Covid-19 : les commerçants toulousains ne voient pas Amazon comme “le grand méchant de l’histoire”

Alors que le géant de l'e-commerce Amazon a vu son chiffre d'affaires s’envoler avec la promulgation des confinements en cascade dans le monde, certains appels au boycott fleurissent en France afin de soutenir les petits commerces locaux. Cependant, les commerçants toulousains ne considèrent pas que la firme américaine soit responsable des problèmes économiques liés à la pandémie de la Covid-19. Ils admettent cependant qu’Amazon pose des soucis à d'autres niveaux. Rencontres.
Les principaux problèmes que pose l'entreprise Amazon ne sont pas forcément liés à la pandémie.
Les principaux problèmes que pose l'entreprise Amazon ne sont pas forcément liés à la pandémie. (Crédits : DR)

Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la réouverture des petits commerces dès le 28 novembre, soit le lendemain de la date originelle du Black Friday, importante journée commerciale de l'année. Pour ne pas pénaliser un peu plus des commerces de proximité qui ont souffert de leur fermeture administrative, le gouvernement a décidé de décaler l'événement au 4 décembre. Mais pour Amazon, géant de l'e-commerce américain qui n'a pas cessé de fonctionner pendant le confinement, il sera possible d'être présent lors des deux dates. Cet avantage commercial a entraîné une vague d'appels au boycott de l'entreprise dirigée par Jeff Bezos en France. Pour autant, les commerçants toulousains ne voit pas forcément Amazon comme leur principal ennemi.

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"Le problème est que notre ministre de l'Économie a l'impression que nos entreprises sont les seules en France et qu'il n'y a personne autour, explique Nicolas Poux, le secrétaire général de la CPME Occitanie. Il permet à Amazon de faire deux Black Friday, celui du 27 et celui du 4. Rien ne les empêchera de faire deux fois les offres promotionnelles, d'autres sites le feront aussi. La France n'a pas son propre Internet. Mais Amazon n'est pas le grand méchant de l'histoire, c'est beaucoup plus complexe. Malgré ce que nous pouvons entendre, l'entreprise paie quand même des charges en France. En 2020, ils ont créé 4.000 nouveaux emplois dans le pays. Et pour chaque employé, il y a des taxes. Dire qu'Amazon ne paie rien est faux. De plus, 50% des acteurs sur la plateforme sont des TPE/PME, les couper de cette entreprise serait les priver d'une exposition massive."

Les petits commercent cherchent à vendre en ligne de leur côté

Un avis partagé récemment dans La Tribune par Renaud Layet. Le responsable de la librairie Série B à Toulouse ne fait pas du géant américain la cible prioritaire.

"Cela fait plusieurs années maintenant qu'Amazon est là. Mais nous ne pouvons pas légiférer dessus, ni le combattre via le gouvernement. La seule solution est que les clients prennent conscience de la situation. Interdire la vente de livres n'est pas non plus une solution. S'ils ne peuvent plus vendre en ligne, nous ne pourrons pas non plus."

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Les commerces de proximité sont effectivement de plus en plus nombreux sur Internet. Pendant le confinement, beaucoup cherchent à vendre en ligne afin de maintenir un minimum d'activité. Des solutions ont même été mises en place localement comme des market places. C'est le cas pour le Sicoval, l'intercommunalité du sud-est toulousain, qui a lancé la sienne intitulée Click'N Co. Cependant le président de l'intercommunalité, Jacques Oberti, a été clair lors du lancement de sa plateforme : "Nous n'arriverons pas à lutter contre Amazon ou les entreprises de ce type et ce n'est pas l'objet. Ce projet est un appel au consommer local".

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Les principaux problèmes ne sont pas forcément liés à la pandémie

Ces market places disposent d'une différence de taille avec la firme américaine, comme le détaille Jean Paul Crenn, le président de la fédération du e-commerce en Occitanie.

"Nous encourageons les commerçants à aller sur des places de marchés neutres, et non des hybrides. Une place de marché neutre est une entreprise avec pour vocation de mettre en relation des vendeurs et des acheteurs. Quant aux hybrides, c'est avant tout un commerçant, comme Cdiscount ou Amazon, qui en plus propose de vendre le produit sur leur plateforme et un système de livraison. Cela pose notamment un problème concurrentiel car nous n'avons aucune certitude que ces acteurs n'utilisent pas leur position pour étudier le marché. Mais c'est un débat d'ordre européen. Cependant, il n'y a pas à cibler en particulier Amazon. D'autres commerçants français comme La Redoute posent le même problème."

Les soucis engendrés par la firme transnationale possédée par Jeff Bezos sont donc bien présents. Mais ils ne sont pas forcément liés à la crise provoquée par la Covid-19.

"Nous combattons les clauses abusives appliquées au niveau des stocks et les marges mises en place qui peuvent sembler exorbitantes, conclut Nicolas Poux. Mais il faut travailler là-dessus plutôt que de les condamner pour la situation actuelle".

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Commentaire 1
à écrit le 26/11/2020 à 7:53
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Ecrire "les commerçants toulousains" ça veut dire tous? Il faut nuancer mais il n'y a pas une majorité de commerçants à Toulouse favorable à Amazon. Qui sont ces commerçants favorable à Amazon? ceux qui n'ont pas de magasin, de loyer, de charges ...

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