Opinion. "Le temps n’est plus à l’industrie du futur, mais au futur de l’industrie"

L'industrie française et européenne est durement touchée par la crise sanitaire du Covid-19. En Occitanie, l'activité industrielle est ainsi considérablement réduite. David Machenaud, directeur associé du cabinet de conseil Opeo et expert en transformation industrielle propose, dans une tribune, de repenser de manière plus locale notre industrie. Opeo fait par ailleurs partie des sept prestataires mandatés par la Région Occitanie pour accompagner des PME et ETI du territoire dans le cadre du parcours régional vers l'Industrie du Futur.
David Machenaud, directeur associé du cabinet de conseil Opeo, appelle à une industrie plus locale.
David Machenaud, directeur associé du cabinet de conseil Opeo, appelle à une industrie plus locale. (Crédits : Open)

Nous vivons un moment inédit. La crise sanitaire et économique du Covid-19 touche tous les continents, toutes les strates de population, tous les secteurs d'activités. L'industrie connaît un double choc.

Un choc d'offre d'abord. Les déplacements sont suspendus, les populations sont confinées, les usines se mettent à l'arrêt. Parfois, sous la pression des salarié·es qui craignent légitimement pour leur sécurité. En conséquence, les chaînes de production et d'approvisionnement sont interrompues. Un chiffre vient attester de ce net ralentissement industriel : selon l'Insee, en dehors de l'agroalimentaire, l'activité industrielle est réduite de moitié.

Cette crise crée également un choc de la demande lié au ralentissement de la consommation et au report des décisions d'achat : qui aujourd'hui prévoit d'acquérir une voiture ? De plus, qui n'a pas revu sa consommation au strict nécessaire, reprenant conscience au passage de la proportion incroyable de consommation accessoire ou irréfléchie ?

L'industrie démontre aussi son incroyable agilité

On observe ainsi que le secteur textile réoriente son activité vers la production de masques, les industriels de la chimie vers la production de gels hydroalcooliques et de matériel médical. Parmi ceux-ci, Gaches Chimie, LVMH, Armor Lux...

Quel enseignements en tirer ? L'industrie s'adapte en réalité à notre demande !  Et nous avons donc l'industrie que nous méritons.

Et si ce choc de la demande engendrait une prise de conscience des consommateurs et consommatrices ? Et si l'acte d'achat devenait demain un acte engagé pour redynamiser et relocaliser notre industrie ? Et si pour chaque euro dépensé nous nous posions la question non seulement de notre besoin, mais aussi de notre engagement ?

Trois bonnes raisons de le faire.

L'industrie est un secteur qui s'implante au coeur des territoires. Elle redynamise l'économie des zones dites "périphériques", par opposition aux métropoles, et contribue ainsi à réduire les risques de fractures sociales.

Ensuite, l'industrie est un secteur qui brasse toutes les compétences : des mains d'or aux ingénieur·es, en passant par les business developers ou depuis peu les "geeks". Quel meilleur creuset pour pratiquer tous les jours le "vivre ensemble", d'autant plus si cela est maillé sur tous nos territoires ?

Enfin et surtout, l'industrie jouera un rôle fondamental dans la réponse aux enjeux de la planète : la rapprocher des consommateurs améliore la qualité de sa réponse. Citons notamment les nouvelles marques comme Le T-shirt propre, Hopaal ou des projets comme Gratitude. Mais au-delà de ces exemples B2C, pensons à toute la chaîne de valeur qui se situe derrière nos consommations, de l'agroalimentaire jusqu'à la santé.

Alors, prêt·es pour une consommation engagée au service d'une industrie humaine, locale et verte ?

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