Semaine de quatre jours : une nouvelle entreprise toulousaine se laisse tenter

Au sud de Toulouse, la société Bois Design, spécialisée dans les aménagements extérieurs en bois a mis en place, depuis le 1er avril la semaine de quatre jours pour sa vingtaine de salariés. Une aubaine pour un secteur qui peine à recruter et à fidéliser les professionnels de la menuiserie.
L'entreprise Bois Design a inauguré la mise en place de la semaine de quatre jours le 20 avril dernier en présence notamment d'Isabelle Hardy, vice-présidente du conseil départemental de Haute-Garonne et d'Émilie Dalix, conseillère régionale.
L'entreprise Bois Design a inauguré la mise en place de la semaine de quatre jours le 20 avril dernier en présence notamment d'Isabelle Hardy, vice-présidente du conseil départemental de Haute-Garonne et d'Émilie Dalix, conseillère régionale. (Crédits : Alexandra Frenkel)

En Europe, les expérimentations de la semaine de quatre jours se multiplient dans les entreprises à l'image de la banque italien Intesa Sanpaolo, le plus gros employeur privé du pays, avec 74.000 salariés qui a récemment annoncé vouloir proposer cette organisation du travail avec un salaire inchangé. À Toulouse aussi, certains établissements sautent le pas. Depuis le mois de janvier, la société Alu Sud, spécialisée dans la menuiserie aluminium a mis en place,  la semaine de 35 heures en quatre jours pour sa quinzaine de salariés et ne « s'imagine plus revenir en arrière ».

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Le concept fait des émules. Au sud de Toulouse, l'entreprise Bois Design vient de franchir le cap. Cette entreprise familiale spécialisée dans les aménagements extérieurs en bois (murs à ossature bois, bardage bois, terrasses, spas et saunas en bois) a débuté l'expérience depuis le 1er avril. L'entreprise qui intervient chez les particuliers, mais également dans des promotions immobilières et dans le tertiaire, dispose de bureaux et d'un atelier de 400 m2 situé à Sainte-Foy-D'Aigrefeuille où l'ensemble des chantiers y sont préparés.

Motiver les salariés face à la pénibilité du métier

Pourquoi proposer la semaine de quatre jours ? « Les éléments déclencheurs ont été multiples, mais disons que Emmanuel Macron et la réforme des retraites y ont contribué fortement », affirme le gérant Gilles Bonzom, à l'origine de l'initiative. Auparavant cadre dans l'industrie aéronautique durant 17 ans, ce dernier a entrepris dans le bois dans le cadre un projet de reconversion professionnelle pour « entreprendre » mais aussi « retrouver du plaisir au travail ». Pas étonnant que pour ce dirigeant d'entreprise la qualité de vie au travail soit primordiale.

Pour lui, elle est nécessaire pour la motivation des salariés confrontés à la pénibilité des travaux et des interventions extérieures, assujettis donc aux conditions météorologiques . « Il était nécessaire de monter un contrat moral entre nos salariés. Nous avons donc ensemble monté un contrat gagnant-gagnant, en étant unis avec des objectifs communs », déclare le patron. L'objectif de ce dernier est d'éviter le départ de ses collaborateurs, de favoriser leur montée en compétence et de capitaliser sur leur engagement au travail.

« Il est indispensable que chaque collaborateur soit autonome et complètement investi dans sa mission. Pour ce faire, il doit bénéficier d'un terrain propice à son émancipation personnelle tant sur son savoir-faire que sur son savoir-être. C'est pour cela que la semaine des quatre jours est importante », affirme le gérant.

Pour le dirigeant de Bois Design, ce contrat social est également positif pour le développement de l'entreprise alors que les clients sont de plus en plus attentifs aux conditions de travail des ouvriers. La semaine de quatre jours permet également de réaliser des économies d'énergie.

