À Toulouse, capitale de l'aéronautique, ils manifestent pour un plafonnement du trafic aérien

Après la mobilisation ce mardi des riverains des aéroports d'Orly et de Roissy, une manifestation au coeur de la Ville rose est organisée vendredi par plusieurs associations environnementales pour demander un plafonnement du trafic aérien et la mise en place d'un couvre-feu nocturne au sein de l'Aéroport Toulouse-Blagnac.
L'aéroport Toulouse-Blagnac, quatrième aéroport régional français, a dépassé les sept millions de voyageurs l'an passé.
L'aéroport Toulouse-Blagnac, quatrième aéroport régional français, a dépassé les sept millions de voyageurs l'an passé. (Crédits : Rémi Benoit)

« Quand on a la chance comme moi d'habiter à Toulouse, la ville qui construit des avions, c'est la double peine : un aéroport qui est dans la ville et la construction aéronautique contribuant bien sûr, à l'essor de la région, mais aussi à l'émission de pollutions supplémentaires », témoigne Chantal Beer-Demander, présidente du CCNAAT (Collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine) et de l'Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA).

Une quinzaine d'aéroports en France concernés

La militante toulousaine sera rejointe par plusieurs associations environnementales (Alternatiba, France Nature environnement, Pensons l'aéronautique pour demain...) pour manifester ce vendredi après-midi sur le parvis de la gare Matabiau afin de demander un plafonnement du trafic aérien et la mise en place d'un couvre-feu nocturne au sein de l'aéroport Toulouse-Blagnac. « Le choix de la gare est à la fois symbolique et écologique » pour les associations qui prônent « le train plutôt que l'avion pour les déplacements en Europe ».

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La mobilisation s'inscrit dans un mouvement national organisé cette semaine en France. Ce mardi soir, un rassemblement est organisé devant le ministère de la Transition écologique pour un plafonnement du trafic au sein des aéroports parisiens (Roissy, Orly et Le Bourget) et réclamer par exemple la réduction du nombre de vols à 440.000 mouvements par an contre 500.000 à Roissy. Et d'autres manifestations sont prévues à proximité d'une dizaine d'aéroports régionaux comme par exemple à Bâle-Mulhouse, Nantes, Beauvais, Cannes, Annecy... Cette opération suit aussi des rassemblements organisés ailleurs en Europe depuis le mois dernier.

Les militants écologistes comptent surfer sur la décision en juillet dernier du gouvernement des Pays-Bas de plafonner à 460.000 mouvements les vols de l'aéroport d'Amsterdam Schiphol (contre 500.000 auparavant) pour réduire son impact environnemental et lutter contre la pollution sonore. Une première en Europe. À l'automne dernier, c'était au tour du PDG d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet d'inviter « les gens à être plus raisonnables dans le voyage aérien » tant que « le transport aérien n'aura pas été au bout de son processus de décarbonation » même s'il précisait néanmoins que, « sur le long terme, c'est le transport aérien qui sera le système le moins émetteur de CO2 ».

Ne pas dépasser 100.000 mouvements par an

Dans la Ville rose, l'aéroport Toulouse-Blagnac, quatrième aéroport régional français, a dépassé les sept millions de voyageurs l'an passé, soit 73% du trafic de 2019, après avoir vu son trafic chuter de neuf à trois millions de passagers en 2020. La plateforme a l'ambition de connecter le monde entier en accueillant dès cet été deux nouvelles compagnies majeures : Air Canada et Qatar Airways.

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« Nous ne sommes pas là pour clouer les avions au sol définitivement, mais pour dire que trop c'est trop ou qu'il n'est pas possible d'envisager un doublement du trafic aérien pour 2050, sans que ça nous fasse dresser les cheveux sur la tête », plaide Chantal Beer-Demander. Avant de développer : « L'aéroport Toulouse-Blagnac a réalisé en 2019 un peu plus de 100.000 mouvements (atterrissages et décollages) et le plan d'exposition au bruit datant de 2007 l'autorise à aller jusqu'à 154. 000 mouvements. Nous demandons à plafonner à moins de 100.000 mouvements chaque année. »

Une vingtaine de mesures adoptées pour réduire les nuisances

Par ailleurs, le collectif plaide pour la mise en place d'un couvre-feu nocturne. « Aujourd'hui, il est possible d'aller jusqu'à 25 vols entre 22 h et 6 h du matin donc il y a encore du travail à faire. L'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires nous explique que supprimer les vols de nuit est surtout une question d'organisation. Est-ce que nous sommes obligés de programmer un vol de Ryanair ou de Volotea pour décoller à 2 h du matin et atterrir dans un aérogare vide en pleine nuit ? Non, ce n'est pas obligatoire. Quand vous commandez votre livre sur Amazon, pouvez-vous attendre trois heures de plus pour le recevoir ? Oui, c'est possible et cela permet aux gens de dormir la nuit. »

Pourtant d'après ATB, des mesures fortes ont déjà été prises. « Avant la crise, en 2019, sur la totalité de l'année, nous avions enregistré en cœur de nuit sur la tranche minuit-6 h un peu plus de 1.500 vols, environ quatre vols par nuit en moyenne, expliquait fin septembre Philippe Crébassa, président du directoire de l'Aéroport Toulouse-Blagnac lors d'un entretien accordé à La Tribune. Or, depuis, le trafic s'est écroulé, le trafic de nuit s'est écroulé également. Avec la reprise d'activité, la croissance du trafic en cœur de nuit reste largement inférieure à celle du trafic total. C'est parce que nous avons pris des mesures fortes, notamment vis-à-vis des compagnies qui avaient l'habitude de programmer leurs vols dans le cœur de nuit. C'était le cas de Volotea. Cette compagnie a quasiment divisé par trois le nombre de vols programmés dans le coeur de nuit cet été. »

En attendant un éventuel couvre-feu à l'aéroport Toulouse-Blagnac, une vingtaine de mesures ont été adoptées en octobre dernier par la préfecture de Haute-Garonne  dans le plan de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE). « Il fixe des objectifs très ambitieux pour 2023. C'est la première fois en France que les acteurs s'engagent sur un objectif qui n'est pas seulement en nombre de vols, mais aussi un volume de population impactée », saluait Philippe Crébassa. Le plan prévoit notamment l'optimisation par l'aéroport et Airbus des vols en coeur de nuit (entre minuit et 6h), la limitation de l'usage des inverseurs de poussée lors de la dernière phase d'atterrissage des avions et le suivi des nouvelles constructions à usage d'habitation sur les zones où les constructions de logements font l'objet de restrictions.

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