Elles ne se comptent que sur les doigts d'une main en France. Très rares sont les entreprises à instaurer un congé menstruel pour leurs salariées féminins aujourd'hui. À Toulouse, une startup vient de mettre en place la mesure et la teste concrètement depuis le 8 mars dernier, et la journée mondiale des droits de la femme.
"C'est déjà en place principalement dans des sociétés dans d'autres pays. Notre idée est de casser les tabous qui persistent chez les hommes et les femmes autour de ce sujet des règles, faire comprendre que ce n'est pas quelque chose de sale ni une maladie. Certaines personnes ont des premiers jours de règles douloureux et cela peut être compliqué à supporter pour certaines qui travaillent dans la production, portent des charges lourdes et qui ne peuvent pas rester debout pendant des heures", explique Thomas Devineaux.
Il est le CEO de la startup Louis, à l'origine de cette initiative, suite à la demande d'une salariée et qui par la suite à fait l'objet d'une concertation collective. La jeune entreprise, qui emploie aujourd'hui 17 personnes (dont la moitié sont des femmes), compte expérimenter la mesure sur un an. "Après cette période, nous ferons un bilan sur le volume des jours posés et les conséquences sur l'entreprise de ce congé menstruel", poursuit le dirigeant.
Pas besoin de fournir de justificatif
Dans les faits, la startup spécialisée sur la conception et la production de mobilier de bureau éco-responsable propose un jour de congé payé offert par la société, ou un jour de télétravail supplémentaire quand c'est possible (pour les postes hors production notamment) dans le cadre de ce congé menstruel. Avec cette initiative, la jeune entreprise toulousaine espère améliorer le bien-être de ses salariés, fidéliser ses talents et en attirer d'autres. Pour ses futures recrues, elle demandera ainsi la signature d'une charte de consentement autour de cette innovation à la fois sociale et sociétale.
"Selon le site de l'Assurance Maladie, les règles douloureuses sont la première cause d'arrêt maladie chez les femmes. Cependant, aller chez le médecin tous les mois pour ce motif est quelque peu contraignant. De fait, certaines salariées de la startup préfèrent poser un jour de congé payé, ou sans solde, pour rentrer chez elles", commente l'entreprise.
Concrètement, une salariée qui souhaite bénéficier de ce congé menstruel chez Louis n'a pas besoin de fournir de justificatif, et peut poser ce jour de congé menstruel le jour-même, sans perdre de salaire dans tous les cas de figure.
"Avec ce journée de congé que nous offrons, l'ambition est d'offrir du confort et de la souplesse à nos salariées. Pour la société, c'est aussi une manière d'avoir une meilleure visibilité sur certaines absences et qui peut ainsi offrir une meilleure visibilité sur l'organisation de la production, estime Thomas Devineaux, interrogé par La Tribune.
Un nouveau tour de table en 2022
Un aspect non négligeable pour la startup avec ce congé menstruel qui, depuis septembre, doit faire face à une forte demande pour du mobilier de bureau made in France et durable. Depuis sa création en 2018, Louis commercialise du mobilier de bureau personnalisable, en bois et pensé pour être durable dans le temps. Pour aller plus loin, la société propose depuis peu un système de consigne afin d'être en capacité de récupérer les bureaux usés et anciens de sa clientèle dans le but de leur donner une seconde vie.
Pour répondre à cette demande croissante, tout en menant efficacement cette nouvelle offre, Louis et ses équipes viennent de démanger dans un nouveau site de production flambant neuf de 1.000 m2, contre 300 auparavant. Une opération immobilière financée en partie par une première levée de fonds fin 2019 de 1,5 million d'euros et la croissance d'activité de l'entreprise "de +150% chaque année depuis sa création" sans pour autant que la société souhaite communiquer sur son chiffre d'affaires. Pour prendre une nouvelle dimension désormais, la startup toulousaine prépare un autre tour de table plus conséquent pour 2022. "Nous avons commencé à discuter avec des fonds d'investissement", confirme le CEO.
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