Immobilier : les universités toulousaines font peau neuve

En plein centre-ville de Toulouse, l’université Toulouse 1 Capitole continue de s'agrandir, avec notamment la construction du nouveau bâtiment de TSE. PAr un jeu de chaises musicales, c'est Sciences Po Toulouse qui emménagera à la Manufacture des Tabacs en 2019. De son côté l'université Jean-Jaurès a été entièrement reconstruite et l'UT3 Paul-Sabatier a entamé ses rénovations.
Le chantier du futur bâtiment de TSE devrait être terminé en 2019

Dans la deuxième ville de France (qui attire le plus grand nombre d'étudiants après Paris), l'université de droit, économie et sciences sociales, UT1 Capitole, se paie le luxe de se déployer en plein centre-ville.
Une situation exceptionnelle et rare en province, avec un campus à part entière qui regroupe des logements, un espace de restauration, des bibliothèques, des salles de cours, des bureaux pour les enseignants... Mais cet espace contraint, et la perspective de croissance constante du nombre d'étudiants ont rapidement fait comprendre aux universitaires qu'ils devaient récupérer des mètres carrés. L'université, qui comptait 18 000 étudiants il y a sept ans, en accueillait 21 500 en 2015-2016 et table sur 23 000 à 25 000 inscrits en 2025. "Au regard de ces projections, nous avons postulé auprès de l'État pour obtenir la dévolution de notre patrimoine et nous l'avons obtenue dès 2012", explique aujourd'hui Bruno Sire, porteur de ce projet alors qu'il était le président de l'université. Depuis, il s'est vu confier, par son successeur Corinne Mascala, une mission aux opérations immobilières.

Lire aussi : Parc immobilier, innovation pédagogique, Idex : Toulouse reconstruit son université

Le bâtiment de TSE livré en 2019

L'université Toulouse 1 Capitole est - avec celles de Clermont-Ferrand et de Poitiers - l'une des trois facultés de France à être propriétaire de ses murs. Une particularité qui lui garantit la maîtrise de ses investissements immobiliers et une dotation publique de 5 millions d'euros par an pour s'agrandir. Une somme que l'université abonde à hauteur de 1 million d'euros par an. "Nous avons négocié cette somme en fonction de nos besoins de développement pour pouvoir investir 6 millions d'euros en moyenne chaque année", explique Bruno Sire.

Le terrain est immense : l'université se déploie sur 83 000 mètres carrés répartis sur les espaces de l'Arsenal, des anciennes facultés et de la Manufacture des tabacs. Le projet phare concerne la construction, à proximité de la place Saint-Pierre, de la future Toulouse School of Economics (TSE) entamée en 2013 (10 000 mètres carrés, des bureaux, un amphithéâtre et des salles de cours). Après la défaillance de l'un des maîtres d'œuvre, le chantier avait été stoppé en 2015, avant d'être repris par Eiffage. Ce désagrément a eu quelques répercussions budgétaires et de calendrier.

"Nous livrerons ce bâtiment en 2019, soit avec trois ans de retard et une enveloppe financière largement dépassée. Elle devrait atteindre les 60 millions d'euros au lieu des 44 initialement prévus", estime Bruno Sire.

L'autre chantier d'envergure en cours concerne le rachat par l'université du parking de la cité administrative situé au cœur du campus. Ce projet, lancé en 2007 dans le cadre du plan campus qui permet à l'université de mobiliser 12 millions d'euros par an, vient d'être finalisé en mars. Il concrétise la première tranche de travaux pour un montant de 15 à 16 millions d'euros. "Nous parons au plus pressé, avec la construction de salles de cours pour la formation continue et d'équipements sportifs, notamment des gymnases couverts pour des sports en salle : basket, handball, murs d'escalade... À cela s'ajoutera un bâtiment de 400 mètres carrés destiné à la médecine préventive", pointe Bruno Sire. Une seconde tranche de travaux permettra la construction d'amphithéâtres de 150 à 200 places. Mais, pour pouvoir la lancer, l'université mise sur des financements dans le cadre du futur contrat de plan État-Région (CPER). Rien ne sera donc entrepris avant 2022.

