Le canal du Midi, patrimoine mondial de l'humanité, menacé de "déclassification" ?

Le canal du Midi pourrait-il sortir du patrimoine mondial de l'Humanité si la maladie du chancre coloré qui ravage les platanes n'est pas traitée rapidement ? C'est ce que suggère le maire de Blagnac Bernard Keller, alors qu'une campagne de crowdfunding est lancée sur la plateforme Ulule pour récolter des fonds.
Le canal du Midi est classé au patrimoine mondial de l'Humanité depuis 1996.

C'est le maire de Blagnac Bernard Keller qui a jeté un pavé dans la marre ce jeudi 10 mars, lors d'une conférence de presse de VNF sur le mécénat en faveur du canal du Midi.

"Nous avons intérêt à ce que le canal reste au patrimoine de l'Humanité car c'est un élément important de l'attractivité de la région et de Toulouse, a-t-il déclaré. La maladie du chancre coloré (qui oblige à arracher puis replanter les platanes qui font la singularité du canal, NDLR) peut compromettre le classement de l'Unesco. Si le canal est déclassé, ce serait dramatique."

Interrogé sur l'importance de cette menace, Bernard Keller a évoqué un possible "chantage" : "Les autorités en charge du classement ou du déclassement du canal pourraient dire aux collectivités locales 'si vous ne faites pas ce qu'il faut pour lutter contre le chancre coloré, attention'."

Le canal du Midi est classé au patrimoine mondial par l'Unesco depuis 1996. Sur le site internet officiel de l'organisme, aucun communiqué ou document ne fait pour l'instant mention d'un déclassement du canal.

7 000 euros sur Ulule

Voies navigables de France (VNF) a par ailleurs lancé ce jeudi une campagne de crowdfunding sur la plateforme française Ulule. Objectif : atteindre 7 000 euros en un mois. "C'est un objectif largement atteignable car la somme à atteindre est raisonnable", estime Laurent Adnet, chef de projet mécénat chez VNF. L'objectif est de faire appel à la mobilisation citoyenne autour de la sauvegarde du canal.

À l'heure actuelle et en dehors de cette campagne de financement participatif, 7 500 personnes, à titre individuel, ont fait des dons pour financer l'abatage et la replantation d'arbres, pour un ticket moyen de 60 euros. Côté entreprise, on compte 56 partenaires et le ticket moyen est de 5 000 euros.

Pour rappel, depuis 2013, 3,3 millions d'euros ont été récoltés pour la préservation du canal du Midi mais le chantier est loin d'être terminé. 17 730 platanes ont été abattus sur les quelque 42 000 qui longent le canal, et la restauration du canal du Midi doit encore s'étaler sur les 20 prochaines années pour un coût total estimé à 220 millions d'euros.

"J'ai 57 ans et, dans 20 ans, je pourrai dire à mes petits-enfants, 'on a fait ça'. C'est un travail de longue haleine mais j'y crois", a confié Marc Papinutti, directeur général de VNF.

"Nous sommes en train d'opérer la plus grande campagne de mécénat environnemental et patrimonial de France", assure Laurent Adnet. Afin de mobiliser encore davantage le grand public, une course sportive et familiale est prévue le 17 mai à Toulouse. Ce sera la troisième édition de cette manifestation, "1,2,3 Canal", dont l'ensemble des frais d'inscription sera reversé au projet de sauvegarde du canal.

La rénovation du canal du Midi : qui paye ?

- VNF a déjà versé 35 millions d'euros sur les 70 millions qu'elle a prévu d'investir (le budget 2017 est estimé à 7 millions d'euros)
- Les collectivités locales ont versé 1,4 million d'euros (répartis entre le Conseil régional d'Occitanie et le Département de l'Aude)
- Le mécénat a permis de récolter 3,3 millions d'euros en 3 ans (les entreprises représentent 4 cinquièmes des fonds récoltés)
- Le ticket moyen pour une entreprise est de 5 000 euros, le ticket minimum est de 2 500 euros
- Le taux de renouvellement des entreprises mécènes d'une année sur l'autre est de 80 %

Le Département de la Haute-Garonne ne participe pas financièrement à la rénovation du canal du Midi. Marc Papinutti l'explique en partie par le fait que la zone n'est pas spécialement concernée par le chancre coloré. "Seuls une quarantaine d'arbres ont été abattus en 2015 du coté de Castanet-Tolosan et Ayguevives, mais la maladie ne s'est pas propagée."

Aucun financement international n'est prévu pour le moment, "les efforts financiers pour solliciter des mécènes internationaux sont trop élevés pour une structure comme VNF", justifie le directeur général.

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