StartEmploi : quatre pistes à Toulouse pour dépasser la pénurie de talents et recruter

L'Occitanie manque de bras. D'après Pôle Emploi, six projets de recrutement sur dix sont jugés difficiles par les entreprises. Pour y remédier, La Tribune a mis à l'occasion de la sortie de son hors-série StartEmploi un coup de projecteur sur plusieurs pistes pour mieux recruter : formation 100% féminine dans la Tech, entraide intergénérationnelle, 100% télétravail, essor du corpoworking...
La Tribune a mis à l'occasion de la sortie de son hors-série Startemploi un coup de projecteur sur plusieurs pistes pour mieux recruter.
La Tribune a mis à l'occasion de la sortie de son hors-série Startemploi un coup de projecteur sur plusieurs pistes pour mieux recruter. (Crédits : Frédéric Scheiber)

La France manque de bras et la région Occitanie n'échappe pas à la règle. « 58 % des projets de recrutement sont jugés difficiles par les entreprises, c'est énorme. Et quand on demande aux dirigeants les causes de ces difficultés, 88% citent la pénurie de main d'oeuvre », éclaire Pierre Brossier, responsable études et statistiques au sein de Pôle Emploi Occitanie à l'occasion de l'événement organisé La Tribune le 24 mai à la Cité à Toulouse pour la sortie de son hors-série Startemploi.

Si l'Occitanie, qui enregistre le deuxième taux de chômage le plus fort de France dispose d'une main d'œuvre disponible plus abondante, elle est pénalisée par la forte proportion de saisonniers (38 % de projets d'embauches), « ce qui rend plus compliqué la sécurisation des parcours professionnels des demandeurs d'emploi ».

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1) Une formation 100% féminine pour favoriser la mixité dans la Tech

Rien que dans le numérique, 2.000 emplois sont non pourvus dans la région. Pour attirer les talents vers le secteur, Simplon va lancer une formation dédiée exclusivement aux femmes.

« Nous restions à 35 % de femmes dans nos formations. Pour avoir plus de mixité, nous avons eu l'idée de créer des promos 100 % féminines. L'objectif est d'avoir 25 candidates qui viennent de tous milieux », informe Jennifer Sanvoisin, chargée de mission Simplon et cheffe de projet Apple Foundation Program en France.

Avant de développer : « Les femmes vont commencer avec la formation Apple Foundation, probablement en juin. Ensuite, en août, elles vont enchaîner avec une formation de développement Web, encore une fois 100 % féminine, et ensuite, en octobre, il y aura une formation en alternance de conceptrice développeuse d'applications qui sera en alternance et qui leur permettra d'avoir un diplôme à la fin. »

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2) Encourager l'entraide intergénérationnelle

Paradoxalement, même si les entreprises manquent de bras, il peut s'avérer très compliqué pour certains de trouver un emploi. Pierre Brossier rappelle que sur l'ensemble de la population française, « neuf demandeurs d'emploi sur 100 qui retrouvent un emploi au cours du mois », ce chiffre tombe à « six sur 100 chez les plus de 50 ans et même à trois sur 100 pour les plus de 62 ans ».

Pour y remédier, le réseau Action Femmes Grand Sud, qui accompagne des femmes de plus de 45 ans, mise sur l'entraide intergénérationnelle. « Nous avons expérimenté un système de mentorat inversé avec une association de jeunes femmes qui ont le téléphone dans les mains, qui sont très à l'aise avec Linkedin. Mais au final, on s'est aperçus que les échanges allaient dans les deux sens », pointe Françoise Baraquin, présidente du réseau.

D'où l'idée de faire appel à des retraités pour mentorer de jeunes recrues. L'agence d'intérim toulousaine Taman a imaginé un processus de transition à raison de deux jours par semaine pendant trois mois. Un dispositif qui pourrait coûter entre 10.000 à 15.000 euros pour l'entreprise, un investissement largement compensé d'après Taman par les gains de productivité grâce au mentorat. De son côté, le retraité pourrait toucher 500 euros par journée d'accompagnement. Pour le moment, aucune entreprise n'a franchi le cap de ce mentorat intergénérationnel même si Taman croit dur comme fer dans le bien-fondé d'une telle initiative, notamment dans les métiers manuels de la filière aéronautique. La crise et les plans sociaux ont généré des pertes de compétences dans les entreprises qui mettent à mal les recrutements pour la remontée des cadences.

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3) Favoriser le 100% télétravail

Pour lever les freins au recrutement, certains employeurs misent sur l'amélioration des conditions de travail. Chez Ilek, fournisseur toulousain d'électricité et de gaz, la direction offre à ses salariés depuis le Covid la possibilité d'opter pour le 100% télétravail. « En 2020, la société comptait 50 salariés, vivant tous à proximité de Toulouse. Désormais, nous sommes 172 collaborateurs dont 64 domiciliés en Haute-Garonne. Le télétravail nous permet de recruter des profils venus de toute la France. Par ailleurs, sur les 64 salariés toulousains, 15 ont fait le choix de venir tous les jours dans l'entreprise, soit 20% de l'effectif », explique Rémy Companyo, cofondateur d'Ilek.

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Le fournisseur propose en outre à ses salariés de réaliser chaque année un mois de télétravail depuis l'étranger. « Nous avons un collaborateur marocain qui a passé un mois à Fès. Il aura du mal à trouver une entreprise qui lui apporte cette confiance », poursuit le dirigeant.

4) Le coworking près de chez soi

L'alternative au télétravail au domicile est d'avoir accès à un espace de coworking près de chez soi. C'est l'option que souhaite développer dans la région toulousaine Action Logement à travers des lieux de corpoworking. « Nous avons travaillé avec les entreprises qui nous ont communiqué le lieu de résidence de leurs collaborateurs, ce qui nous a permis de repérer les endroits stratégiques où on pouvait ouvrir des tiers-lieux. Il faut que ce lieu se situe au maximum à 15 minutes autour du lieu d'habitation pour ne pas reproduire les inconvénients des trajets domicile-travail », explique Pierre Souloumiac, directeur général adjoint d'Action Logement Services Occitanie.

D'ici la fin de l'année, la Cité internationale des chercheurs de Toulouse devrait ouvrir 174 postes de télétravail loués à des entreprises pour des postes de travail déportés. L'espace, labellisé par Action Logement, sera géré par At Home et InSitu Groupe.

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« Le coworking est une vraie tendance de fond. En France, les espaces de coworking ont progressé de 23 % d'après une enquête Big Data parue fin 2022. Ils représentent un million de mètres carrés sur environ 3.500 lieux. Ces nouveaux usages de travail sont aujourd'hui considérablement renforcés par la crise pandémique », conclut Stéphane Adnet, fondateur du Club Management & Ressources Humaines Grand Sud-Ouest et patron d'Insitu groupe.

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