ESG, ISR... La finance en pleine mutation verte et responsable ?

Dans le cadre de son événement Partageons L'Économie, La Tribune a fait débattre ses invités sur la possibilité d'une finance durable et respectueuse de l'environnement. En quelques années, les initiatives autour de ce sujet se sont multipliées. Au point de devenir la norme ? État des lieux.
L'économiste Nicolas Mottis estime que performances économique et environnementales sont conciliables.
L'économiste Nicolas Mottis estime que performances économique et environnementales sont conciliables. (Crédits : Frédéric Scheiber)

Le capitalisme est-il en train de changer ? À l'occasion de son événement Partageons L'Économie dédié à la RSE, organisée jeudi 15 avril à l'Isae-Supaero, la rédaction de La Tribune a souhaité poser cette question à Nicolas Mottis, professeur à l'Ecole polytechnique et directeur de l'Executive Master. Pour le chercheur, qui étudie depuis plusieurs années le potentiel lien entre le développement écologique et la RSE, la réponse est indéniable.

"Quelques années en arrière, quand je parlais de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) à des dirigeants, ils me faisaient des sourires en mode 'c'est bien beau ce que je raconte mais c'est utopique'. Aujourd'hui, je ne vois plus trop ce genre de réaction. Alors, peut-être qu'au fond d'eux, ils trouvent cela encore illusoire, mais le discours est en train de changer. Il y a le souci de mieux intégrer ce sujet au sein des sociétés et dans leurs actions (...) Il y a une forme de transformation du capitalisme qui est en cours", relève le chercheur.

Des labels "finance durable" émergent

Plusieurs statistiques émanant de ses travaux viennent étayer cette hypothèse. "Aujourd'hui, 30% des actifs financiers en France prennent en compte les critères ESG (pour Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance, ndlr). Il arrive que des investisseurs ne s'engagent pas sur des projets s'ils jugent que ces paramètres ne sont pas suffisamment ambitieux", poursuit Nicolas Mottis. En plus des entreprises et des marchés financiers, les particuliers s'intéressent aussi à cette question pour placer leur épargne. De ce fait, en France, plus de 500 fonds sont labellisés "ISR", pour "investissement socialement responsable".

C'est en ce sens que le conseil régional d'Occitanie prépare actuellement le lancement de son portail de financement participatif dédié "à la relance et aux transitions" pour encourager ses habitants à investir dans les entreprises proches de chez eux, en quête d'un modèle économique durable. Une plateforme qui sera co-pilotée par la société toulousaine WiSEED, leader français du crowdfunding. Ce dernier a d'ailleurs récemment lancé sa filiale dédiée à la croissance "verte" et aux transitions, avec laquelle il espère lever 100 millions d'euros auprès de sa communauté d'investisseurs d'ici 2024.

Lire aussi : Financement participatif : la plateforme WiSEED lance une filiale dédiée à l'économie verte

Dans cette logique de transparence pour une finance verte, Eva Sadoun, co-fondatrice & présidente de la plateforme d'investissement responsable LITA.co et co-présidente du Mouvement Impact France, a lancé l'application mobile Rift, comparable à un Yuka de la finance. Une fois inscrit, l'utilisateur indique les sommes dont il dispose ainsi que dans quel établissement et sur quel type de produits celles-ci sont placées. En retour, l'application lui indique où est réellement injectée son épargne. "Au-delà d'informer et d'instaurer plus de transparence dans ce secteur encore très opaque, nous souhaitons inciter à agir", ajoute la dirigeante.

Sans transition, pas d'avenir pour l'entreprise ?

Eva Sadoun

L'entrepreneuse Eva Sadoun a rappelé l'intérêt d'une finance verte et du besoin de transparence qui doit y être associé (Crédits : Frédéric Scheiber).

Un message saisit par certains acteurs bancaires ces derniers temps, avant même le lancement de ces nombreuses initiatives sur le sujet. "En 2020, nous avons coupé toutes nos relations commerciales avec cinq entreprises fournisseurs d'énergies car elles n'apportaient pas des garantie sur la finalité des fonds prêtés, à savoir leurs impacts environnementaux. En 2015 voire en 2018, ce discours aurait été difficile à tenir", raconte Antoine Sire, le directeur de l'Engagement d'Entreprise de BNP Paribas.

Comme d'autres banques, celle d'Antoine Sire applique la méthode PACTA qui consiste à financer des investissements qui vont dans le sens des Accords de Paris, visant à contenir le réchauffement climatique à +2 degrés et donc via une baisse des émissions de carbone. "En tant que financier, nous pensons qu'une entreprise qui ne fait pas la transition n'a pas d'avenir", va même jusqu'à dire le représentant.

Néanmoins, l'économiste Françoise Benhamou, et vice-présidente du Cercle des économistes également invitée par La Tribune, ne cache pas que "rendre durable et compétitive une entreprise sur la scène internationale aura des coûts à court terme". Mais une telle démarche peut, selon elle, entraîner immédiatement une meilleure fidélité des salariés et une meilleure implication, dans une période où les personnes actives veulent donner du sens à leur emploi...

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