Sûreté aérienne : les innovations de l'aéroport Toulouse-Blagnac

Salle spéciale pour inspecter les bagages, portes d'embarquement automatisées et scan de billets, détection de traces d'explosifs, analyse des big data... l'aéroport de Toulouse (ATB) expérimente à partir de cet été toute une série d'innovations technologiques. Objectif : faire gagner du temps aux passagers et réduire les coûts de sûreté qui représentent aujourd'hui 19,5 % du chiffre d'affaires de l'aéroport.
L'aéroport de Toulouse sera doté de portes d'embarquement automatiques

Devoir enlever ses chaussures puis sortir sa tablette et ses produits de toilette de sa valise avant de franchir le portique de sécurité... Pour tout voyageur pressé, le passage du poste d'inspection filtrage (PIF) représente souvent un long moment d'attente à l'aéroport. Le responsable de l'escale de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) Thierry Duluc le reconnaît d'ailleurs : "C'est un passage obligé pour tous les voyageurs, qui prend un peu de temps avec des formalités qui ne sont pas toujours agréables pour les passagers, même si elles sont nécessaires."

Dernière règlementation en date : à partir du mois de septembre prochain, l'Union européenne imposera à tous les aéroports de passer 10 % des passagers et 5 % des bagages aux détecteurs d'explosifs. Pour réduire le temps d'attente des passagers tout en améliorant la sûreté, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a lancé un programme, intitulé Vision sûreté, qui autorise les grands aéroports français à tester toute une série d'innovations.

Passer de 145 à 250 passagers inspectés par heure

À Toulouse, dès cet été, une expérimentation est menée pour six mois sur deux des 12 lignes d'inspection de bagages.

Avant de pénétrer dans la zone d'embarquement, les images des objets passés aux rayons X sont transférées dans une salle spécifique à l'écart des passagers.

"Ce poste demande de la concentration et il n'est pas toujours facile de le faire au milieu des passagers. Deuxième avantage : un agent peut observer plusieurs lignes d'inspection de bagages en même temps", avance Thierry Duluc.

L'aéroport teste également de nouveaux scanners fournis par les sociétés Optosecurity et Smith, qui permettent de détecter des liquides ou la présences d'armes restées dans des bagages. Si l'expérience s'avère concluante, le dispositif pourra être généralisé en l'espace d'un an à l'ensemble des lignes d'inspection des bagages. Pour l'aéroport, le système coûterait 200 000 euros pour chaque ligne. Mais l'infrastructure espère réaliser des économies beaucoup plus importantes :

"Via cette expérimentation, nous pensons passer de 145 à 250 passagers inspectés par heure et réduire les coûts de sûreté de l'aéroport de 10 à 15 %, de 20 % dans le meilleur des cas", poursuit Thierry Duluc.

L'enjeu est de taille sachant que l'aéroport consacre actuellement 19,5 % de son chiffre d'affaires à assurer la sûreté de l'aéroport.

Des portes d'embarquement automatiques à la rentrée

Autre innovation, l'aéroport va tester à la rentrée les portes d'embarquement automatisées (self-boarding). Les passagers pourront scanner leur billet juste avant d'entrer dans l'avion (une tâche aujourd'hui réalisée par les hôtesses des compagnies aériennes). "Quatre portes d'embarquement avec des équipements automatisés seront mises en place à l'automne, puis quatre supplémentaires l'année prochaine, annonce le chef de service de l'escale. À terme, toutes les portes qui desservent des destinations de l'espace Schengen bénéficieront de ce dispositif." En revanche, les destinations en dehors de l'UE resteront manuelles, sachant que les agents doivent vérifier les passeports des voyageurs. Va-t-on vers une disparition des hôtesses à l'embarquement pour les vols court-courrier ? Thierry Duluc n'y croit pas :

"Ce n'est pas l'optique des compagnies aériennes. Les tâches très automatisées et très basiques se feront avec des équipements mais les agents se consacreront à toutes les particularités : des personnes qui méritent une attention particulière comme les femmes enceintes, les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées..."

Malgré le gain de temps apporté par ces nouvelles machines, les effectifs de l'aéroport devraient également se stabiliser.

"L'aéroport de Toulouse prévoit une augmentation de trafic (les nouveaux actionnaires chinois espèrent passer de 8 à 18 millions passagers d'ici à 2046, NDLR). Le but serait d'absorber cette évolution de trafic avec le personnel présent", ajoute Thierry Duluc.

Actuellement, 322 personnes (dont une trentaine en simultané) sont chargées d'assurer la sûreté de l'aéroport : contrôle des passagers et de leurs bagages au moment de l'enregistrement et de l'embarquement, mais aussi surveillance des mouvements dans les terminaux, sur les pistes, et aux abords des avions. En parallèle, une trentaine de pompiers est chargée de la sécurité des biens et des personnes.

le big data dans l'aéroport

Pour fluidifier les allées-venues des passagers, l'aéroport développe enfin une analyse plus fine des données. Depuis 3 ans, les passagers peuvent à leur arrivée à l'aéroport scanner leur billet d'avion pour voir le temps d'attente dans chaque hall d'embarquement. De son côté, l'aéroport se sert de ces données pour évaluer le flux de voyageurs. Un prévisionniste a même été embauché il y a un an et demi pour analyser toutes ces données et anticiper les taux de passage.

"À 6 heures du matin, nous avons un pic de fréquentation avec une clientèle d'affaires. Nous enregistrons entre 1 000 et 1 200 passagers par heure mais dans le creux de la journée deux heures plus tard, il n'y a plus que 300 passagers à l'heure. La mise en place du scan automatique de billets depuis trois ans nous a permis d'identifier les périodes de la journée les plus saturées et d'adapter le nombre d'agents en fonction."

Et de réduire ainsi de 15 % les coûts de sûreté de l'aéroport. Ce n'est qu'un début puisque les innovations se multiplient dans les grands aéroports français. Lyon-Saint-Exupéry teste ainsi  deux équipements prometteurs : un scanner corporel et un autre appareil qui inspecte le passager sans qu'il ait besoin de se déchausser. Thierry Duluc confie être très intéressé par ce type d'appareil mais les aéroports sont confrontés à une problématique de taille : "Aujourd'hui, il nous est très difficile de savoir ce que sera la réglementation sûreté et la technologie dans les prochaines années. Cela évolue tellement vite que la durée de vie des équipements ne dépasse pas cinq ans !"

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