Sigfox : trois candidats "écartés" de la reprise de l'acteur IoT toulousain ?

La startup de la tech toulousaine à l'origine d'un réseau de connectivité bas débit dédié à l'internet des objets, en redressement judiciaire, intéresse plusieurs candidats. Néanmoins, certains qui se sont penchés sur le dossier Sigfox seraient déjà hors-jeu. Les explications.
Quel avenir pour Sigfox et son réseau 0G, en redressement judiciaire depuis fin janvier ?

À quelle sauce va être mangée l'ancienne star de la French Tech, la startup Sigfox ? Installée à Labège, en périphérie de Toulouse, la société qui a mis au point un réseau bas débit pour les objets connectés est en redressement judiciaire depuis bientôt deux mois en attendant de trouver un repreneur.

Mais son réseau bas débit, surnommé 0G, attise les convoitises face au potentiel qu'il représente. Dans une société de consommation de plus en plus envahie de capteurs et d'objets numériques et connectés en tous genres, le réseau Sigfox permet d'instaurer une connectivité et un échange d'informations en consommant très peu d'énergie. Le co-fondateur de cette technologie et de la société, depuis écarté par les actionnaires, Ludovic Le Moan, a d'ailleurs toujours associé le réseau Sigfox au terme de "frugalité".

Aujourd'hui, la société compte un peu moins de 20 millions d'objets connectés à son réseau, mais demain ce chiffre pourrait dépasser la voire les centaines de millions d'objets reliés voire même le milliard. Cet essor pourrait notamment être favorisé par le développement de l'industrie 4.0.

Du mouvement dans le casting

De belles perspectives qui font que pas moins de dix entités ont manifesté auprès du tribunal de commerce de Toulouse leur intérêt pour Sigfox. Neuf ont déposé une offre, qui devra être améliorée d'ici la fin du mois de mars, date espérée de clôture des discussions par le CSE de Sigfox, et une société a déposé seulement une lettre d'intention. Mais déjà, certains semblent légèrement hors course.

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"Le fonds Buffet Investment Services Consortium a été écarté par le CSE et ne sera pas auditionné car c'est un candidat intéressé par une reprise seulement très partielle des activités de la maison mère et il semble peu réaliste que le tribunal de commerce de Toulouse donne une suite à cette offre. Heliot Europe Gmbh (qui fait tourner le réseau bas débit toulousain pour l'IoT en Allemagne, Autriche, Suisse et Slovénie notamment, ndlr) a fait une offre assez défensive et nous a fait savoir en toute transparence qu'elle ne sera pas améliorée. Il est davantage intéressé par la filiale française que par l'ensemble de Sigfox", fait savoir Antoine Maïer, élu au CSE de la société toulousaine, alors que l'avis du CSE est important dans ce type de procédure.

La société Semtech, qui produit des semi-conducteurs et qui est un partenaire de Sigfox, avait déposé une lettre d'intention auprès des équipes du tribunal de commerce. Mais il a notifié à celui-ci son retrait du processus de reprise. "Je pense que la société voulait voir s'il y avait des candidats sérieux. Elle est plus intéressée par la survie de Sigfox que sa reprise", commente l'élu du CSE.

Désormais, il n'y a plus que sept entreprises en course pour la reprise de Sigfox : Actility, un acteur français basé à Lannion qui commercialise des solutions de connectivité industrielle, le fonds d'investissement anglais Greybull Capital LLP, OTEIS France, entité qui fait du conseil et de l'ingénierie, le groupe français Zekat, spécialisé dans le développement d'équipements numériques et mécatroniques, les opérateurs Sigfox Iwire (Moyen-Orient) et Unabiz (Singapour et Taïwan). À noter que ce dernier a reçu le soutien du collectif des ambassadeurs de Sigfox, qui fédère des acteurs indépendants de la société toulousaine croyant en sa technologie bas débit dédiée à l'IoT. Le dernier candidat est la société toulousaine Sentiens qui opère dans l'IoT comme Sigfox. Elle a la particularité d'être présidée par Lionel Molinier, un ancien dirigeant de Sigfox et détenue par Ludovic Le Moan.

Un manque de communication de la part de la direction ?

Dans quelques jours, le CSE aura auditionné l'ensemble de ces entreprises, lui qui a déterminé une trentaine de critères pour départager les candidats, et ces entretiens s'annoncent décisifs pour la suite.

"On comprend la stratégie de chacun car nous avons face à nous des gens qui nous présentent des business plans. Mais ce qui nous manque et ce que nous voulons voir c'est la pérennité du projet, avec les moyens financiers mis prévus pour assurer l'avenir de la société et de ses salariés, retenir les talents. C'est cela qui nous manque aujourd'hui, mais c'est certainement par manque de temps", expose Antoine Maïer.

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Néanmoins, la totalité des candidats se sont engagés à maintenir les effectifs conservés "sur le bassin toulousain". "Mais il y a des inquiétudes légitimes, pour la suite, notamment liées à une absence de communication de la part de la direction envers les salariés, que le CSE tente de compenser", regrette le représentant du personnel dans cette opération.

Les salariés aimeraient notamment que la direction générale, représentée par Jérémy Prince, communique sur ses critères de sélection pour départager les candidats comme l'a fait le CSE en sollicitant les salariés. Dans un processus de reprise, le tribunal de commerce fondera sa décision sur les avis du CSE de la société concernée, sa direction et les administrateurs judiciaires en charge du dossier. Mais pour toutes les parties l'objectif reste le même : avoir les meilleures offres de reprise possible pour Sigfox, étant certains de l'intérêt de leur technologie bas débit pour l'IoT.

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