TSE, chantier

Le chantier du futur bâtiment de Toulouse School of Economics, au bord du canal de Brienne (© photo Rémi Benoit)

Sciences Po déménagera à la Manufacture des tabacs

À Toulouse, le déménagement de Sciences Po est un serpent de mer... Un sujet sensible
qui fait partie des projets immobiliers de l'université Toulouse 1 Capitole. L'établissement,
situé rue des Puits-Creusés et dont les locaux sont vétustes, devait déménager sur le site
du Bazacle, quai Saint-Pierre, dans un bâtiment neuf de 5 000 mètres carrés dessiné par l'agence d'architecture GGR. Mais, en 2014, le projet a été abandonné après l'avis défavorable au permis de construire donné par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. Parmi les solutions de relogement proposées par la Mairie figurait notamment une installation sur le site de l'Ensica, à Jolimont. "Ce n'était pas une bonne idée", confie aujourd'hui Corinne Mascala, présidente de l'université. Pour Philippe Raimbault, qui portait ce projet alors qu'il était directeur de Sciences Po (il est désormais président de l'université de Toulouse), ce déménagement non abouti reste "sa plus grande déception". Par un jeu de chaises musicales, l'IEP sera finalement relogé à la Manufacture des tabacs, dès que les étudiants de la Toulouse School of Economics auront emménagé dans leurs nouveaux locaux.

Sciences Po Toulouse, IEP

Les locaux actuels de l'IEP de Toulouse (© photo Rémi Benoit)

L'UT2 Jean-Jaurès, seule université de France entièrement rénovée

Entamée des les années 1990, la reconstruction de plusieurs bâtiments de "l'université du Mirail" s'est accélérée dès l'an 2000 avec la validation d'un schéma de reconstruction globale. À la recherche de moyens financiers importants pour achever sa restructuration, l'université et son président de l'époque, Jean-Michel Minovez, ont finalement fait le choix d'un important partenariat public-privé. À la clé de ce contrat signé entre l'État, les collectivités locales et l'opérateur Vinci, un investissement public de 202 millions d'euros permettra finalement la reconstruction du campus. C'est Daniel Lacroix, le nouveau président de l'université Toulouse 2 Jean-Jaurès depuis 2016, qui a inauguré le campus en novembre dernier. "Aujourd'hui, nous avons un campus rationalisé", se félicite-t-il, conscient de mettre à la disposition des étudiants et des professeurs "un outil exceptionnel". La reconstruction de ce campus de 23 hectares, confiée aux architectes Valode et Pistre associés au groupe Kardham Cardete Huet Architecture, permet aujourd'hui à l'université de disposer de 20 000 mètres carrés supplémentaires, soit 130 000 mètres carrés de surfaces intérieures contre 109 000 auparavant. 94 000 mètres carrés de bâtiments ont été rénovés et reconstruits.

Université Jean-Jaurès

Le campus du Mirail entièrement reconstruit (© photo Rémi Benoit)

Un auditorium flambant neuf à Paul-Sabatier

Sur le campus scientifique de Rangueil, un programme de rénovations immobilières de 150 millions d'euros est en cours dans le cadre du plan campus avec une dizaine de réhabilitations programmées. Parmi les chantiers imminents, on peut citer celui de la Maison de la réussite, un tout nouveau bâtiment qui rassemblera bureaux et salles de cours. Sa livraison est prévue en 2018. Les autres concernent des laboratoires de recherche, le centre de biologie intégrative et un bâtiment de recherche optique sur le campus de Rangueil d'une part, et l'extension de l'agrobiopôle à Auzeville d'autre part.

À l'automne dernier, l'université scientifique a aussi inauguré son nouvel auditorium baptisé Marthe-Condat, après plusieurs mois de rénovation et de remise aux normes de sécurité. À l'avenir, le campus de Rangueil pourrait néanmoins devoir se serrer la ceinture. En effet, Jean-Pierre Vinel, le nouveau président, a engagé dès son arrivée en janvier dernier un vaste plan de réduction des coûts (16 millions d'euros dans les trois prochaines années). Avec un objectif, le rééquilibrage de ses comptes d'ici à 2019. "Un plan qui ne réduit pas le budget consacré à notre patrimoine immobilier, explique cependant la directrice du patrimoine de l'université Chitra Iriart, puisque le plan de redressement porté par l'équipe dirigeante prévoit de financer l'entretien des bâtiments dans le cadre de l'opération Toulouse Campus."

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