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 Une entreprise avant-gardiste en matière sociale

 « La part sociale de l'entreprise et le bien-être des salariés a toujours été mon fil conducteur », poursuit l'entrepreneur. Bois Design, qui emploie 21 salariés, déploie une politique sociale avant-gardiste avec la mise en place de nombreuses actions : instauration d'une mutuelle groupe avant l'obligation gouvernementale, semaine de 35 heures payées 37, primes d'intéressement au résultat, l'emploi de personne en situation de handicap, la revalorisation salariale annuelle ou encore la formation de son personnel...

Selon Bois Design, « l'avenir économique des territoires se construit avec le capital humain des entreprises ». Le patron reste par ailleurs très engagé dans la filière bois puisqu'il est administrateur de l'union des métiers du bois France, mais également secrétaire des syndicats des charpentiers et menuisiers de Haute-Garonne et fait aussi partie de la commission de révision des DTU (Documents techniques unifiés).

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 « Je ne changerai pas pour repasser en semaine de cinq jours »

 Pour Bois Design, l'instauration de la semaine de quatre jours n'est qu'une demie-révolution puisque depuis huit ans, déjà les collaborateurs ne travaillaient qu'un vendredi sur deux. « Nous avons fait 50 % du chemin », constate Gilles Bonzom.

Après à peine un mois d'expérimentation, la semaine de quatre jours semble déjà avoir conquis les collaborateurs. « Cela fait deux ans que je suis ici, le week-end de trois jours me convient parfaitement, je ne changerai pas pour repasser en semaine de cinq jours, c'est sûr », Guillaume Bardini, salarié chez Bois Design.

« Je ne m'y attendais pas, parce que je suis arrivé dans l'entreprise début septembre. Avant, nous ne travaillions qu'un jeudi sur deux et c'était vraiment pas mal. Aujourd'hui, d'avoir tous les vendredis qui sautent, c'est très agréable, cela nous permet de faire tout ce qu'on ne peut pas faire le week-end comme aller chercher un colis à La Poste par exemple », Liam Aupetit, également salarié.

Les représentants de la région, du département et de la commune ont également tenu à saluer l'initiative lors du lancement inaugural, le 20 avril dernier, de ce nouveau modèle de travail, à l'image d'Isabelle Hardy, vice-présidente du conseil départemental de Haute-Garonne.

« Dans une période où le président Macron impose une réforme des retraites, je suis intimement persuadée que la semaine des quatre jours fait partie de ce nouveau modèle de société », considère Isabelle Hardy.

Émilie Dalix, conseillère régionale, venue au nom de Carole Delga, a quant à elle insisté sur les problématiques liées à l'embauche, notamment dans le domaine de la menuiserie.

« La région Occitanie fait face à des difficultés de recrutements avec en parallèle des demandeurs d'emploi qui sont nombreux et il est donc important d'arriver à trouver des moyens pour favoriser le retour à l'emploi », Émilie Dalix.

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 2,4 millions de chiffre d'affaires

Même si l'entreprise affiche un chiffre d'affaires de 2,4 millions d'euros, le gérant confie qu'une perte de 200.000 euros de chiffre d'affaires l'année dernière a poussé la structure à piocher dans ses fonds propres. « J'ai tout de même accordé une augmentation de 4 % », précise le patron. L'avenir de Bois Design, malgré les incertitudes du marché et les différentes crises, devrait passer par des investissements nécessaires, parmi lesquels, l'agrandissement de leurs bureaux avec la création d'un bureau d'études, l'embauche de nouvelles collaboratrices et collaborateurs ou encore l'investissement dans un nouveau logiciel de calcul RH. Des rapprochements avec des confrères afin de mutualiser nos compétences sont également en cours. L'entreprise a par ailleurs récemment ouvert une agence à Bordeaux.

« Je ne sais pas comment nous évoluerons, en tout cas le dialogue avec les salariés sera constant. L'expérience de ce nouveau projet nous donnera raison ou peut-être tort, mais nous mettons tout en œuvre pour la réussite de ce nouveau modèle social », conclut Gilles Bonzom.

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Commentaire 1
à écrit le 02/05/2023 à 18:46
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d ici 3 ans maximum , soit l usine sera doit rachetée, soit en faillite; Vive l'occident qui nous laisse prendre tous les marchés grâce a sa fainéantise

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