À Airbus, les syndicats demandent un nouvel effort sur les salaires face à l'inflation

Après avoir obtenu en mars dernier la plus forte hausse de salaire depuis vingt ans chez Airbus, les syndicats de l'avionneur européen montent à nouveau au créneau face à l'emballement de l'inflation sur les derniers mois. D'après les informations de La Tribune, plusieurs pistes sont envisagées par les partenaires sociaux : avance avant la fin de l'année, déblocage anticipé de la prime d'intéressement...
Les principaux syndicats de l'avionneur européen montent à nouveau au créneau face à l'emballement de l'inflation.
Les principaux syndicats de l'avionneur européen montent à nouveau au créneau face à l'emballement de l'inflation. (Crédits : Rémi Benoit)

"Ce n'est pas parce qu'on travaille chez Airbus que la question des salaires n'est pas primordiale. Les salariés nous disent aujourd'hui que c'est difficile pour eux avec l'augmentation des prix sur l'essence, l'énergie mais aussi sur les produits du quotidien", fait remarquer Florent Veletchy, coordinateur CFTC du groupe Airbus.

Augmentation de 6,8% sur deux ans

En mars dernier, les syndicats avaient obtenu la plus forte hausse consentie chez Airbus depuis 20 ans et l'une des plus importantes du secteur aéronautique. L'accord prévoit une hausse des salaires de 6,8 % sur 24 mois, dont 3,9 % pour la période allant de juillet 2022 à fin juin 2023 (2 % d'augmentation générale et 1,9 % d'augmentation individuelle) et de 2,9 % minimum (1 % de général et 1,9 % d'individuel) pour 2023-2024. Au-delà de l'inflation des prix, cet accord intervient après deux années de modération salariale à cause de la Covid (pas d'augmentation en 2020 et 1% de hausse sur l'année 2021).

Mais au moment où les partenaires sociaux s'étaient mis autour de la table avec la direction, la France venait d'enregistrer une inflation de "seulement" 2,8% fin 2021, alors que l'Insee observe une augmentation générale des prix de près de 6% en août 2022.

Face à cette accélération de l'inflation au cours des derniers mois, la CFDT d'Airbus a été la première à monter publiquement au créneau en se fendant d'un communiqué de presse en fin de semaine dernière pour demander la réouverture des négociations salariales.

"La moitié des salariés n'ont obtenu que l'augmentation générale de 2 % mais pas d'augmentation individuelle. Au vu de l'inflation actuelle, ces derniers perdent à peu près 4% de pouvoir d'achat rien que pour cette année, sachant qu'il a fallu se serrer la ceinture pendant les deux années précédentes avec le Covid. C'est la raison pour laquelle, nous disons qu'il est important et urgent de rouvrir les négociations salariales pour que les salariés puissent retrouver une situation financière acceptable.

D'autant que les résultats du groupe sont très positifs. Airbus a traversé la crise du Covid, en réussissant à dégager des marges. La situation financière de l'entreprise est très satisfaisante et le marché reprend bien", fait valoir Marc Baillon, secrétaire de la section CFDT Airbus.

Cinquième syndicat avec moins de 10% des suffrages aux dernières élections professionnelles, la CFDT d'Airbus ne fait plus partie des organisations représentatives du groupe.

FO demande une avance avant la fin de l'année

Pour autant, l'urgence de mettre la question de l'inflation à l'ordre du jour de la rentrée sociale est partagée par les principaux syndicats de l'avionneur européen. Ces derniers sont d'ailleurs en train de monter au créneau auprès de la direction sur ce sujet.

"Nous ne sommes pas en faveur d'une réouverture des négociations. Nous avons signé un accord et nous demandons le respect intégral de son contenu. Cet accord protège les salariés puisqu'il prévoit une clause de revoyure en début d'année prochaine. Nous partirons de l'inflation constatée en décembre 2022 pour démarrer les négociations pour la période 2023-2024.

Mais au vu du dérapage actuel de l'inflation, qui est quand même assez exceptionnel, nous réfléchissons à ce qui pourrait être mis en place dans l'urgence et à demander à la direction une avance avant la fin de l'année pour l'ensemble des salariés du groupe", annonce Dominique Delbouis, coordinateur FO d'Airbus Group, premier syndicat de l'avionneur.

Autre piste avancée du côté de la CFE-CGC : mettre à profit les mesures de soutien évoquées dans le projet de loi sur le pouvoir d'achat. "Nous demandons à ce que l'on puisse se mettre autour de la table rapidement pour discuter de différents outils y compris les dispositifs gouvernementaux comme le déblocage anticipé, de l'intéressement ou de la participation", fait valoir Françoise Viallard, coordinatrice CFE-CGC d'Airbus Group. "Le message du gouvernement, c'est que les entreprises doivent mettre la main à la poche pour rétribuer les salariés. Nous allons nous asseoir autour de la table de négociation et remettre la question des salaires au coeur de la rentrée sociale", complète Florent Veletchy.

Contactée par La Tribune, la direction se dit "attentive au contexte économique et géopolitique actuel", et rappelle au-delà de l'augmentation importante prévue dans l'accord de mars dernier que "Airbus a par ailleurs versé une prime d'intéressement et une prime de participation aux bénéfices à ses salariés juste avant l'été".

Reste à savoir si cette nouvelle mobilisation syndicale au sein d'Airbus sera la première d'une longue série dans la filière aéronautique et si l'ampleur de l'inflation pourrait déboucher sur "un automne social" en France. Au printemps dernier, les mouvements sociaux pour les salaires se sont multipliés parmi les principaux acteurs du secteur. À Thales, les salariés ont manifesté pendant plusieurs semaines d'affilée pour demander une politique de revalorisation plus ambitieuse de leur rémunération. Chez Dassault, les syndicats ont mis fin à un an de grève en avril dernier après avoir obtenu notamment une enveloppe d'augmentation individuelle à 4,1 % de la masse salariale pour les cadres.

Lire aussiAéronautique : à Mecachrome, l'inflation met le feu aux poudres

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Commentaires 2
à écrit le 07/09/2022 à 21:01
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Airbus vole tous ses salariés avec la période de préavis retraite qui deviendra travaillée à compter de 2024. En cette periode de décalage probable de l'âge de depart en retraite, c'est une excellente idée !!!! Comme Airbus n'est plus attractif, on ...

à écrit le 07/09/2022 à 9:40
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Airbus serait gentil d'arrêter la com, même si la situation y est peut être meilleure que dans certaines pme sous-traitantes, il ne faut pas se leurrer, les salaires n'ont rien de mirobolants et nombre de jeunes sont mêmes payés en dessous des minima...

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