Europe-Afrique du Nord : la Convention réaffirme l’intérêt stratégique économique des pays du Maghreb

Alors qu’elle a pour ambition de faciliter les partenariats entre entrepreneurs dans l’espace Europe-Afrique du nord, la Convention Europe-Afrique du Nord a de nouveau réussi son pari lors de sa tenue à Toulouse fin 2021. Une trentaine de solutions ont été trouvées pour des entreprises des deux continents. Tous les intervenants ont confirmé le potentiel économique gigantesque des pays du Maghreb.
Table Ronde « Réinventer les liens Europe Afrique » animée par Delphine CHÊNE, Présidente de La Tribune Afrique.
Table Ronde « Réinventer les liens Europe Afrique » animée par Delphine CHÊNE, Présidente de La Tribune Afrique. (Crédits : Droits réservés)

Moins de participants mais une édition qualitative. La 17ème édition de la Convention Europe-Afrique du Nord qui s'est tenue dans un format hybride à Toulouse, les 17 et 18 décembre 2021, a réuni 150 entreprises françaises, allemandes et des pays du Maghreb, et une trentaine d'entre elles ont trouvé des solutions de coopération selon l'organisateur de l'événement :

« Une société allemande dans la certification aéronautique a trouvé un partenaire marocain pour l'introduire dans l'écosystème automobile. Une entreprise algérienne dans le domaine de l'énergie qui veut investir à Toulouse a été mise en relation avec Invest in Toulouse. Enfin, nous accompagnons une société marocaine qui souhaite installer un laboratoire en Occitanie pour créer de nouveaux médicaments. Ce sont des exemples très concrets de ce qu'apporte la Convention », explique Mohamed El Ouahdoudi, président de la Convention Europe-Afrique du Nord, qui rappelle que « son caractère unique, c'est son double ancrage, à la fois en Europe et dans les pays du Maghreb. Lorsque l'on parle d'un partenariat Europe Afrique, il faut être en mesure d'accompagner les entreprises de l'autre côté de la frontière et de leur trouver des contacts très concrets. C'est ce que nous faisons. »

La Convention Europe-Afrique du Nord entend, en l'occurrence, favoriser les investissements d'entreprises maghrébines en Europe et inversement, car il s'agit, dans le même temps, d'encourager les investissements d'entreprises européennes en Afrique du Nord.

« L'objectif est de faire en sorte que l'entrepreneur français puisse devenir un entrepreneur local au Maghreb. Il faut encourager ce mouvement et considérer que l'entreprise créée au Maghreb n'est pas une délocalisation sauvage mais bien au contraire un investissement sur le continent de l'avenir. Tous les intervenants ont confirmé le potentiel gigantesque de cette région. Le coût de l'hydrogène serait, par exemple, six fois moins cher à produire qu'en Europe », insiste Mohamed El Ouahdoudi. Aucun secteur économique ne peut d'ailleurs être exclu de la coopération avec l'Afrique du Nord, selon la Banque publique d'investissement.

Une Europe plus agile

Le message était donc, en substance, celui-ci : il est important de renforcer les liens entre l'Europe et l'Afrique du Nord mais aussi de les réinventer.

« Il y a 15 ans, la France était quasiment la seule à investir dans les pays du Maghreb, et si elle reste le premier investisseur au Maroc, en Algérie, en Tunisie, des concurrents très ambitieux s'intéressent à cette région, notamment la Chine, la Turquie, les anglo-saxons. Alors que l'économie se redessine en Afrique du Nord, il s'agit pour l'Europe d'être plus réactive et agile pour ne pas être évincée », insiste Mohamed El Ouahdoudi qui, pour appuyer ses propos, annonce que le Maroc vient d'élever à 20 millions d'euros le plafond d'investissement à l'étranger de ses entreprises. « C'est une nouvelle donne qui prouve que l'Afrique du Nord est loin d'être une zone sinistrée ou en difficulté.»

« Mais l'entrepreneur ne doit pas juste venir pour faire un coup et repartir », insiste-il encore. « L'investissement qui gagne, c'est l'investissement dans la durée. Développer les circuits avec les pays du Maghreb permettra de fixer les populations là où elles sont, de renforcer le développement de l'Afrique et de créer un véritable partenariat économique. » Car, les organisateurs voient plus loin. : « il faudra que l'Europe considère l'Afrique du Nord comme un partenaire, un relais, un hub vers le reste du continent africain. Il ne s'agit pas de jouer une partie de l'Afrique contre l'autre », assure Mohamed El Ouahdoudi.

Dans ce contexte, l'Occitanie a aussi un rôle à jouer. La Convention a, à ce stade, identifié quelques joint-venture entre l'Occitanie et l'Afrique du Nord, le Maroc notamment, dans le domaine de la cosmétique ou encore le conseil en sécurité mobilité. Un projet de rencontre avec d'anciens étudiants de Toulouse devenus entrepreneurs au Maghreb a par ailleurs été proposé.

Cap sur Nouakchott

Pour son prochain rendez-vous annuel, la Convention mettra le cap sur Nouakchott en novembre 2022. Il s'agira de la 18ème édition. L'Association des réseaux économiques Europe Afrique (AREEA), qui a conclu l'édition toulousaine par son assemblée générale, s'est donnée comme priorité en 2022 de constituer une délégation française et européenne d'entreprises de toutes tailles pour des projets d'investissement en Mauritanie, et dans les autres pays d'Afrique du Nord.

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