Entrepreneuriat : la prime de 3.000 € bientôt victime de son succès à l’Adie Occitanie

Distribuée par l’Adie depuis décembre 2021, la "Prime Jeune" de 3.000 euros dédiée à l’aide à la création d’entreprise rencontre un certain succès dans la région Occitanie. Le directeur de l’association s’inquiète de son arrêt prématuré et appelle à sa reconduction, voire à son élargissement.
L’Adie compte 14 agences et 40 permanences en Occitanie. Photo d’illustration.

"Sur les trois premiers mois de l'année, il y a eu beaucoup plus de créations d'entreprises par les moins de trente ans grâce à la 'Prime Jeune'. Sur les 3.212 primes disponibles avec l'Adie Occitanie, nous en avons déjà distribué une majorité », s'enthousiasme Christophe Nicaud, directeur de l'Adie Occitanie.

Alors que les faillites d'entreprises repartent à la hausse et que les créations d'entreprises baissent légèrement en France en ce début d'année 2022, l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) se réjouit de l'engouement suscité par la "Prime Jeune".

Cette aide ponctuelle mise en place par l'Etat vise à donner un coup de pouce financier aux 18-30 ans pour qu'ils concrétisent leur projet de création d'entreprise. Celle-ci avait été annoncée par le Ministère du Travail à l'automne 2021 dans le cadre du programme "Inclusion par le travail indépendant". Pour en bénéficier, il faut (en fonction de critères d'éligibilité) s'adresser à France Active, le réseau Initiatives ou à l'Adie. Les trois organismes se sont effectivement vus confier par le gouvernement la distribution d'une enveloppe de 25 millions d'euros provenant d'un fonds public.

Plus de neuf millions d'euros de 'Prime Jeune' en Occitanie

Ainsi, pour tout financement d'un montant minimum de 1.000 euros effectué auprès de l'Adie, l'association est chargée de livrer la 'Prime Jeune' de 3.000 €. Pour rappel, l'association au logo rouge et jaune oeuvre à permettre à ceux qui n'ont ni les diplômes, ni le réseau, ni les fonds financiers nécessaires pour la création d'une entreprise... de pouvoir quand même s'y aventurer en passant par des micro-crédits. Une alternative aux banques traditionnelles, en somme.

À Toulouse, Leoka compte désormais parmi les entreprises qui ont vu le jour grâce à ce dispositif. Il s'agit d'une maison d'édition et d'un atelier d'impression en risographie fondé par une jeune diplômée. Installée dans les locaux de l'Atelier des Bricoleurs, tiers-lieu toulousain dédié aux savoirs-faire manuels, l'entrepreuneuse a ainsi pu acheter le matériel nécessaire à l'exercice de son activité en bénéficiant de la fameuse prime.

Christophe

Christophe Nicaud (directeur de l'Adie Occitanie) et Alexandra Pascual (créatrice de Leoka) au sein de l'atelier de la jeune société, en parti financé par l'association (Crédits : Melvin Gardet).

"Je n'aurais pas pu acheter du matériel et démarrer mon activité sans cette aide ; ou bien j'aurais dû me mettre en difficulté et épuiser toutes mes économies, de l'ordre de 5.000 euros, puisque les banques n'auraient pas répondu à mon besoin", indique la fondatrice de Leoka.

Un exemple de cheminement vers l'entrepreneuriat que Christophe Nicaud aimerait démultiplier.

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Un dispositif reconduit ?

Le planning prévu en l'état devait effectivement permettre le versement de la "Prime Jeune" jusqu'à la fin de l'année 2022. Mais en Occitanie, le directeur de l'association estime que son enveloppe de plus de neuf millions d'euros sera épuisée d'ici au mois de juin du fait d'une forte demande.

Malgré le succès apparent du dispositif dans la région, le gouvernement de Jean Castex n'a pour l'instant évoqué ni sa reconduction, ni son arrêt, en cette période d'élection présidentielle. Le directeur de l'Adie Occitanie souhaite donc interpeller l'Etat à ce sujet pour le voir perdurer dans le temps, « et être étendu aux plus de 30 ans, seniors et demandeurs d'emploi. » Il estime que les avantages du dispositif sont multiples.

Ce système permet effectivement à l'Etat de réduire le chômage, aux futurs dirigeants de se lancer sans prendre de risques financiers trop importants, et à l'Adie d'augmenter son nombre de micro-crédits accordés aux entrepreneurs. L'association dit s'attendre à doubler son nombre de financements en 2022 par rapport à un an auparavant grâce à cette prime.

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7,4 millions d'euros prêtés en 2021

En 2021, sans "Prime Jeune", l'Adie Occitanie a versé environ 7,4 millions d'euros sous forme de micro-crédits, prêts d'honneur ou prime à 1.800 porteurs de projets et 1.200 entreprises.

"Malgré la crise, les petits commerces de proximité, les restaurants et les services d'aide à la personne sont toujours aussi nombreux à solliciter l'accompagnement de l'Adie. Nous avons même noté une émergence des demandes dans le transport avec les plateformes de livraison de repas, comme Uber Eats", fait savoir le DG de l'Adie en Occitanie.

Dans le détail, 31 % des entreprises qui font appel aux services de l'association dans la région sont issues du commerce, 27 % des prestations de services et 10 % des services aux particuliers. En moyenne, l'emprunt s'élève à 3.500 euros et est remboursé en 14,1 mois.

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