Comment l'IoT Valley crée un lien inédit entre startups et grands groupes

Grâce à des partenariats nouveaux entre startups et grandes entreprises, l'IoT Valley, à Labège, révolutionne la démarche d'open innovation. Décryptage.
Bertran Ruiz et Simon Vacher

Rien n'agace plus les membres du board de l'Iot Valley que de voir leur association qualifiée d'accélérateur. "Nous ne sommes pas un énième incubateur qui empile des startups, mais un vrai écosystème qui rassemble startups, grands groupes, centre de formation... Ceci fait de nous une structure assez unique dans l'internet des objets", décrit Hervé Schlosser, le président de l'Iot Valley.

Chiffres à l'appui. L'association, qui n'était au départ qu'un concentré d'entreprises innovantes, rassemble aujourd'hui 15 partenaires grands comptes parmi lesquels de grands donneurs d'ordre comme la SNCF, AG2R La Mondiale, Samsung, Intel, Microsoft... Elle affiche 9 startups accélérées depuis début 2016, 35 depuis les débuts de l'IoT Valley (ex-Tic Valley) et 60 mentors, entrepreneurs ou salariés. L'axe de développement choisi par l'IoT est la création de partenariats BtoB entre grands comptes et startups.

Casting minutieux

À la manœuvre pour faciliter ces rencontres, Simon Vacher et Bertran Ruiz. Ces deux-là, à peine trentenaires, ont gardé le  look ébouriffé d'anciens créateurs de startups. Ils ont été missionnés par Ludovic Le Moan pour proposer aux startups en devenir ce dont eux-mêmes auraient eu besoin il y a quelques années pour réussir."Nous avons un recrutement ouvert. Nous essayons de trouver les meilleures en Europe, mais nous veillons à ce qu'elles entrent dans nos critères", décrit Simon Vacher, qui pré-caste ces pépites au cours de longs entretiens téléphoniques avant de les rencontrer. "Elles doivent avoir un prototype abouti, des compétences en interne et être prêtes à venir s'installer à l'IoT Valley."

Les grands comptes, quant à eux, viennent à Labège chercher des ressources nouvelles pour développer des projets d'open innovation. À l'image du groupe Setec, groupe d'ingénierie dans la construction et les transports et tout nouveau partenaire de l'IoT. "Nous développions depuis plusieurs années des Setec Lab en interne pour booster la R&D, dont l'un était consacré aux objets connectés quand, en 2015, nous avons vaguement entendu parler de l'IoT Valley comme d'une sorte d'incubateur... ", se souvient Michel Kahan, le directeur général du groupe.

Sigfox, la figure de proue

Ce qui pour lui a fait la différence entre l'IoT et les autres incubateurs ? La présence de Sigfox !

"Sigfox est un industriel qui cherche à s'entourer d'usages. Signer avec l'IoT Valley nous a permis d'entrer dans un partenariat industriel. Nous sommes donc engagés pour un an à hauteur de 30 000 €", précise le dirigeant.

Autre partenaire récent, le groupe de construction toulousain GA. "Nous souhaitons, grâce à cette collaboration, avoir un accès simplifié à un écosystème de startups dans le domaine des objets connectés et notre volonté est bien de nous engager sur du long terme", explique Sébastien Matty, le président du groupe. En un an, le nombre de partenariats avec des grands comptes a pratiquement doublé au sein de l'IoT. Une accélération que les membres fondateurs attribuent, entre autres, à une évolution du marché.

"Les industriels ont besoin de nous car ils ont du mal à passer le stade du prototype en interne. Ici, à partir de cas d'usages qu'ils souhaitent traiter, nous leur proposons des partenariats à la carte", décrit Hervé Schlosser. C'est ce qui s'est passé en 2015 avec la SNCF, premier industriel à avoir installé une partie de ses équipes au sein de l'IoT Valley. "Guillaume Pépy a eu l'intuition que le digital serait un élément clé de la SNCF. L'entreprise a identifié des pépites dans ce secteur et n'a pas hésité à choisir l'IoT Valley", décrit Xavier Lafontan. Ce membre du board est aussi fondateur d'Intesens, l'une des startups précisément repérée par la SNCF pour ses capteurs intelligents permettant la surveillance des réseaux à distance.

Combien ça coute?

Pour devenir partenaire, les grands comptes investissent de 30 000 à 100 000 € pour une durée d'un an renouvelable. À ce jour, l'association indique un montant total de 200 000 € investi en 2015 et table sur 500 000 € à la fin de l'année. Et pour l'avenir ? Les membres de l'IoT Valley sont optimistes. "Tout comme les acteurs de l'industrie du luxe, nous sommes directement contactés par les grands groupes souhaitant travailler avec nous", assure Bertran Ruiz, le business developer. Mais il nuance. "Il ne suffit pas de gagner des clients, il faut aussi savoir les garder et pour qu'ils aient envie de rester, il faut qu'ils soient heureux". Il a pour cela un critère infaillible, c'est le pourcentage de "happiness" de ses clients, qui s'affiche chaque jour sur son CRM...

Les 5 qui font l'IoT


Ludovic Le Moan, fondateur de Sigfox et président d'honneur de l'IoT Valley

Serial chef d'entreprise, il a fondé Sigfox en 2009 et a eu très tôt la conviction que Labège devait favoriser l'accélération de startups. Il continue d'impulser la vision et la capacité de traction internationale. "Il pourrait s'apparenter à un gourou", disent de lui les autres membres du board.

Hervé Schlosser, président de l'IoT Valley

PDG de France Pari, il est aussi l'un des membres historiques de l'IoT Valley. Proche de Ludovic Le Moan, ce dernier lui a confié la présidence de l'association en juillet dernier. Une mission qu'il assure en tandem avec Pierre-Olivier Bessol, le CEO d'Ubigreen.

Pierre-Olivier Bessol, CEO d'Ubigreen et vice-président de l'IoT

C'est la troisième tête de la nouvelle gouvernance de l'IoT Valley. Son rôle est clé dans l'organisation de l'association au quotidien, même si l'ensemble des décisions reste soumis à l'approbation de chacun des membres, uniquement des chefs d'entreprises.

Jean-Paul Viguier, architecte

Ce Toulousain est connu pour ses "jumbo projects" construits à travers la planète et appartient au club des dix plus grands architectes français. Il a été mandaté par l'IoT Valley pour concevoir un écosystème de 100 000 m2.

Nathalie Fabre, directrice du programme immobilier de l'IoT Valley

Elle a été mandatée en janvier 2016 par Ludovic Le Moan pour bâtir le futur Campus IoT et sortir le siège social de Sigfox. Dans le même temps, elle gère la croissance exponentielle de l'association, qui se déploiera sur 10 000 m2 fin 2016 en attendant la construction de son campus.

Jacques Oberti, président du Sicoval

Il dirige la communauté de communes qui est propriétaire des terrains sur lesquels l'IoT Valley souhaite construire son écosystème. Le Sicoval en reste l'aménageur, travaille en collaboration avec les membres de l'IoT sur le sujet mais redoute de se laisser enfermer dans un secteur économique trop restrictif.

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