPERATION DES IDEES SONT TOUJOURS TRANFORME PARS LE MONDE ECONOMIQUE EN VALEUR FINANCIERE? LE PROBLEME DANS TOUT CELA? C EST QUE L ON VAS COMTINUEZ A MON...

à écrit le 26/11/2015 à 22:14
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Le problème de l'hydrogène est double, d'une part sa faible densité et sa dangerosité. L'utiliser dans un avion implique de perdre énormément de volume et d'utiliser des réservoirs lourds pour le stocker. Son passage par une pile à combustible n'amél...

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