Nouvelle usine de goudron à Toulouse : les opposants s'en remettent à la justice

L'arrivée d'une usine d'enrobé au nord-est de Toulouse, à Gragnague, suscite l'indignation des riverains. En cause ? Les risques pour la santé et l'environnement. Le maire de la commune, soutenu par les riverains et les élus locaux, souhaite désormais se tourner vers la justice pour contester l'autorisation préfectorale. Les précisions avec son avocat.
L'association nature et vie sur les coteaux se mobilise contre l'usine de goudron.
L'association "nature et vie sur les coteaux" se mobilise contre l'usine de goudron. (Crédits : Rémi Benoit)

Le bras de fer se poursuit au nord-est de Toulouse, sur la commune de Gragnague. « Les voitures blanches qui deviennent noires, les terrasses qui changent de couleur, les odeurs désagréables... »... Pour le maire de la commune, Daniel Calas, ce n'est pas le fait du hasard, mais bien dû à l'activité de la centrale d'enrobé.

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Pour rappel, le projet porté par la société Eurovia Grands Projets France, (filiale de Vinci Autoroutes) consiste en l'installation de deux centrales d'enrobé mobiles sur la commune de Gragnague, à proximité de l'autoroute A68. L'installation est destinée à la fabrication des enrobés nécessaires aux travaux de réfection des chaussées de l'autoroute A68 entre Toulouse et Gémil (18 km), qui vise à répondre à une exigence de sécurité routière.

Mais cette installation suscite la colère des riverains de Gragnague et des communes environnantes puisque l'enrobage est un processus industriel qui implique l'utilisation de produits chimiques et de matériaux polluants, tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des métaux lourds. Reconnues comme cancérigènes par l'OMS et le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC), ces substances sont jugées dangereuses pour la santé humaine.

Un système d'enregistrement remis en question

Respectant la procédure dite d'enregistrement, les deux usines ont pu débuter leurs activités le 26 avril dernier six mois après le dépôt d'un dossier d'autorisation par Eurovia à la préfecture de Haute-Garonne.

« Avant le 4 avril 2019, les usines d'enrobé bitumineux devaient obtenir une autorisation environnementale. C'est-à-dire qu'il fallait d'abord déposer une étude d'impact avec un certain nombre de preuves pour obtenir l'autorisation d'installer une usine de goudron. La procédure est désormais simplifiée. Aujourd'hui, les usines sont assujetties à l'enregistrement. Le dossier est alors réduit à son strict minimum. Ce fonctionnement permet aux industriels d'aller plus vite. Sauf que désormais la charge de la preuve a été inversée », détaille Me Faro, avocat de la commune de Gragnague et ancien avocat de Greenpeace.

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Concrètement, les industriels devaient auparavant prouver à la population, par son étude d'impact, que son projet ne présentait pas de risque. Aujourd'hui, ceux qui ne sont pas d'accord avec cet enregistrement, ici, les riverains, doivent désormais prouver par eux-mêmes que les conditions ne sont pas adéquates dans leur situation.

« Le problème, c'est que ces recours mettent des années à être traités par la justice. Nous sommes en effet dans un système administratif. Nous n'attaquons pas Eurovia, mais l'État puisque c'est lui qui donne ce droit à polluer. Nous avons donc deux ennemis quand on attaque une autorisation préfectorale, le préfet et Eurovia dans ce cas », ajoute l'avocat.

La crainte d'une installation pérenne

À ce jour, la société Eurovia est autorisée à faire fonctionner ses usines cinq jours par semaine et de préférence la nuit pendant 23 semaines. En principe, l'entreprise devrait donc avoir terminé son activité courant septembre.

Sauf que des inquiétudes subsistent quant à la prolongation de cette durée d'installation. En effet, la perspective de la construction de l'A69, laisse croire que l'usine pourra être utile à ce projet. « Si nous étions sûrs que l'usine ne resterait en activité que durant ces 23 semaines uniquement, le contentieux aurait pu s'arrêter là », affirme Me Faro.

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La préfecture de Haute-Garonne rassure en affirmant que ces usines seront démontées à la fin des opérations et le site remis en état par l'exploitant. Par ailleurs, toujours selon la préfecture, les rejets de l'installation dans l'environnement, mais également les nuisances sonores et olfactives feront l'objet de contrôles, avec un niveau d'exigence supérieur au standard réglementaire. L'absence de pollution des sols après le retrait des installations sera également soumise à un contrôle strict. Les résultats de cette surveillance seront transmis à l'inspection des installations classées pour la protection de l'environnement (DREAL Occitanie).

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Commentaire 1
à écrit le 02/06/2023 à 15:08
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Bon courage à tout ceux qui résistent à la corruption généralisée source principale de cette relocalisation dégueulasse, je sais pas ce qui leur prend de faire d'abord revenir les industries polluantes, ah ben si c'est vrai les chinois n'en veulent p...

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