Jean-Paul Viguier, l'architecte de l'Institut Universitaire du Cancer, sera présent pour l'accueil des premiers patients. Interview.

À quelques jours de l'arrivée des premiers patients à l'Institut universitaire du cancer, Jean-Paul Viguier, architecte en chef de la réhabilitation du site de Langlade, raconte son projet. Il décrit un bâtiment conçu comme un établissement universitaire, propice aux échanges entre soignants, chercheurs et patients. Interview.Vous venez de livrer l'IUC à Langlade. Quel était le cahier des charges ? Comment l'avez-vous conçu ?
Jean-Paul Viguier

À quelques jours de l'arrivée des premiers patients à l'Institut universitaire du cancer, Jean-Paul Viguier, architecte en chef de la réhabilitation du site de Langlade, raconte son projet. Il décrit un bâtiment conçu comme un établissement universitaire, propice aux échanges entre soignants, chercheurs et patients. Interview.

Vous venez de livrer l'IUC à Langlade. Quel était le cahier des charges ? Comment l'avez-vous conçu ?

J'ai été choisi pour être architecte en chef de la réhabilitation de ce site qui avait été ravagé en 2002 par l'explosion d'AZF et je dis souvent que j'ai récupéré un petit morceau de lune. Ma mission était de le métamorphoser complètement et de trouver un moyen d'y faire cohabiter recherche et santé pour faire de ce site l'un des premiers centres mondiaux de recherche privée et publique consacré au cancer. La présence des patients sur le site était une dimension inédite qui changeait la donne car il fallait construire un bâtiment capable de fédérer toutes les énergies. J'ai conçu l'IUC autour d'une grande rue intérieure de 120 m de long, que j'appelle « plateforme d'échanges ». Tous les laboratoires, les services de recherche (INSERM, ESF), et bien sûr les soignants y ont un accès direct. De nombreuses salles de réunions y sont disséminées de part et d'autres. L'IUC est conçu comme un établissement universitaire propice aux échanges dans un espace de 78.000 m2 où vont se côtoyer soignants, chercheurs et patients.

Vous avez aussi construit l'hôpital de Castres et, pour décrire votre travail, vous utilisez la métaphore de "l'architecture qui soigne". Comment cela se traduit-il à l'IUC ?
En effet, l'hôpital de Castres a été mon premier pas dans l'exploration de cette dimension. On sait que la fréquentation de l'hôpital est stressante pour les patients. Or, ce stress empêche de mobiliser ses ressources pour la guérison. Je me suis donc attaché à dessiner un bâtiment avec des formes courbes, deux arcs qui accueillent les chambres de malades. Il y a aussi de larges surfaces vitrées au sud qui ouvrent sur la nature car il fallait que la matière fasse le lien entre la nature et le bâtiment. De nombreuses petites terrasses végétalisées recréent une atmosphère familiale. À l'intérieur, j'ai mis du bois dans les chambres et dans les couloirs, pour apporter de la chaleur. Un travail particulier a par ailleurs été mené sur les éclairages avec des rampes lumineuses latérales pour éviter les éblouissements des néons sur les brancards.

L'IUC est construit sur une Zac. Cela a-t-il provoqué des contraintes supplémentaires ?
Non, j'ai pu dessiner le cœur d'ensemble de l'IUC librement. En revanche, nous avions des contraintes liées à la présence de la Garonne : tous les bâtiments ont été surélevés et dessinés dans le sens du flux de l'eau pour ne pas créer d'obstacle en cas de débordement. Nous avons aussi beaucoup végétalisé et planté ce qui aujourd'hui ressemble à une petite forêt. Symboliquement, c'est important pour les Toulousains que la nature soit revenue aujourd'hui sur ce site.

Vous êtes vous-même toulousain, ce projet a-t-il une connotation particulière ?
Oui, je suis né à Toulouse et ma famille est toulousaine depuis des générations. J'ai quitté la ville dans les années 70 et ma carrière est aujourd'hui internationale, mais Toulouse reste ma ville préférée. J'y reviens souvent et je serai là d'ailleurs au moment de l'arrivée des premiers patients. Je veux les rencontrer, qu'ils sachent que beaucoup de monde a travaillé sur ce projet avec beaucoup de soin.

Propos recueillis par Béatrice Girard

© photo Rémi Benoit

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