Réseaux traditionnels et réseaux numériques : amis ou ennemis ?

À l’occasion du lancement de la première édition du hors-série de La Tribune Le Réseauteur mardi 5 juin, une conférence-débat était organisée sur le thème de ces réseaux qui réunissent décideurs, politiques et acteurs économiques dans Toulouse et sa région. Les réseaux traditionnels et les réseaux numériques sont-ils concurrents ou complémentaires ? Amis ou ennemis ? La réponse se trouve entre les deux. Décryptage.
Réseaux numériques et réseaux traditionnels sont complémentaires dans leur fonctionnement.
Réseaux numériques et réseaux traditionnels sont complémentaires dans leur fonctionnement. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est aujourd'hui une vérité d'ordre général. La réussite dans son milieu professionnel est conditionnée à la bonne utilisation de son réseau. Un réseau forgé parfois autour d'un rassemblement d'entreprises du même secteur d'activité comme peut l'être Digital Place à Toulouse. Cela s'apparente aussi parfois à un regroupement de décideurs politiques et de personnalités influentes comme c'est le cas au sein du Cercle d'OC, une véritable institution à Toulouse.

Mais comme de nombreuses pratiques, ces réseaux traditionnels sont aujourd'hui confrontés à l'essor du numérique. Ainsi, ces dernières années sont apparues des réseaux numériques et autres réseaux sociaux comme Facebook, Linkedin ou Twitter, qui permettent de créer de manière instantanée des groupes de personnes partageant un point commun.

Ainsi, les réseaux dits traditionnels et les réseaux numériques sont-ils amis ou ennemis ? Complémentaires ou concurrents ? C'est bien le sujet qui a été débattu lors de la table-ronde organisée à l'hôtel Mercure dans le centre-ville de Toulouse mardi 5 juin, à l'occasion du lancement de la première édition du hors-série Le Réseauteur, réalisé par La Tribune.

lancement du Réseauteur

Le Réseauteur recense plus de 200 réseaux dans Toulouse et sa région. / Crédits Rémi Benoit.

Plutôt complémentaires qu'ennemis

Pour tous les participants, il n'y a pas de débat. Aujourd'hui les réseaux numériques et les réseaux traditionnels sont complémentaires. Chacun a besoin de l'autre pour exister. Et pour cause, le réseau numérique est un accélérateur dans la construction de son réseau physique.

"Penser que les gens s'arrêtent aux échanges sur les réseaux numériques, c'est une erreur de jugement. La plupart des personnes voient avant tout ces réseaux nouvelle génération comme un accélérateur de rencontres pour avoir par la suite des échanges physiques. Par exemple, on va se mettre en relation sur le réseau professionnel Linkedin, on va s'échanger quelques messages et cela va se transformer en un café ou un apéritif. Il faut bien garder en tête que tous ces réseaux numériques ne remplacent pas l'humain mais accélère la rencontre. Les deux types de réseaux sont complémentaires", lance Ludovic Craïssac, administrateur du Club de la Com qui regroupe près de 430 professionnels et aussi co-fondateur de l'agence 636.

En même temps, les réseaux numériques permettent de toucher une population d'une plus grande ampleur pour transmettre et/ou trouver une information, un conseil ou un service.

"Il est clair que les réseaux numériques sont un accélérateur de contacts, mais la relation humaine reste incontournable. Dans un échange physique, on se voit, on se regarde, on se jauge et ainsi cela peut nous aider à savoir si la personne que nous avons en face de nous est une personne de confiance. À partir du moment où ce premier contact est établi mon point de vue est que l'on peut rétablir la relation habituelle via Linkedin ou d'autres types de réseaux. Grâce à ces outils, nous sommes en capacité de trouver des interlocuteurs qu'on aurait peut-être jamais rencontré, ce qui nous permet d'élargir notre réseau, de rechercher des compétences particulières et de recruter des salariés autrement", complète Amélie Leclercq, la directrice générale de Digital Place, un cluster des entreprises du numérique en Occitanie.

Les acteurs bancaires avec l'apparition des néo-banques sont eux, confrontés depuis de nombreuses années à l'émergence du numérique. Pour autant, ce dernier est perçu comme un outil qui peut permettre la mise en relation avec des clients.

"Forcément ils sont complémentaires. Les réseaux numériques vont permettre aux acteurs bancaires de tisser du lien avec les clients et avec le monde économique, les acteurs du territoire. Mais cela ne reste qu'un outil qu'il faudra dupliquer et conserver avec le réseau physique (d'agences bancaires). Le digital peut être un outil dans la relation bancaire sur des opérations courantes mais la relation humaine primera pour les gros projets", explique Pierre Tastet, le directeur général adjoint de la Banque Populaire Occitane.

Avec des dérives qui émergent...

Malgré tous les bienfaits apportés par les réseaux numériques et leurs modes de communication, ces derniers laissent place parfois à certaines dérives.

"Il a été démontré que le développement de la communication numérique a aussi développé la conflictualité, notamment dans les entreprises, parce qu'on ne se parle plus en face à face. Lors d'un échange physique, si je vous dis quelque chose qui ne vous plaît pas, je vais le voir sur votre visage et cela va engager un dialogue. Les outils numériques sont formidables, cela nous permet de créer des relations en nombre, mais ce qui compte finalement, c'est bien la qualité de la relation. Donc j'ai envie de dire qu'il faut bien utiliser les réseaux numériques, cependant rien ne remplace la relation humaine. On ne communique pas dans l'instantanéité, on échange des informations oui, mais pour des choses un peu plus concrètes, il faut prendre le temps d'échanger physiquement", estime Francis Grass, adjoint au maire de Toulouse et président du Cercle d'Oc.

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Les réseaux numériques mettent-ils à mal les échanges physiques ? / Crédits Rémi Benoit.

Mais l'élu n'est pas le seul à regretter cette instantanéité qui s'est installée dans l'échange entre deux internautes.

"Un jour, il faudra un réglage sur le comment peut-on faire pour que les tuyaux nouveaux fassent passer des messages parfois anciens, car la nouveauté technologique n'est pas une garantie de la pertinence. Je suis inquiet de l'écrasement et de l'effacement du temps social et du temps de rencontres devant l'instantanéité imposée par ses réseaux sociaux et numériques", regrette, Jean-Michel Ducomte, président honoraire de la Ligue pour l'enseignement et membre de la franc-maçonnerie.

D'ici 10 à 15 ans, la relation entre réseaux numériques et réseaux traditionnels aura-t-elle évolué ? "J'espère que le réseau humain maîtrisera le réseau numérique", conclut Francis Grass, alors que Ludovic Craïssac voit l'évolution de ces réseaux différemment. Les deux types de réseaux auront "totalement transcendés et révolutionnés notre monde social", prenant l'exemple d'un assureur qui fait des réductions sur les contrats de ces clients qui disposent d'un important réseau d'influence sur le web et qui partagent l'actualité de l'assureur en question. A suivre...

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