Scopelec : ce que contiennent les offres des repreneurs potentiels

Six entreprises candidates se sont positionnées pour la reprise de Scopelec, aujourd'hui en redressement judiciaire car déstabilisée par la perte de contrats majeurs avec Orange. Si deux voire trois offres se dégagent du lot, que contiennent-elles ? Lesquelles ont les faveurs des salariés ? Combien d'emplois seront sauvés ? Éléments de réponse.
Avant la crise, Scopelec employait plus de 3.000 personnes.
Avant la crise, Scopelec employait plus de 3.000 personnes. (Crédits : Rémi Benoit)

Dans un peu plus de deux semaines, vendredi 8 décembre, le tribunal de commerce de Lyon devra trancher sur l'avenir de Scopelec. La coopérative occitane, spécialisée dans l'installation et l'entretien des réseaux de télécommunications, est placée en redressement judiciaire depuis la fin du mois de septembre suite à la perte de contrats majeurs auprès de l'opérateur Orange.

Lire aussiTélécoms : comprendre le différend Scopelec - Orange en quatre questions

En quelques semaines, pas moins de six candidats se sont positionnés en faveur d'une reprise partielle ou totale des actifs de Scopelec, à des degrés d'engagement divers. Ils ont ainsi jusqu'au 5 décembre pour remettre au juge leur proposition de reprise définitive. Avant cela, ils pourront aussi s'appuyer sur les attentes du CSE de la société, qui va les auditionner un à un vendredi 25 novembre en visioconférence.

En attendant ce rendez-vous crucial et déterminant pour la suite puisque l'instance qui représente le personnel dresse un avis sur les offres au juge chargé du dossier, La Tribune fait un état des lieux des forces et faiblesses de chaque candidat.

Lire aussiQui sont les six candidats au rachat de Scopelec ?

Alsatis

Dans ce dossier, il est le local de l'étape puisque cette PME est installée à Toulouse. Jusqu'à présent cette société de 60 salariés était réputée pour être "le pompier" des réseaux de télécommunications. Depuis quelque temps, la société mise sur la mise en place de réseaux fermés pour répondre à des besoins particuliers de divers acteurs publics et privés grâce à sa propre solution de 5G, totalement made in France. Par exemple, elle développe un réseau 5G fermé pour le CHU de Toulouse, dans le cadre d'un appel à projets France Relance. Pour ce qui est de Scopelec, Alsatis propose uniquement une reprise partielle avec uniquement le rachat de la division Usages et Services et 21 salariés, contre 100.00 euros. « Nous ne pouvons pas considérer cette offre comme bonne. Ils sont peut-être là simplement pour recruter et récupérer un peu de carnet de commandes », commente Frédéric Mazars, membre du CSE de Scopelec.

Lire aussiAlsatis accélère sur la 5G made in France, avec comme laboratoire Toulouse

Circet

Parmi les six offres sur la table pour la reprise de la Scop, elle fait partie des deux seules pour une offre de reprise globale. Circet est l'un des acteurs principaux en matière d'infrastructures télécoms en Europe, avec en coulisses des soutiens financiers solides. D'ailleurs, il est perçu comme l'un des favoris dans le dossier Scopelec. Seulement, son offre de 3,5 millions d'euros repose sur la reprise de seulement 591 salariés (416 au sein du groupe Scopelec et 175 pour sa filiale Setelen). Par ailleurs, Circet promet une garantie de l'emploi de 12 mois après la reprise, assez courte voire trop courte pour rassurer administrateurs judiciaires, CSE et juge dans cette affaire. « C'est un candidat sérieux mais beaucoup de salariés de Scopelec étaient chez Circet auparavant et ne veulent pas y retourner et nous nous posons des questions sur la sécurité de l'emploi », confie le représentant du personnel. Le groupe devra certainement améliorer son offre pour espérer une issue favorable à son égard dans les semaines à venir.

Foliateam

Cette entité a déjà mené quelques opérations de croissance externe dans un passé récent. Cet opérateur spécialisé sur les métiers de la connectivité a notamment racheté la société bretonne A2Com. Comme Alsatis, Foliateam s'intéresse uniquement à la branche Usages et Services de Scopelec, mais avec une offre bien meilleure que son concurrent toulousain. Elle reprendrait 50 salariés (sur un total de 80), contre un montant de 200.000 euros. « Il n'est pas impossible que le tribunal de commerce l'inclut dans un deal de reprise avec un acteur qui a présenté une offre globale », estime Frédéric Mazars.

Kyntus

Créée en 2018, cette nouvelle entité émane de la fusion de plusieurs sociétés existantes et spécialisées dans les télécommunications. « Ce sont des acteurs de rang 2 qui ont fusionné pour obtenir des marchés auprès d'Orange », raconte Frédéric Mazars. Cette entreprise française fait partie des nombreux acteurs qui opèrent sur le marché de la construction et la maintenance des réseaux de télécommunication, comme Scopelec. Elle souhaite reprendre chez cette dernière trois filiales, dont GOBE dédiée à l'installation des antennes 5G, l'une des rares activités rentables au sein de la coopérative et dont les perspectives sur le marché sont prometteuses. « Leur offre ne tient pas la route », lâche le représentant du CSE. D'ailleurs, ils ne se sont pas engagés sur un nombre de salariés repris arrêté.

New Scope

Avec Circet, ce candidat fait figure de favori pour la reprise de Scopelec. Cette offre est portée par l'actuel président du directoire de Scopelec, Carlos Verkaeren, en poste depuis le mois de septembre. L'ancien dirigeant de la biscuiterie Poult et qui a transformé celle-ci en « entreprise libérée » veut relancer Scopelec en coopérative, tout en enclenchant une diversification économique notamment vers l'installation de bornes de recharges pour véhicule électrique. Dans sa mission, le candidat serait soutenu par Orange, mais aussi quatre conseils régionaux, alors qu'il promet la reprise de 1.457 salariés. « La majorité des salariés veut rester dans une coopérative et est prête à remettre de l'argent si nécessaire », assure Frédéric Mazars. En interne, un sondage vient d'être lancé pour connaître l'adhésion des salariés autour de ce projet de reprise afin notamment d'évaluer le nombre potentiel de futurs sociétaires, qui dictera la dynamique économique de ce dossier.

Lire aussiComment Carlos Verkaeren veut sauver Scopelec et 1.457 emplois

Solutions 30

Lors du dernier appel d'offres d'Orange, cette entité a récupéré certaines parts de marché détenues auparavant par Scopelec. Basée au Luxembourg, Solution 30 est spécialisée dans les nouvelles technologies et la connectivité. « Selon nos remontées du terrain, ils ont du mal à faire face à la demande d'Orange. Les salariés n'ont pas spécialement envie de travailler pour eux », annonce le délégué du personnel. Dans ce dossier, Solutions 30 est intéressée uniquement par la reprise des activités de la filiale Sud Est de Scopelec. Leur offre serait complétée par une reprise de 145 salariés, ainsi que 152 propositions de reclassement au sein du groupe Solutions 30. « Mais nous n'avons aucune information sur ces solutions de reclassement », regrette Frédéric Mazars. Le CSE aura certainement la réponse à cette question lors de l'audit des candidats prévu dans trois jours. Par ailleurs, concernant cette dernière offre, celle-ci n'a pas été acceptée par les administrateurs judiciaires pour le moment. Ces derniers ont demandé à Solutions 30 de la revoir sur certains aspects avant de la considérer.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.