C'est aujourd'hui une grande majorité de femmes soignantes qui se sont retrouvées dans le hall de l'entrée principale de l'hôpital des enfants de Toulouse. A 13 heures pile, le mouvement débute avec une minute de silence. En blouse ou en tenue civile, les soignantes poursuivent par plusieurs minutes d'applaudissements qu'elles qualifient d'auto-applaudissements pour le travail qu'elles effectuent. "Soignants en colère", "Enfants malades en danger !" ou encore "Embauchez des soignants" sont les slogans qu'on peut lire sur les pancartes des grévistes.

En blouse ou en tenue civile, les soignantes ont manifesté ce jeudi à Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).

"La situation est catastrophique" pour la CGT

Selon Pauline Salingue, déléguée syndicale CGT au CHU de Toulouse, "la situation est catastrophique". "Les personnels soignants aiment leur métier mais ils sont épuisés par ce manque de moyens, de reconnaissance et cette quasi absence de recrutement", lance la représentante syndicale.

Elle affirme, avec des collègues, avoir alerté la direction générale du CHU en octobre sur la situation des épidémies hivernales, avec notamment la flambée des cas de bronchiolites chez les enfants. Selon elle, il n'y a aucune anticipation de la part de la direction. "On demande la création de 1.500 postes au CHU", conclut Pauline Salingue.

Pour Marie, puéricultrice non syndiquée, le manque de personnel a un impact sur la prise en charge des enfants. "Des lits ferment, les urgences débordent, on a une pression énorme et l'accueil de nos jeunes patients est de plus en plus désastreux", lance la soignante. Une infirmière souhaitant conserver son anonymat évoque des "violences managériales" de la DRH avec menaces et exécutions de radiation de nombreux professionnels pour "abandon de poste ou désertion".

Les soignantes se sont autoapplaudies pour le travail qu'elles effectuent. (Crédits : Rémi Benoit)

Des difficultés à recruter

Du côté de la direction du CHU, le discours n'est pas le même. "Beaucoup de transformations sont en cours et une restructuration de l'hôpital est prévue", indique Sarah Viguier, directrice référente de l'hôpital des enfants. Elle entend l'épuisement des soignants face au manque de moyens. En revanche, elle affirme avoir anticipé et recruté 52 nouvelles infirmières et puéricultrices et travaille sur des dizaines d'embauches supplémentaires :

"Toutes les équipes restent mobilisées pour continuer à recruter. Avec la crise sanitaire, nous avons parfois du mal à trouver du personnel mais nous mettons tout en œuvre pour y parvenir."

Elle indique que les nouveaux infirmiers qui intègrent le CHU peuvent être mis en CDI très vite et que possibilité d'être titularisé est simplifiée. "Quarante lits supplémentaires ont ouvert pour faire face aux épidémies hivernales chez les enfants", affirme Sarah Viguier. Elle indique travailler sans relâche sur les conditions de travail qu'elle reconnaît comme "difficiles".

Pour cela, elle annonce des transformations ainsi qu'une réelle restructuration. "D'ici cinq ans, nous voulons la naissance d'un hôpital des enfants régional qui sera une opération majeure pour la population toulousaine",  communique la directrice. Coût de l'opération : 147 millions d'euros. L'objectif de ce projet est "de créer un hôpital attractif, performant où les professionnels de santé se sentent bien".  Pas vraiment convaincus, les représentants syndicaux comptent poursuivre leur grève jeudi en rejoignant le mouvement des personnels de l'Education nationale.