Fonderie SAM (Aveyron) : pourquoi les (ex) salariés manifestent à Paris ce mercredi ?

Les salariés de l'ancienne fonderie SAM, liquidée par le tribunal de commerce de Toulouse en novembre dernier, manifestent actuellement à Paris avant d'être reçus par le ministre de l'Économie. Ils sont dans l'attente d'un repreneur pour le site industriel, après notamment la nomination d'un chargé de mission pour y parvenir.
La fonderie autonomie de la SAM a cessé son activité fin novembre, sur décision du tribunal de commerce de Toulouse.
La fonderie autonomie de la SAM a cessé son activité fin novembre, sur décision du tribunal de commerce de Toulouse. (Crédits : Pierrick Merlet)

En ce début d'après-midi, mercredi 12 janvier, ils seront près de 200 à battre le pavé parisien. En provenance directe de Decazeville, après un départ en bus très tôt dans la matinée, ces anciens salariés de la fonderie automobile SAM veulent faire entendre leur voix.

"Nous sommes toujours vivants et nous venons voir les fossoyeurs et les responsables de notre situation. Nous voulons avoir des réponses à des questions concrètes portant sur divers engagements", justifie David Gistau, représentant du personnel au sein de la fonderie aveyronnaise et secrétaire de l'union départementale de la CGT.

Leur voeu a été exaucé puisque les représentants du personnel seront reçus à 15 heures par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Jusqu'à présent, c'est plutôt "sa" ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, qui était à la manoeuvre dans ce dossier et le début de la longue descente aux enfers de la fonderie SAM.

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Pour mémoire, cette société a été placée en liquidation judiciaire fin novembre, poussant ses 350 salariés au chômage. L'unique client du site industriel, le constructeur  Renault, avait décidé de ne pas soutenir l'unique projet de reprise porté par le groupe Alty, détenteur de la fonderie Sifa. Une épilogue intervenu après une procédure de quasiment deux ans de redressement judiciaire pour tenter de retrouver un repreneur au site déficitaire.

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Un repreneur pour la fonderie ?

Malgré une situation complexe, les salariés ne perdent pas espoir d'un avenir meilleur. "Nous demandons à Bruno Le Maire de créer les conditions pour l'arrivée d'un projet de reprise du site. Nous pouvons travailler pour l'aéronautique, le médical, le BTP et d'autres", poursuit David Gistau. Cet optimisme dans les rangs des ex-ouvriers de la fonderie SAM s'est notamment renforcé après la venue de la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, promettant sur place un avenir industriel à cette fonderie, malgré la cessation d'activité prononcée.

"Les outils de production présents à Viviez(-Decazeville) doivent être préservés et utilisés. C'est pourquoi nous poursuivons le travail sur un projet lié à une activité de fonderie. Cela avance de façon sérieuse, dans un contexte conjoncturel marqué par la crise des composants, qui frappe sévèrement les clients du secteur de la fonderiePour autant, la région y apportera des moyens exceptionnels mais nous aurons toutefois besoin du concours du gouvernement pour épauler financièrement cette ETI régionale dans ses investissements et du groupe Renault pour donner un volume d'affaires sur une période limitée à 3 ans, le temps nécessaire pour que l'activité puisse se diversifier vers d'autres filières que celle de l'automobile", a confirmé l'élue régionale dans un communiqué, mardi 11 janvier.

À l'occasion d'une réunion sur "l'avenir de l'industrie dans le bassin d'emploi de Decazeville", qui s'est tenue le même avec les acteurs locaux, la réponse de l'État a été néanmoins légèrement différente de celle la présidente du conseil régional.

"À ce jour, il n'y a pas de repreneur industriel identifié pour le site de la SAM, malgré un effort important de recherche et malgré la volonté partagée par l'Etat et la région d'aider substantiellement d'éventuels projets de reprise. Les efforts de recherche vont continuer, notamment grâce à Business France et son réseau mondial", communique la préfecture de l'Aveyron.

Un chargé de mission qui ne fait pas l'unanimité

Pour parvenir à cette renaissance industrielle du site et du bassin de vie, le gouvernement et la collectivité régionale ont officialisée mi-décembre la nomination de Jean-Pierre Floris comme délégué à la réindustrialisation du site de la SAM et du bassin de Decazeville. Cet homme de 73 ans a quitté en 2017 Verallia, l'ancienne filiale emballage de Saint-Gobain, qu'il a continué à géré après la cession en 2015 au fonds américain Appolo et à Bpifrance. "Ce retraité très actif" comme s'amuse à le présenter le ministère de l'Industrie a par la suite occupé le poste de délégué interministériel à la restructuration des entreprises, sous le gouvernement Édouard Philippe jusqu'en août 2019, avant de faire profiter son expertise au cabinet AlixPartners. "C'est une personne à l'expérience et aux qualités reconnues", ajoute Bercy. Les ex-salariés de la SAM, qui occupent le site sans discontinuité depuis la cessation d'activité l'ont déjà rencontré à deux reprises et affichent un certain scepticisme à son égard.

"Nous avons découvert hier (mardi 11 janvier, ndlr) que c'était le directeur du Pole Emploi de Decazeville, à 74 ans. Il est venu nous donner les offres d'emplois disponibles sur le territoire, mais nous n'avons pas besoin de lui pour cela. Nous lui avons dit de revenir quand il produira un travail sérieux", peste David Gistau.

À l'issue de la réunion sur la situation du bassin d'emploi, la préfecture a fait le décompte des offres disponibles. "Un grand nombre de postes sont à pourvoir immédiatement, dans un rayon de 20 km autour de Decazeville. Les sociétés de Mecanic Vallée du bassin d'emplois proposent d'ores et déjà 130 postes, et d'autres seront proposés en 2022", précise la préfecture de l'Aveyron. Par ailleurs, d'autres projets économiques pourraient être créateurs d'emplois à court et moyen termes. La filiale de la SNAM, Phenix Batterie, prévoit la création de 450 emplois d'ici 2025 et 50 dès 2022 pour la construction de batteries pour la mobilité électrique à partir d'éléments recyclés. La région Occitanie fait également état de "l'implantation d'une grande ETI régionale sur le territoire aveyronnais sur l'électromobilité", dont plusieurs sites sont en cours d'étude par cette société dont l'identité est encore confidentielle.

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Commentaire 1
à écrit le 13/01/2022 à 15:03
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comment ca se fait qu'on n'oblige pas fo et la cgt a reprendre cette entreprise? avec tout le pognon, qu'ils ont, ils en ont les moyens, eux, a commencer par tout l'argent qu'ils ont mis dans leurs chateaux et dans leur parc immobilier injuste

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