Fonderie SAM : la justice ordonne l'expulsion des ex-salariés sous une semaine

Le tribunal correctionnel de Rodez a ordonné, mardi 29 mars, l'expulsion sous huit jours des anciens salariés du site de la fonderie SAM. Depuis 127 jours, ils occupent ce site industriel basé à Decazeville (Aveyron) et ils n'ont pas l'intention de respecter la décision de justice. Ils craignent que l'outil de production soit vendu et qu'ainsi le projet de reprise porté par le Lotois MH Industrie soit menacé. Explications.
L'ancienne fonderie SAM, à Decazeville, dans l'Aveyron, est occupée par ses anciens salariés depuis 127 jours.
L'ancienne fonderie SAM, à Decazeville, dans l'Aveyron, est occupée par ses anciens salariés depuis 127 jours. (Crédits : Pierrick Merlet)

Après une première audience au sein du tribunal correctionnel de Rodez le 24 mars, le couperet est tombé pour les salariés de l'ancienne fonderie SAM. La justice laisse jusqu'au 5 avril aux anciens salariés de l'usine basée à Decazeville (Aveyron) pour quitter le site qu'ils occupent désormais depuis plus de quatre mois.

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"Nous sommes mobilisés depuis 127 jours afin de protéger notre outil de travail et nous continuerons au-delà du 5 avril. Ils n'arriveront pas à nous faire passer de victimes à coupables", prévient David Gistau joint par La Tribune, le secrétaire de l'union départementale CGT et salarié de la fonderie SAM pendant 31 ans.

Les salariés de l'ancienne fonderie spécialisée dans la conception et la production de pièces en aluminium occupent le site depuis que Renault (unique client de la société) a décidé de ne pas soutenir un précédent projet de reprise, menant la SAM à la liquidation pure et simple en novembre 2021. Cette décision a entrainé le licenciement d'environ 350 salariés, dans un bassin d'emploi dans lequel les opportunités professionnelles se font rares dans leur secteur d'activité. Mécontents du dénouement dans ce dossier, une majorité d'entre eux ont alors décidé d'occuper le site en signe de protestation.

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Le projet de MH Industries menacé ?

Pour les 200 ex-salariés de la fonderie dédiée autrefois à l'industrie automobile, cette décision de justice compromet les chances de voir arriver un repreneur pour le site et par conséquent ses anciens employés.

"On condamne cette décision de justice. Cela donne un blanc-seing aux mandataires pour vendre l'outil de travail au plus offrant. Par cette décision, la justice hypothèque le projet de reprise de MH Industries", craint aussi le représentant du personnel.

Depuis quelques mois, le conseil régional d'Occitanie, avec le soutien du ministère de l'Économie, est parvenu à attirer ce groupe industriel lotois pour reprendre les machines et une partie des salariés, en l'échange de certains accompagnements financiers pour réaliser au mieux cette opération de croissance.

"La reprise de cette fonderie nous ferait doubler de taille, ce n'est pas anodin... Très rapidement, notre chiffre d'affaires pourrait doubler, et encore plus demain. C'est une grosse opération pour nous si elle se concrétise, qui nécessite cette étude de faisabilité", avait notamment expliqué le président de MH Industries, Matthieu Hède, en exclusivité dans les colonnes de La Tribune.

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Carole Delga "soutient" les anciens salariés de la SAM

Cette étude de faisabilité a, semble-t-il, porté ses fruits, puisque du côté du conseil régional on promet des annonces "juste avant ou au début de l'été" sur les contours du futur projet industriel. "L'étude a permis d'affiner le projet, a confirmé sa faisabilité et n'a révélé aucun obstacle potentiel", se réjouit-on dans l'entourage de la présidente socialiste Carole Delga. "Les questionnements autour de la guerre en Ukraine et la hausse du coût des matériaux et notamment l'aluminium ont été dissipés", ajoute-t-il.

Informée il y a seulement quelques heures de la décision du tribunal de commerce de Rodez, l'élue régionale a tout de même réitéré son "soutien aux anciens de la SAM". Une communication officielle pourrait avoir lieu tout prochainement.

Du côté des salariés mobilisés, il est espéré une sorte de "préemption" des outils de production par le conseil régional afin de garantir et protéger le projet de reprise de MH Industries, dont le business plan comprend la reprise du matériel, des bâtiments et des compétences humaines. "Le projet de MH Industries a quatre atouts. Il est tout d'abord porté un industriel français, une entreprise familiale, avec plusieurs corps de métiers et surtout, un portefeuille clients de 600 entités qui lui garantit une certaine indépendance", expose David Gistau. Si le représentant du personnel et les salariés n'ont pas libéré le site d'ici le 5 avril, la justice pourrait faire intervenir un serrurier et les forces de l'ordre afin de faire appliquer la décision de justice, sur décision du préfet de l'Aveyron.

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