COP21 : Grâce au train du climat, des scientifiques toulousains interpellent le grand public

Des scientifiques toulousains sont à l’origine du Train du climat, l'exposition itinérante qui sillonne la France depuis le 6 octobre et jusqu’au 25 octobre prochain. Pour Catherine Jeandel, directrice de recherche au CNRS et vice-présidente de Madeeli à l’origine du projet avec Christophe Cassou (qui interviendra à Toulouse le 15 octobre lors du Forum Climat COP21), il fallait trouver un moyen d’aller à la rencontre du grand public. Interview.
Catherine Jeandel

Vous avez lancé, avec un groupe de chercheurs toulousains, le Train du climat. Cette initiative labellisée COP21 est devenue nationale. Expliquez-nous comment est né ce projet ?
Nous avons élaboré ce projet avec les chercheurs Christophe Cassou, Serge Planton et la médiatrice scientifique Béatrice Korc, car nous souhaitions parler des enjeux du réchauffement climatique auprès d'un large public et dans tout le territoire. Notre constat de départ était en effet que le grand public entendrait parler de COP21 avant tout à Lyon, Marseille et Paris, mais assez peu ailleurs. Or, nous souhaitions que les chercheurs et le grand public arrivent à se rencontrer un peu partout en France, dans l'esprit Novela à laquelle j'ai par ailleurs participé, ainsi que mes collègues, depuis plusieurs années. Pour cela, le train nous a semblé le meilleur vecteur. Nous y proposons donc une exposition itinérante construite à partir des résultats les plus récents sur le dérèglement climatique.

Que dit cette exposition ?
Elle propose un parcours très didactique pour comprendre les effets du dérèglement climatique, les effets attendus sur la planète si l'on ne change rien et enfin un débat avec des scientifiques sur toutes les solutions possibles, techniques ou non.

Dans une première voiture, nous montrons les déterminants de la variabilité naturelle du climat à travers des objets traduisant des enregistrements de variations. Nous montrons notamment les climats passés et actuels que nous savons modéliser informatiquement l'impact de l'activité humaine sur le réchauffement de la planète.

Nous proposons ensuite des projections futures des effets attendus si on ne change rien dans nos activités actuelles. Notamment une hausse des températures de 4 à 6°C annoncée d'ici à la fin du siècle et des effets perceptibles dès 2050. De grandes cartes traduisent cela à l'échelle de la planète : sécheresse, recul de la banquise, et de la calotte glaciaire de l'antarctique...

Enfin, dans la troisième partie de l'exposition, nous engageons un débat sur les solutions à mettre en œuvre en matière d'agriculture, d'énergie, d'industrie et de transport.

À bord du train, des scientifiques travaillant dans les différentes disciplines en lien avec le climat, jouent le rôle de médiateurs. Ces "messagers du climat" sont là pour expliquer et présenter les choses, car l'exposition se veut très interactive avec notamment de courtes interviews de géographes, philosophes, sociologues, économistes...

Quelles sont les prochaines étapes* du train du climat et êtes-vous satisfaite des premiers arrêts ?
Oui, il y a beaucoup de monde et un public très large, de 10 à 90 ans ! Chaque ville étape organise un accueil local coordonnée par les correspondants locaux de la Fête de la Science, dans un village animé. En effet, l'opération "Messagers du Climat", parrainée par Jean Jouzel et hébergée par "Météo et Climat", est aussi l'opération nationale de la Fête de la Science et, à cet égard, est très soutenue par le ministère de la Recherche et de l'enseignement supérieur. Dans ces villages, on retrouve encore l'esprit "Novela". Le train sera dans le sud, le 11 octobre à Marseille, le 12 à Montpellier, puis le 13 à Toulouse. Expositions et animations sont prévues sur les moteurs des océans, le fonctionnement des satellites avec le Cnes, des animations et expériences sur le climat actuel avec Météo France, etc.

En tant que scientifique, qu'attendez-vous de la conférence sur les changements climatiques COP21 qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre ? Êtes-vous optimiste quant à la signature d'un accord ?
À vrai dire, je suis plus optimiste qu'en juin dernier, notamment parce que nous avons eu des signes forts cet été avec un engagement conjoint des États-Unis et de la Chine à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Des banques, également, ont retiré leurs investissements dans l'exploitation de charbons contaminants dans la grande barrière de corail en Australie. Donc, peu à peu (mais encore trop peu !), l'industrie et le monde de la finance se sentent concernés.

Pour autant, on ne sait pas ce qui se passera lors de la COP21. Nous espérons des objectifs chiffrés. Mais notre rôle en tant que scientifiques, c'est avant tout de poser un diagnostic pour ouvrir le débat. Ce qui se passera ensuite à la COP21 nous échappe.

*Pour connaître le programme complet des prochaines escales du Train du climat, cliquer sur www.messagersduclimat.com

Forum Climat COP21 le 15 octobre à Toulouse

Le climatologue Christophe Cassou viendra évoquer le Train du climat à l'occasion du Forum Climat COP21 le 15 octobre à Toulouse de 8h30 à 13 heures, aux Espaces Vanel de la médiathèque José Cabanis.

Cet événement rassemblera de nombreux acteurs de la vie économique, scientifique et politique régionale et aura pour but de mobiliser l'ensemble des acteurs locaux sur les questions de transition énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique.

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